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Les notes de décembre 2008

17 décembre 2008

"Revoir Marie"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'Afrique noire mais je suis allé hier soir au Théâtre Tallia à Paris pour voir la pièce "Revoir Marie" de Xavier Heriss avec le comédien Hervé Terisse seul sur scène. "Revoir Marie" raconte l'histoire d'un homme blanc parisien à la vie peu palpitante du nom de Xavier Herisson (pratiquement comme le nom de l'auteur de la pièce, si vous ne l'aviez pas remarqué, en précisant toutefois que Xavier Heriss est un pseudonyme car l'auteur s'appelle de son vrai nom Nicolas Robin). Xavier bosse chez Quick et la seule chose notoire qui lui soit arrivée dans sa vie récemment est sa rencontre avec une certaine Marie, une étudiante à la Sorbonne dont il est tombé amoureux et ce sentiment semble en plus réciproque. Il a d'ailleurs rendez-vous chez elle un soir mais ses souvenirs s'arrêtent brusquement lorsqu'il est derrière la porte de son appartement, une bouteille de vin à la main, et il se réveille tout d'un coup dans un lieu inconnu sous une chaleur étouffante. Il se rend compte avec horreur qu'il s'est retrouvé quelque part en Afrique dans le corps d'un autre, en l'occurrence dans le corps de Piocr, un homme noir membre de la tribu des Magadus. Tout d'abord complètement interloqué, il va se faire rapidement à son nouveau corps, à sa nouvelle vie et à son nouvel environnement plutôt hostile et va vivre devant nous quelques aventures périlleuses qui feront appel à son courage qui était plutôt endormi dans son existence européenne. Mais un jour, son désir le plus profond est de revoir Marie, même s'il n'a toujours pas retrouvé son corps de Xavier, et il se lancera alors dans une expédition toute aussi dangereuse.

L'art du monologue est plutôt un art difficile mais Hervé Terisse s'en sort très bien, jouant parfaitement le parisien un peu paumé à la vie morne qui se retrouve dans un lieu complètement hostile de prime abord. Il arrive même à nous faire imaginer qu'il est vraiment devenu noir et, sans aucun décor, à nous transporter dans des paysages "exotiques". Tout cela pouvait assez faire penser à la pièce "Pourquoi j'ai mangé mon père" sans pour autant aller aussi loin dans le mime. Le texte était plutôt bien écrit et tout cela était très surréaliste, l'interprétation de l'histoire reste donc assez ouverte pour le spectateur : est-on dans l'inconscient de Xavier qui imagine en fait toute cette histoire car il a peur pour son rendez-vous et qu'il a besoin de s'inventer un personnage plein de courage qu'il n'est pas dans la vraie vie? Ou alors s'est-il réellement transformé et cette histoire ne se répète-t-elle pas constamment dans des corps différents? En somme, nous voila en présence d'une pièce bien originale, avec des moments drôles et d'autres plus dérangeants. La pièce souffre tout de même de quelques longueurs, surtout dans sa dernière partie, malgré qu'elle ne dure qu'une heure. Mais bon, dans l'ensemble j'ai vraiment bien aimé! La seule chose qui m'ait refroidie c'est le fait que dans la salle... on était 4! Ça m'a fait du mal pour le comédien et en même temps j'ai beaucoup de respect pour ces artistes qui donnent le meilleur d'eux-même sur scène quelle que soit l'affluence. Enfin, autant dire qu'au moment des applaudissements c'était un peu glauque quelque part.

J'y connais toujours rien mais cette pièce est plus que probablement la dernière de l'année pour moi et je ne devrais pas réécrire dans ce blog avant un bon mois, un voyage au Maroc et aux Bahamas s'enchaînant dans quelques jours (oui, il fallait que je fasse un joli final dans cette note où je me la pète comme il faut!). En tout cas, niveau théâtre, voila une année qui a été très riche avec une majorité d'excellentes pièces! Toutefois, l'année prochaine je vais certainement lever un peu plus le pied et ne faire seulement qu'une pièce de théâtre par semaine mais bon, qui vivra verra!


16 décembre 2008

Musée de l'Hospice Comtesse et Musée Charles de Gaulle à Lille

Musées et expos 3/4

J'y connais rien aux anciens territoires du comté de Flandre mais j'ai fait un tour à Lille ce samedi et, en attendant de partir direction la Belgique pour assister à des concerts avec des gens à cheveux longs qui font du bruit sur scène et de boire beaucoup de bières, j'ai eu le temps de visiter deux musées. J'avais déjà visité le Palais des Beaux-Arts de Lille quand j'étais venu il y a 8 mois mais, cette fois-ci, j'ai visité deux musées un peu plus modestes mais non moins intéressants.

En me baladant dans le vieux Lille, je suis tombé tout d'abord sur le Musée de l'Hospice Comtesse qui était à l'origine un hôpital fondé par la Comtesse Jeanne de Flandre en 1237. Accueillant pendant des siècles malades, pauvres et pèlerins, l'Hospice Comtesse devient de 1796 à 1937 un hospice pour personnes âgées et pour orphelins. L'Hospice passe ensuite entre les mains de propriétaires différents pour être finalement transformé en musée en 1962. Malheureusement, au cours des siècles, l'hôpital a brûlé plusieurs fois et le plus vieux vestige restant et la "salle des malades" datant du XVe siècle. Cependant, l'ensemble de l'Hospice garde l'aspect qu'il devait probablement avoir au cours du XVIIe siècle ce qui n'est pas si mal avouons-le. Le Musée de l'Hospice Comtesse ne se contente pas de nous faire visiter un vieux lieu vide puisque dans chaque salle sont disposées des oeuvres d'art et je dois avouer que j'ai vraiment été conquis. Entre les magnifiques meubles sculptés, les tableaux flamands donnant essentiellement une image de ce qu'était Lille et ses environs à partir du XVIe siècle ou encore les carreaux de faïence peints composant la cuisine de l'Hospice, il y avait de quoi s'éblouir les yeux. J'ai particulièrement apprécié la partie un peu plus "scientifique" du musée avec notamment les globes de Coronelli qui sont de gros globes terrestres représentant le monde tel qu'il était connu au XVIIe siècle. On peut voir par exemple que l'Australie était connue à l'époque en tant que Nouvelle-Hollande. Bref, ceci n'est qu'un petit aperçu de ce que l'on peut trouver dans ce musée qui est franchement intéressant! Il faut dire que ce que j'aime par dessus tout ce sont les tableaux qui représentent des lieux tels qu'ils étaient à l'époque de l'artiste et donc j'ai été bien servi à ce niveau.

Non loin de là, dans la rue Princesse qui une ruelle assez isolée, se trouve le Musée Charles de Gaulle. Ce que je ne savais pas, c'est que de Gaulle était né à Lille et le Musée en question est en fait sa maison natale que l'on peut visiter. Charles de Gaulle est né le 22 novembre 1890 dans cette maison qui appartenait à ses grands-parents maternels Jules-Emile et Julia Maillot et en fait, on peut aujourd'hui se balader librement dans les pièces de la maison. Ce qui était bien c'est que d'une part j'étais tout seul et qu'on n'entend aucun bruit venant de l'extérieur et d'autre part, la maison est disposée de telle façon qu'on a l'impression que des gens y habitent encore. La table de la salle a mangé est dressée, sur le piano de la maison il y a une partition ouverte, sur la table du salon un exemplaire d'un journal daté de 1890, dans la véranda des vieux jouets d'époque sont éparpillés, etc... Bref, on a presque l'impression de voyager dans le passé, c'est très bien fichu! Les seules choses qui nous ramènent à la réalité sont quelques prises de courant par-ci par-là et quelques bornes interactives. Mais si on y était autorisé, on pouvait sans problème s'asseoir à une table, lire un vieux journal pendant que quelqu'un jouait au piano. En sortant dans le jardin, on pouvait accéder à une sorte de médiathèque pour se documenter sur le Charles de Gaulle que l'on connaît mieux, c'est-à-dire adulte. A l'étage de la maison, près des chambres, il y avait des bornes interactives qui nous en apprenait un peu plus sur la généalogie de la famille de Gaulle. En somme, si vous avez envie de faire un petit saut dans le temps, ce musée vaut vraiment le coup d'oeil.

J'y connais toujours rien mais décidément Lille regorge de musées fort sympathiques, du coup, I'll be back!


"On va tous mourir (et autres saynètes désopilantes)"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'Apocalypse selon Saint Jean mais je suis allé la semaine dernière au Théâtre de Nesle à Paris pour voir la pièce "On va tous mourir (et autres saynètes désopilantes)" écrit et mis en scène par Olivier Banaddi qui joue également dans la pièce accompagné de 5 autres jeunes comédiens qui forment avec lui la compagnie du nom de Tu N'Étais Pas Mon Premier Choix. Comme le nom de la pièce et de la troupe l'attestent, nous avons affaire là à une série de sketchs à l'humour noir lorgnant de Pierre Desproges à Kad & Olivier (j'ai mes références mais bon, j'adore ces derniers et certains sketchs du spectacle m'ont fait penser à eux). Et je ne regrette absolument pas le déplacement car voilà de l'humour qui sait être drôle sans être ni policé ni gras et bas du front au contraire de la pièce précédente que j'avais vu pour prendre un exemple pas tout à fait au hasard. Comme c'est une série de sketchs indépendants, toutefois parfois liés entre eux, il y a du bon (de l'excellent même) et du moins bon (mais jamais mauvais). Cependant, il n'y a pas pour autant de baisse de rythme au cours de la pièce et on ne s'ennuie pas une seconde! Les sketchs sont bien grinçants ce qui n'empêche pas certains d'être vraiment à se tordre de rire comme, entre autres, cette émission de radio pour dépressifs ou ce spectacle de Guignol raciste. Le sketch final est vraiment excellent également puisque nous avons le droit à l'oraison funèbre du spectacle (nous avions le droit au début à une saynète sur sa naissance) ce qui est une sacrée bonne idée! La mise en scène était ingénieuse et quelques personnages étaient bien marquants comme ce Monsieur Pipeau, une marionnette qui vit dans un monde merveilleux où on aime pas trop les castors quand même.

Bref, j'y connais toujours rien mais voila une pièce réjouissante qui prouve que l'humour noir n'est paradoxalement pas encore mort. Le Théâtre de Nesle est en tout cas un lieu qui se prête bien à ce genre de pièce puisque la salle est dans une sorte de cave comme le Théâtre Essaïon. En somme, je vous invite plus que vivement à y aller!


05 décembre 2008

"Petits mensonges entre amis"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux meilleures techniques de dissimulation de la vérité mais hier soir je suis allé au Théâtre Tallia à Paris pour voir la pièce "Petits mensonges entre amis" de Fabrice Tosoni. La pièce commence avec un jeune homme, Paul, qui arrive parmi nous dans la salle pour nous dire que nous sommes un super public, que l'ambiance est furieuse, etc... et qui se ravise peu après en nous disant qu'il en fait peut-être un peu trop et il évoque alors avec nous les bienfaits du fait d'arranger la vérité pour, par exemple, ne pas blesser ses amis car "on ne va pas se dire toute la vérité quand même... pas entre amis!". Il nous présente alors ses deux copains, ses deux colocataires : il y a Jean-Luc, surnommé JL, un espèce de nounours bien pervers et Marc, le beau gosse de service, lequel vient de rencontrer une fille, Léa, et l'a invité elle et deux de ses copines à passer la soirée chez eux. Pour une obscure raison, Paul fait promettre à Marc pour une fois de ne pas coucher avec la fille qu'il a rencontré dès le premier soir mais lui et JL auront par contre quartier libre. Nous retrouvons ensuite les 3 filles en question : il y a donc Léa, la bimbo de service, Muriel, la fille en apparence réservée qui cache en fait son jeu et enfin Sabine, l'hystérique qui s'est faite plaquer par son mari pour... sa mère et qui a donc une méfiance extrême vis-à-vis des hommes et qui ne voit du coup absolument pas d'un bon oeil la proposition de soirée qu'a reçu Léa, laquelle tombe un peu amoureuse de n'importe qui. Elle se laissera finalement convaincre et viendra à la fameuse soirée histoire de surveiller ses amies.

Comme on peut s'en rendre compte avec ce cours résumé que je viens de torcher, la pièce ne volait vraiment pas haut! L'histoire se résume à des thèmes aussi profonds que : "est-ce que les protagonistes vont coucher ensemble dès le premier soir?", "les beaux-gosses et les bimbos sont victimes de notre jalousie", "il faut arranger la vérité pour ne pas froisser ses amis", ... Bref, n'importe qui aurait pu écrire cette pièce en gros! Enfin, disons n'importe qui dans cet esprit de pré-trentenaire branchouille qui sort en boîte pour tirer de la conne quoi. Les personnages étaient typiquement le genre de personnes insipides qu'on rencontre dans la vraie vie et dont je me sens aussi proche qu'avec des passionnés de tunning (d'ailleurs c'est certainement les mêmes). Pourtant je mentirais (pour rester dans le thème apparent de la pièce) si je disais que j'ai détesté et que j'ai passé un mauvais moment avec cette pièce. J'avoue même que je n'ai pas trop vu le temps passer, on pose son cerveau au vestiaire et on rigole à certaines situations complètement surjouées. Mais d'un autre côté, payer 12 euros pour ça... c'est un peu comme aller voir "Bienvenue chez les Ch'tis" au cinéma, on ne passe pas un moment désagréable mais on se dit qu'on aurait largement pu garder son argent pour autre chose et on en sort un peu honteux. Mais en fait, il y a un personnage qui rattrape un peu le degré zéro et en dessous de la ceinture de cette comédie, c'est celui de Sabine, la fille qui est sensé être la moins jolie et la moins séduisante et que j'ai trouvé au contraire beaucoup plus attirante et touchante que tous les autres personnages réunis. Certes c'était un personnage très caricatural également mais le côté hystérique, car blessé dans son amour-propre, le rendait amplement plus intéressant que ses comparses et la composition de la comédienne était vraiment amusante.

J'y connais toujours rien mais heureusement que pour une fois le théâtre n'était qu'à 20 minutes à pied de chez moi, je me demande en tout cas ce qu'ont pensé de la pièce les quelques vieux papys et mamies qui étaient présents dans la salle!


"Le pacte"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'élaboration des contrats mais je suis allé au Théâtre Clavel à Paris mardi soir pour voir la pièce "Le pacte" de et avec Caroline Gaudfrin qui a en fait adapté la pièce "Dark of the moon" de Howard Richardson et William Berney. "Le pacte" est une sorte de conte de fées assez sombre qui raconte l'histoire de John, une "sorcière" sous les traits d'un homme-oiseau qui vit dans les montagnes Appalaches et qui a aimé une nuit une jeune humaine plutôt frivole du nom de Barbara Allen (jouée par Caroline Gaudfrin) qui porte désormais son enfant. Il demande à une sorte de sorcier en chef de le transformer en humain pour pouvoir vivre son idylle avec Barbara mais ce dernier refuse. Il se tourne alors vers une autre sorte de sorcière en chef, mi-femme mi-hibou, qui accepte sa demande à certaines conditions : John doit se marier avec Barbara mais ne doit jamais rentrer dans une église. De plus, Barbara doit lui être fidèle toute l'année suivant leur mariage sans quoi John redeviendra une sorcière et ne pourra plus vivre son histoire d'amour. Mais deux autres sorcières-oiseaux qui veulent garder John pour elles sont bien décidées à faire casser ce "pacte". Au village de Barbara, autant la mère de la jeune fille est heureuse que ce mystérieux inconnu veuille l'épouser sachant qu'aucun autre homme du village ne voulait le faire, Barbara étant aussi belle qu'elle n'est pas fiable en amour (la rumeur persistante comme quoi elle est enceinte n'arrangeant pas les choses), autant son père et les autres membres du village ne voient pas trop d'un bon oeil cette union avec cet homme étrange que personne n'avait vu auparavant. Et quand, après le mariage, Barbara accouche d'une créature ressemblant à un oiseau, le village fera tout pour briser eux aussi le pacte dont ils ont appris l'existence...

Voilà un conte de fées à ne pas réserver aux enfants. Même s'il y a le côté fantasmagorique et les scènes légères propres aux contes de fées avec même des moments amusants, l'ambiance générale est assez sombre et il y a une scène plutôt dure vers la fin. J'ai en tout cas pas mal apprécié l'atmosphère et l'originalité de cette pièce. Déjà les lumières et les effets sonores servaient bien cette ambiance. D'ailleurs, quand on rentre dans la salle de théâtre on est accueilli par une musique un peu inquiétante et de la brume avec des éléments de décor déjà disposés sur scène qui semblent recouverts de draps pour se rendre compte quelques minutes après, quand la pièce commence, que c'était certains des comédiens qui étaient déjà sur scène depuis un quart d'heure! Les acteurs jouaient quasiment tous plusieurs rôles et la plupart étaient plutôt convainquant comme celui qui joue l'inquiétant pasteur Haggler ou bien celui qui joue le père de Barbara. Pour le reste, les costumes et les décors, c'était fait avec les moyens du bord mais tout de même convainquant également.

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce originale qui ne s'apprécie peut-être pas d'emblée mais plutôt au fur et à mesure de son dénouement si on se laisse toutefois porter par la sombre féerie.


Les notes de décembre 2008 sont réparties sur 2 pages :
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