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Les notes de juin 2008

13 juin 2008

"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Alfred de Musset mais hier soir je suis allé voir une pièce de l'auteur intitulée "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" et interprétée par un jeune couple d'acteurs au théâtre Essaîon à Paris. Ce théâtre est vraiment sympathique car on a l'impression d'être dans une cave et cela donne un cachet particulier. La mise en scène de la pièce était elle aussi particulière puisqu'"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" se trouvait être ici une pièce... dans une autre pièce! Je m'explique : nous sommes dans le grenier de la maison d'Alfred de Musset où montent Léonie, sa domestique, et Edouard, le nouveau cocher. Ils recherchent les harnais des chevaux de la voiture de leur maître. Il faut dire que nous sommes vers la fin de la vie de l'auteur qui connait alors des soucis d'argent et est déjà en proie à l'alcoolisme. Du coup, on ne peut pas dire que sa voiture soit beaucoup sortie ces derniers temps et que "ces satanés harnais" aient été beaucoup utilisés. Bref, le sol du grenier est jonché de manuscrits d'Alfred de Musset, des feuilles sont répandues un peu partout. Il se trouve qu'Edouard le cocher est un fan de l'auteur dont il dévore les oeuvres lorsqu'il doit attendre ses maîtres et Léonie a également beaucoup d'admiration pour de Musset. Ils ne résistent donc pas au plaisir de lire quelques uns des textes présents dans ce grenier jusqu'aux correspondances enflammées d'Alfred de Musset avec George Sand dont la fameuse lettre de cette dernière où il faut lire une ligne sur deux pour voir apparaître une belle déclaration cochonne! Edouard et Léonie se lancent ensuite dans une sorte de petit concours où ils récitent les textes d'Alfred de Musset qu'ils connaissent par coeur et décident alors de s'amuser à jouer dans ce grenier une de leur pièce favorite de l'auteur : "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée". Celle-ci raconte une histoire assez simple : une marquise reçoit chez elle la visite de son voisin qui est amoureux d'elle et qui fatalement commence à lui faire la cour. Mais la marquise est fatiguée de toutes les simagrées et les compliments futiles que font les hommes pour séduire les femmes. S'en suivra alors une guerre des mots entre nos deux protagonistes, l'un pour prouver la sincérité de ses sentiments, l'autre pour se moquer de ce qu'elle considère comme des faux-semblants. J'ai trouvé le texte plutôt bon et l'interprétation des deux comédiens était très convainquante, que ce soit dans leur rôle dans la "sous-pièce" que dans la pièce d'Alfred de Musset. D'ailleurs il est à noter que le texte qui précède ce "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" a été écrit par la comédienne de la pièce, Isabelle Andréani.

J'y connais toujours rien mais voila une excellente façon de découvrir ou redécouvrir Alfred de Musset dans un cadre sympathique et avec un joli duo d'acteurs.


"L'empiafée"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Edith Piaf mais mardi soir je suis allé au Palais des Glaces à Paris voir "L'empiafée" de Rémy Caccia. Ça me faisait plaisir de retrouver cette sympathique salle qu'est le Palais des Glaces et dans laquelle je n'avais pas mis les pieds depuis le 31 décembre 2001 pour être précis, à l'époque pour le premier spectacle de Titoff... oui je sais! Mais le pire c'est que j'avais bien aimé et en plus, dans le public, il y avait Dominique Farrugia, alors metteur en scène de Titoff, qui se marrait comme un bossu (comme d'hab) donc de bien bons souvenirs! Bref, "L'empiafée" débute avec un pianiste tout en queue-de-pie, seul sur scène, qui entame "L'hymne à l'amour" d'Edith Piaf avec un micro devant la scène configuré visiblement pour quelqu'un de très petite taille. C'est alors que déboule du fond de la salle une furie habillée façon livreuse de pizzas avec un casque de scooter sur la tête et un imperméable jaune avec écrit derrière "S.O.S. chanteuse". Elle est ici car Edith Piaf... est coincée dans les embouteillages! Donc elle a été envoyée par sa société histoire de dépanner mais juste pour quelques chansons vu qu'ensuite, elle doit filer au bal des pompiers pour remplacer Dave. Sauf que finalement, la soirée de remplacement d'Edith Piaf va s'éterniser car entre-temps, quelqu'un a volé le scooter de notre énergumène.

J'avais un peu peur que le spectacle soit un enchaînement de chansons d'Edith Piaf, chantées de façon conforme, avec quelques sketchs entre chaque. Même si évidemment c'était un peu le cas pour ce qui est des sketchs, on ne peut pas dire que pour les chansons on avait là de l'imitation vocale, bien au contraire! Je ne suis vraiment pas fan des chansons d'Edith Piaf, que je trouve le plus souvent déprimantes, sauf que la comédienne/chanteuse Christelle Chollet nous propose des versions des tubes d'Edith Piaf à son image : drôles et dynamiques! On a le droit autant à des versions à la Claude François qu'à des versions rap, mettant pour le coup à rude épreuve son pianiste Jean-Louis (Beydon) à qui elle demande d'ailleurs très vite de changer son costume ringard qu'il troquera pour un T-Shirt du footballer Ronaldo. En plus, il y a une part d'improvisation dans ce spectacle puisque Christelle Chollet joue avec son public en n'hésitant pas à faire monter des gens sur scène ou, par exemple, à courir dans la salle pour nous inciter à taper dans nos mains pour faire le "beat" lors de son interprétation rap. Ce qui ne gâche rien, c'est que le pianiste est vraiment excellent et a son rôle à part entière, il n'est pas là juste pour jouer derrière son piano. Et cette pièce n'était pas non plus qu'un vulgaire enchaînement de chansons d'Edith Piaf puisqu'il y avait un véritable spectacle derrière avec de nombreux sketchs assez drôles qui amenaient de façon fluide chaque chanson. Sans compter que nous avons eu le droit aussi à une imitation très marrante de Mireille Mathieu. Sinon, au bout d'un moment, Christelle Chollet va chercher au hasard un gars du public complètement stressé pour le faire monter sur scène et lui faire taper sur un djembé, le pauvre était complètement paniqué, j'avais mal pour lui! Et en fait il s'est avéré que c'était un comédien, le fils du pianiste d'ailleurs, et je n'ai vraiment rien vu venir, il était très convainquant! Le public en tout cas était ravi et à la fin toute la salle a réservée une standing ovation à la comédienne qui était visiblement émue, séchant quelques larmes.

J'y connais toujours rien mais voilà donc un spectacle très sympathique et énergique que je recommande chaudement même à ceux à qui sont réticents aux chansons d'Edith Piaf, peut-être même que cette pièce réhabilitera l'artiste dans leur esprit.


12 juin 2008

"Heavy Metal in Baghdad"

Cinéma 3/4

J'y connais rien à la crise en Irak mais, une fois n'est pas coutume, je suis allé la semaine dernière au cinéma voir un documentaire du nom de "Heavy Metal in Baghdad" qui était diffusé pour une séance unique au MK2 Quai de Seine à Paris dans le cadre du festival "Filmer la musique". C'est un film que j'avais déjà repéré il y a un bout de temps et que j'avais vraiment envie de voir étant donné que je suis très intéressé par tous les documentaires "sérieux" qui ont attrait à mon style musical de prédilection. Cependant, malgré ce que son titre pourrait faire penser et contrairement à l'excellent documentaire "Metal : Voyage au coeur de la bête" de Sam Dunn que j'ai également eu la chance de voir au ciné (et dont j'attends avec impatience sa suite "Global Metal" qui semble se rapprocher sur bien des points à ce "Heavy Metal in Baghdad"), ce documentaire est loin d'être susceptible de n'intéresser qu'un public d'initiés au metal et je dirais même que la musique passe très vite au second plan. C'est simple : nous avons là un témoignage poignant du désespoir mais surtout du courage de la jeunesse irakienne, des jeunes pourtant si proches de vous et moi qui souhaitent tout bêtement vivre leurs passions. Mais ce documentaire est également un témoignage efficace sur le chaos qui règne en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Il a été sélectionné pour la "Berlinade 2008" mais en est malheureusement ressorti sans aucune récompense. Je n'imaginais vraiment pas qu'il serait diffusé un jour dans une quelconque salle obscure en France et j'étais plutôt résigné à attendre encore des mois avant une éventuelle sortie en DVD. Ce n'est d'ailleurs que la veille et totalement par hasard que j'ai appris sa diffusion, on ne peut vraiment pas dire que l'info a circulé du coup! Mais finalement, la grande salle du MK2 n'était pas aussi vide que ce que je craignais.

Eddy Moretti et Suroosh Alvi, qui réalisent ce "Heavy Metal in Baghdad", travaillent tous les deux pour l'iconoclaste magazine canadien Vice, au contenu souvent irrévérencieux et controversé. C'est en 2003, en lisant un article consacré au seul groupe de heavy metal irakien du nom d'Acrassicauda (qui est le terme latin pour désigner le scorpion noir, le plus dangereux de son espèce), que les deux compères décident de venir rencontrer les membres du groupe basé à Bagdad, juste après la chute du régime de Saddam Hussein. Je me rappelle d'ailleurs avoir vu la même année un très court reportage sur ce groupe dans l'émission "Le journal des bonnes nouvelles" sur Canal+, un peu avant l'invasion américaine, qui nous montrait les musiciens en train de jouer un morceau à la gloire de Saddam Hussein. En fait, ce que ne nous disait pas le reportage à l'époque, c'est que le groupe avait été obligé d'écrire cette chanson pour pouvoir être autorisé à jouer leur musique. Bref, avec "Heavy Metal in Baghdad", Eddy Moretti et Suroosh Alvi suivent les membres d'Acrassicauda sur 4 années, de 2003 à 2006, de manière très espacée. La première rencontre se passe donc en 2003, à Bagdad, dans le local de répétition du groupe situé dans le sous-sol du magasin d'un des musiciens. On se rend compte qu'au moins deux des gars du groupe, le batteur et surtout le bassiste, parlent un anglais parfait maîtrisant même les termes argotiques. Ils disent qu'ils ont appris à parler anglais en écoutant des lives de Metallica, Slipknot et d'autres groupes américains mais ça n'en reste pas moins impressionnant. Les réalisateurs du documentaire se débrouilleront par la suite pour organiser un concert du groupe dans le hall d'un hôtel même s'ils ne pourront pas y assister, coincés dans un pays voisin (en Jordanie il me semble) et ils laissent un collègue danois présent sur place filmer le tout. Rien que ce concert est une galère sans nom à réaliser : déjà il y a les menaces de ceux qui considèrent qu'ils jouent une musique américanisée doublée d'une musique de suppôts de Satan, il faut demander plusieurs fois les autorisations aux autorités (logique) qui ont la mémoire assez courte (on a le droit à des scènes assez cocasses comme quand le groupe va voir un soldat américain qui semble assez hébété que des jeunes irakiens lui demandent s'ils peuvent faire leur concert de metal), l'électricité saute régulièrement et le groupe doit utiliser un groupe électrogène de fortune, il y a des obus qui tombent aux alentours, etc... mais ça n'empêchera pas le groupe de tout donner et la quarantaine de jeunes présents au concert de totalement s'éclater! Ils se laissent même aller à du "headbanging" (l'action de remuer sa tête de haut en bas sur le rythme de la musique) même s'ils n'ont pas les cheveux longs et que le headbanging est encore mal vu en Irak étant donné que... ça ressemblerait aux mouvements que font les juifs lors de leurs prières! Assez chaotique tout cela donc... mais tellement rien par rapport à la situation du pays 3 ans plus tard!

En effet, Eddy Moretti et Suroosh Alvi reviennent en Irak en 2006 pour voir entre autre s'il reste des gars d'Acrassicauda vivants et pour savoir ce qu'ils sont devenus. Sauf que les visas sont désormais très durs à obtenir donc nos deux hommes vont en Allemagne pour pouvoir prendre le seul vol disponible pour le Kurdistan (Suroosh Alvi nous lit juste avant, complètement flippé, un article d'une journaliste du Times qui indique que le pilote de l'avion de ligne, par mesure de sécurité, doit faire faire une sorte de chute libre à l'engin pour éviter les tirs avant de se poser sur la piste) et ils vont tenter ainsi de passer la frontière irakienne par la route, un plan de malade quoi! Ils arrivent bien à atteindre l'Irak et là... les images qui s'enchaînent m'ont estomaqué, je pense que l'enfer existe bien sur Terre et qu'il se situe plus que certainement en Irak! La désolation est partout : les bâtiments sont en ruine, nos journalistes doivent porter un gilet pare-balles et circuler en 4x4 blindé avec une armada de gardes du corps locaux sur-armés pour 1500$ par jour car il y a des snipers partout qui tirent sur n'importe qui sans compter les kidnappings et les 300 morts quotidiens, etc... Même lorsque nos journalistes veulent s'arrêter 5 minutes dans un endroit à quelques centaines de mètres en face de leur hôtel d'où ils avaient entendu des rafales de tirs la veille au soir, leurs gardes du corps commencent à être complètement nerveux et à péter les plombs. Il faut dire que ce ne sont souvent que des citoyens normaux, ingénieurs ou commerçants, qui gagnent leur vie en faisant ce métier à côté. Et pendant ce temps, des journalistes de l'AFP font leurs reportages laconiques dans le hall de leur hôtel... Nos journalistes de Vice retrouvent le bassiste d'Acrassicauda et tombent d'accord, non sans mal, sur un lieu où ils pourront discuter en sécurité. Le bassiste leur apprend qu'il n'a pas vu les autres membres du groupe depuis 2 ans, alors même qu'un des gars habite à quelques mètres de chez lui, la plupart s'étant réfugié en Syrie. De même, leur local de répétition a été complètement anéanti par une roquette...

Bref, il y aurait tellement de choses à raconter sur ce documentaire mais d'une part, je risquerais d'oublier des tas de scènes (souvent hallucinantes comme ce type qui se baigne tranquillement dans la piscine extérieure d'un hôtel en Irak alors qu'il y a des rafales de tirs à une centaine de mètres de là) et d'autre part, tout cela serait de toute façon dérisoire à côté des images bien plus parlantes. Bon, ce film est loin d'être irréprochable : c'est souvent filmé à l'arrache avec les moyens du bord, ça donne envie de vomir tellement c'est mal cadré et que ça bouge de partout, il y a quelques longueurs, ... mais tout cela est tellement plus marquant que les dépêches laconiques de l'AFP ou les photos prises depuis les tanks américains! Comme je le disais, le heavy metal irakien n'est ici qu'une petite cocasserie comme point de départ du documentaire qu'on oublie finalement assez vite. Au fur et à mesure du doc, nous ne voyons plus à l'écran que des jeunes gens tout à fait "normaux" qui veulent juste avoir une vie normale mais dont le quotidien est la haine, la violence et la mort. A la fin on se dit même que c'est incroyable que le groupe soit encore en vie! Et on sort surtout de la séance avec un immense respect pour des jeunes gens qui savent ce que signifie "mourir pour sa passion", les groupes occidentaux qui nous parlent de "die for metal" dans leurs paroles nous semblent alors bien ridicules à côté! On sort également assez interrogatif au sujet de cette nouvelle "démocratie" installée par les américains et au sujet des fanatiques qui tuent arbitrairement leurs "frères" civils. Mais bon, je suis bien mauvais philosophe et piètre expert politique donc je m'arrêterai là sur ces considérations mais en tout cas, les choses ne sont pas toujours comme les médias veulent nous les montrer, comme par exemple la supposée haine entre les chiites et les sunnites, le bassiste d'Acrassicauda nous disant par exemple que sa femme est chiite alors que lui est sunnite (ou l'inverse). A la fin, les réalisateurs du documentaire retrouvent le groupe qui s'est réfugié au grand complet en Syrie, loin de la guerre civile (non sans avoir croisé, lors de leur exil, des bus totalement braqués au milieu du désert et s'étant fait braquer eux-même par leur chauffeur). Pourtant ils ne sont pas heureux pour autant, étant considérés comme des moins que rien en Syrie dont la population est plus que certainement lassée par le flot de réfugiés irakiens dans leur pays (plus d'un million) et étant donné peut-être que la guerre Iran-Irak dans les années 80 a laissé des rancoeurs, la Syrie étant à l'époque pro-Iran... Cependant, ce qu'on voudra retenir c'est surtout la joie des musiciens lorsqu'ils jouent leur musique devant un public conquis (alors qu'ils n'avaient pas rejoué ensemble depuis des années et que c'était seulement leur 6e concert en 6 ans) ou lorsqu'ils jubilent comme des gosses quand ils enregistrent leur démo en studio.

J'y connais toujours rien mais voilà donc un documentaire édifiant et avec un point de départ original sur un conflit qui nous semble si banal. Pour ce qui est d'Acrassicauda, les membres du groupes sont actuellement exilés en Turquie, à suivre...


04 juin 2008

"Jupe obligatoire"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux algorithmes d'indexation mais c'est sûr qu'après la mise en ligne de cette note je vais avoir le droit à la visite des pervers du net qui veulent mater des vidéos de filles qui se font des bisous (je n'aurais d'ailleurs peut-être pas dû écrire cette phrase). Je suis donc allé voir "Jupe obligatoire", une pièce de Nathalie Vierne qui se jouait de nouveau au Théâtre du Gymnase, toujours dans la petite salle annexe où j'étais venu voir "Mon alter Hugo" deux jours avant mais sans le bordel autour du théâtre cette fois-ci. J'ai découvert que jouait dans la pièce Jean-François Gallotte, un nom qui ne vous dira peut-être rien écrit comme ça mais en tout cas un acteur qui a une tronche bien identifiable et que vous êtes obligés d'avoir vu à l'écran plus d'une fois tant ses apparitions à la télévision ou au cinéma sont régulières. Pour la petite histoire, il a participé aux débuts des radios libres, en particulier sur Carbone 14 en compagnie de Supernana et de Jean-Yves Lafesse sous le pseudonyme irrésistible de David Grossexe, ça donne envie hein?

"Jupe obligatoire" raconte l'histoire de France, une femme complexée et coincée, collectionneuse d'objets ayant appartenu à Marcel Proust, qui écrit des scénarios pour le compte de son ex-fiancé Bernard (interprété justement par Jean-François Gallotte). Ce dernier, étant un acteur connu et reconnu, signe ces scénarios de son nom et reverse une part du gâteau à France. Le dernier scénario de France raconte les débuts d'un couple dans le monde des clubs échangistes. Bernard est presque choqué par la tournure quasi-pornographique du texte, lui qui connaissait France plutôt peu portée sur la chose. Mais France affirme à Bernard que depuis leur séparation, sa sexualité s'est débridée et qu'elle fréquente elle-même des clubs échangistes et que l'histoire qu'elle écrit est basée sur son vécu. Évidemment, c'est faux et elle n'a d'ailleurs jamais approché un homme intimement depuis deux ans, c'est-à-dire depuis sa séparation avec Bernard. Ce dernier n'est en tout cas pas tendre avec elle, on peut même dire que c'est une véritable enflure, faisant des critiques acerbes sur son texte et lui donnant un délai de trois semaines pour le retravailler. Autant dire que France est rongée par le stress mais pour se calmer, elle a une sorte de confident sur internet, le "Maître Dong", un gros type habillé en moine bouddhiste avec lequel elle fait des séances de tantrisme par webcams interposées. Bernard revient chez France en compagnie de sa nouvelle petite-amie Sharon, une bimbo ayant quitté son salon de coiffure du Mans pour fréquenter le show-bizz parisien et par conséquent, les clubs échangistes. Il faut dire que Bernard n'est pas convaincu au sujet de la nouvelle sexualité de France et il se dit que Sharon, avec sa grande expérience dans le domaine, pourra l'aider à avancer dans son scénario et quant à Sharon, elle voit là une excellente occasion d'avoir un rôle dans un film et accéder enfin à son rêve d'être une star. La première entrevue entre Sharon et France ne va pas bien se passer mais leurs rapports vont finir par s'améliorer et une complicité va même naître lorsque Sharon va se faire virer de chez Bernard et demander refuge à France. En discutant toutes les deux, France apprend que Bernard est un vrai impuissant alors qu'il lui faisait croire pendant leur relation que le problème venait d'elle. Sharon et France décident alors de se venger en écrivant toutes les deux le fameux scénario dans lequel elles comptent bien dévoiler à tout Paris le secret peu confortable de Bernard. Au fur et à mesure de cette collaboration, les sentiments de France envers Sharon, qui se révèle être bien moins idiote qu'elle n'y paraissait au départ, vont évoluer vers de l'amour et les deux femmes vont finir par avoir des relations intimes ensemble, France se révélant être, elle, bien moins coincée qu'elle n'y paraissait au départ.

C'est clair que raconté comme ça, le sujet est un peu lourd et j'avoue que ce n'est pas le genre de propos avec lequel je me sens particulièrement à l'aise en fait, étant de nature plutôt très pudique. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la pièce est rarement vulgaire et en plus, la mise en scène est assez sympa et le choix des musiques judicieux. Les discussions entre France et son gourou tantriste sont assez hilarantes et l'installation des sentiments entre les deux personnages féminins, même si on la voit venir grosse comme une maison, est plutôt bien menée. Les acteurs sont en plus assez bons, surtout Olga Sekulic qui, avec France, interprète un personnage touchant et puis donc Jean-François Gallotte qui interprète un personnage sympathiquement détestable. C'est sûr que c'est le genre de pièce qui doit ravir la presse féminine puisqu'y sont abordés l'évolution des moeurs et le désir féminin. D'ailleurs la phrase dans la pièce "je préfère faire l'amour avec des femmes mais je ne suis pas lesbienne!" résume assez bien la chose vu que j'ai l'impression que c'est assez "tendance" de choisir d'être bisexuel(le) dans la société actuelle mais j'y connais rien, je ne suis vraiment pas à la page! Pour finir, le dénouement de la pièce est assez exceptionnel même si le coup de "la pièce que les personnages écrivent et en fait la pièce qui est en train d'être jouée réellement" n'est pas inédit puisque c'était le cas par exemple pour "Les 4 Deneuve" ou "J'aime beaucoup ce que vous faites" que j'étais allé voir il y a quelques temps au théâtre mais bon, c'était ici encore mieux mené.

J'y connais toujours rien mais c'est fou les moeurs de l'an 2000, moi qui pensait que l'évolution de notre société passerait par les voitures volantes et les habits en aluminium!


03 juin 2008

"Mon alter Hugo"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Victor Hugo donc voila une bien belle occasion de rattraper un tout petit peu cette grosse lacune que le spectacle "Mon alter Hugo", écrit, mis en scène, joué et chanté par Gérard Berliner (quel homme!). J'y suis allé dimanche dernier en fin d'après-midi, cela se passait au Théâtre du Gymnase dans la petite salle annexe et d'ailleurs, c'était bien le bordel autour du théâtre vu que c'était barricadé par les flics. Je me demande si tout cela était la faute d'une quelconque "star" qui venait jouer dans la grande salle pour la pièce "Oscar". M'enfin, vu l'affiche (Bernard Farcy et la fille de Bernard Tapie, entre autre), j'ose espérer que ce n'était pas pour ça. Bref, avec "Mon alter Hugo", Gérard Berliner propose donc de nous retracer la vie de Victor Hugo en illustrant son propos d'extraits d'oeuvres, de lettres et de discours politiques du maître. Mais il ne faisait pas que nous réciter et nous expliquer, souvent avec humour, le contexte de ces morceaux choisis, il en mettait la plupart en chanson. Il faut dire qu'à la base, Gérard Berliner est chanteur mais il a connu une gloire quelque peu éphémère avec juste un tube dans les années 80 malgré tout de même une carrière musicale qui ne s'est jamais arrêtée.

On peut dire qu'il a une bonne voix mais les chansons sonnaient un peu trop "Starmania" à mon goût, il faut dire que je ne suis absolument pas fan de variété française et puis musicalement, j'ai trouvé que les chansons se ressemblaient un peu toutes (et normalement il a un pianiste avec lui mais cette fois, la musique était sur bandes). Cependant, c'était vraiment une idée originale et ludique pour faire découvrir ou redécouvrir les textes de Victor Hugo et surtout, ce n'était pas juste réciter des passages derrière un bureau, suivez mon regard... En plus, encore une fois, il ne faisait pas que chanter tout le long donc, malgré mes quelques critiques bassement subjectives, j'ai bien apprécié le spectacle. Les paroles des chansons n'étaient pas toutes de Victor Hugo, il y avait quelques réalisations personnelles il me semble, toujours autour de la vie de l'auteur évidemment. En tout cas, on sent que Gérard Berliner est vraiment investi par le personnage et l'oeuvre de Victor Hugo, au point même de ressembler un peu physiquement à ce dernier. Bien entendu, a été abordé la vie sentimentale de l'écrivain et son appétit sans limite pour la gent féminine (il en n'a pas moins écrit de merveilleuses lettres d'amour notamment pour sa maîtresse Juliette Drouet) mais Gérard Berliner s'est bien plus attardé sur les combats politiques du bonhomme et on peut dire que Victor Hugo était progressiste et visionnaire sur bien des domaines : il était pour l'abolition de la peine de mort, pour le droit des enfants et le droit de vote aux femmes, pour une union européenne et une monnaie unique, etc... Bref, ceux qui connaissent tout de la vie et de l'oeuvre de Victor Hugo n'apprendront rien avec ce spectacle et en plus, s'ils n'aiment pas la chanson française ils risquent de bien s'ennuyer mais personnellement, en tant que profane complet, j'ai passé un bon moment avec l'impression d'être sorti moins bête!

J'y connais toujours rien mais bon c'était quand même pas pour le fils de Michel Sardou tout ce bordel (ouais, on dirait qu'ils ont embauché tous les "fils de" pour "Oscar")?