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13 juin 2008

"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Alfred de Musset mais hier soir je suis allé voir une pièce de l'auteur intitulée "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" et interprétée par un jeune couple d'acteurs au théâtre Essaîon à Paris. Ce théâtre est vraiment sympathique car on a l'impression d'être dans une cave et cela donne un cachet particulier. La mise en scène de la pièce était elle aussi particulière puisqu'"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" se trouvait être ici une pièce... dans une autre pièce! Je m'explique : nous sommes dans le grenier de la maison d'Alfred de Musset où montent Léonie, sa domestique, et Edouard, le nouveau cocher. Ils recherchent les harnais des chevaux de la voiture de leur maître. Il faut dire que nous sommes vers la fin de la vie de l'auteur qui connait alors des soucis d'argent et est déjà en proie à l'alcoolisme. Du coup, on ne peut pas dire que sa voiture soit beaucoup sortie ces derniers temps et que "ces satanés harnais" aient été beaucoup utilisés. Bref, le sol du grenier est jonché de manuscrits d'Alfred de Musset, des feuilles sont répandues un peu partout. Il se trouve qu'Edouard le cocher est un fan de l'auteur dont il dévore les oeuvres lorsqu'il doit attendre ses maîtres et Léonie a également beaucoup d'admiration pour de Musset. Ils ne résistent donc pas au plaisir de lire quelques uns des textes présents dans ce grenier jusqu'aux correspondances enflammées d'Alfred de Musset avec George Sand dont la fameuse lettre de cette dernière où il faut lire une ligne sur deux pour voir apparaître une belle déclaration cochonne! Edouard et Léonie se lancent ensuite dans une sorte de petit concours où ils récitent les textes d'Alfred de Musset qu'ils connaissent par coeur et décident alors de s'amuser à jouer dans ce grenier une de leur pièce favorite de l'auteur : "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée". Celle-ci raconte une histoire assez simple : une marquise reçoit chez elle la visite de son voisin qui est amoureux d'elle et qui fatalement commence à lui faire la cour. Mais la marquise est fatiguée de toutes les simagrées et les compliments futiles que font les hommes pour séduire les femmes. S'en suivra alors une guerre des mots entre nos deux protagonistes, l'un pour prouver la sincérité de ses sentiments, l'autre pour se moquer de ce qu'elle considère comme des faux-semblants. J'ai trouvé le texte plutôt bon et l'interprétation des deux comédiens était très convainquante, que ce soit dans leur rôle dans la "sous-pièce" que dans la pièce d'Alfred de Musset. D'ailleurs il est à noter que le texte qui précède ce "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" a été écrit par la comédienne de la pièce, Isabelle Andréani.

J'y connais toujours rien mais voila une excellente façon de découvrir ou redécouvrir Alfred de Musset dans un cadre sympathique et avec un joli duo d'acteurs.


"L'empiafée"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Edith Piaf mais mardi soir je suis allé au Palais des Glaces à Paris voir "L'empiafée" de Rémy Caccia. Ça me faisait plaisir de retrouver cette sympathique salle qu'est le Palais des Glaces et dans laquelle je n'avais pas mis les pieds depuis le 31 décembre 2001 pour être précis, à l'époque pour le premier spectacle de Titoff... oui je sais! Mais le pire c'est que j'avais bien aimé et en plus, dans le public, il y avait Dominique Farrugia, alors metteur en scène de Titoff, qui se marrait comme un bossu (comme d'hab) donc de bien bons souvenirs! Bref, "L'empiafée" débute avec un pianiste tout en queue-de-pie, seul sur scène, qui entame "L'hymne à l'amour" d'Edith Piaf avec un micro devant la scène configuré visiblement pour quelqu'un de très petite taille. C'est alors que déboule du fond de la salle une furie habillée façon livreuse de pizzas avec un casque de scooter sur la tête et un imperméable jaune avec écrit derrière "S.O.S. chanteuse". Elle est ici car Edith Piaf... est coincée dans les embouteillages! Donc elle a été envoyée par sa société histoire de dépanner mais juste pour quelques chansons vu qu'ensuite, elle doit filer au bal des pompiers pour remplacer Dave. Sauf que finalement, la soirée de remplacement d'Edith Piaf va s'éterniser car entre-temps, quelqu'un a volé le scooter de notre énergumène.

J'avais un peu peur que le spectacle soit un enchaînement de chansons d'Edith Piaf, chantées de façon conforme, avec quelques sketchs entre chaque. Même si évidemment c'était un peu le cas pour ce qui est des sketchs, on ne peut pas dire que pour les chansons on avait là de l'imitation vocale, bien au contraire! Je ne suis vraiment pas fan des chansons d'Edith Piaf, que je trouve le plus souvent déprimantes, sauf que la comédienne/chanteuse Christelle Chollet nous propose des versions des tubes d'Edith Piaf à son image : drôles et dynamiques! On a le droit autant à des versions à la Claude François qu'à des versions rap, mettant pour le coup à rude épreuve son pianiste Jean-Louis (Beydon) à qui elle demande d'ailleurs très vite de changer son costume ringard qu'il troquera pour un T-Shirt du footballer Ronaldo. En plus, il y a une part d'improvisation dans ce spectacle puisque Christelle Chollet joue avec son public en n'hésitant pas à faire monter des gens sur scène ou, par exemple, à courir dans la salle pour nous inciter à taper dans nos mains pour faire le "beat" lors de son interprétation rap. Ce qui ne gâche rien, c'est que le pianiste est vraiment excellent et a son rôle à part entière, il n'est pas là juste pour jouer derrière son piano. Et cette pièce n'était pas non plus qu'un vulgaire enchaînement de chansons d'Edith Piaf puisqu'il y avait un véritable spectacle derrière avec de nombreux sketchs assez drôles qui amenaient de façon fluide chaque chanson. Sans compter que nous avons eu le droit aussi à une imitation très marrante de Mireille Mathieu. Sinon, au bout d'un moment, Christelle Chollet va chercher au hasard un gars du public complètement stressé pour le faire monter sur scène et lui faire taper sur un djembé, le pauvre était complètement paniqué, j'avais mal pour lui! Et en fait il s'est avéré que c'était un comédien, le fils du pianiste d'ailleurs, et je n'ai vraiment rien vu venir, il était très convainquant! Le public en tout cas était ravi et à la fin toute la salle a réservée une standing ovation à la comédienne qui était visiblement émue, séchant quelques larmes.

J'y connais toujours rien mais voilà donc un spectacle très sympathique et énergique que je recommande chaudement même à ceux à qui sont réticents aux chansons d'Edith Piaf, peut-être même que cette pièce réhabilitera l'artiste dans leur esprit.