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Les notes de novembre 2008

21 novembre 2008

"Inconnu à cette adresse"

Théâtre 2/4

J'y connais rien au genre épistolaire mais je suis allé voir la pièce "Inconnu à cette adresse" adaptée du roman du même nom écrit en 1938 par Kathrine Kressmann Taylor et qui se jouait au Théâtre Noir du Lucernaire à Paris. Cela commence avec deux hommes qui entrent sur scène en riant et en s'étreignant accompagnés d'un violoncelliste qui joue une musique enjouée. Puis le violoncelliste s'en va et les deux hommes restant se séparent et vont chacun à une extrémité de la scène où se trouve un fauteuil et une lampe. Le premier homme, qui se nomme Max Eisenstein, s'adresse alors à l'autre homme, appelé Martin Schulse, ce dernier l'écoutant sans prononcer un mot, ne faisant que sourire et acquiescer silencieusement à ses propos. On comprend vite qu'en fait les deux hommes s'échangent des courriers car ils sont séparés dans l'espace représenté par ces deux fauteuils, c'est pour cela que quand l'un parle, c'est-à-dire écrit une lettre, l'autre est silencieux et écoute, c'est-à-dire qu'il lit la lettre. Bref, Max est Martin sont tous les deux allemands et ont une affaire ensemble, la galerie Schulse-Eisenstein qui fait du commerce de tableaux d'art et qui se tient à San Francisco où s'est installé Max pendant que Martin, lui, est resté en Allemagne. Au début (l'échange débute en 1932), les lettres sont banales, des lettres d'amis chers qui prennent des nouvelles l'un de l'autre, qui se parlent de choses légères ou très personnelles et qui traitent évidemment d'affaires. On apprend que Martin a eu une liaison avec la soeur de Max, Griselle, alors qu'il est marié mais tout cela s'est terminé non sans douleur. Puis ils en viennent rapidement à la politique, Max, qui est juif, s'inquiétant de la montée d'un certain Adolf Hitler dont il entend des choses peu reluisantes. Quant à Martin, il est également méfiant au sujet d'Hitler, sans y être hostile. Il apprécie les qualités d'orateur de l'homme mais s'interroge tout de même sur le fanatisme de ce dernier. Cependant, les doutes de Martin vont s'estomper et il va finir par adhérer totalement aux idées du nouveau chancelier élu, allant jusqu'à sommer Max de cesser de lui écrire directement chez lui car il est mal vu de correspondre avec un juif et lui demandant de lui envoyer juste à sa banque les traites correspondant à leur affaire commune et s'il a quelque chose à lui dire, d'écrire un mot derrière ces traites. Même si leur amitié est désormais rompue, Max continue à écrire à Martin par le biais des courriers destinés à la banque car sa soeur, l'imprudente Griselle, qui est devenue comédienne, est partie jouer une pièce en Allemagne et les lettres qu'il lui envoie lui reviennent maintenant avec la mention "inconnu à cette adresse". Max est donc fou d'inquiétude et demande à Martin d'enquêter au nom de leur ancienne amitié et de l'amour qu'il a porté à Griselle. D'abord sans réponse à ses nombreuses requêtes, Max reçoit finalement une lettre de Martin qui lui annonce que Griselle a voulue venir se réfugier chez lui mais qu'il n'a pas voulu la faire rentrer pour ne pas avoir d'ennuis avec les autorités et qu'elle s'est faite rattrapée et exécutée par les SA qui la poursuivaient. Max, fou de douleur, prépare alors une vengeance à distance qui va s'avérer très performante...

J'avoue que je suis sorti bien mitigé de cette pièce. Pourtant le propos est vraiment poignant, la mise en scène originale et le dénouement particulièrement efficace mais je n'ai pas mais alors pas du tout été convaincu par l'acteur qui jouait Max! J'y connais rien au jeu d'acteur et ma critique vaut ce qu'elle vaut mais j'ai trouvé qu'il jouait le personnage de façon vraiment niaise comme s'il faisait une parodie... de Stéphane Bern! Si ce n'était que pour le début où le propos des lettres est enjoué, ça passerait, même si ça faisait un peu vieux garçon gniangnian, mais le problème c'est que je ne devais pas le regarder au moment où il apprend la mort de sa soeur, qui est pourtant un moment très dur dans la pièce, sous peine d'éclater de rire à cause de la mimique complètement surjouée qu'il composait! L'autre acteur, malgré qu'il postillonnait encore pire que Fabrice Luchini, jouait lui par contre plutôt bien et sa transformation d'ami fidèle et bienveillant en apôtre de l'idéologie nazie était très convaincante! Je n'ai vraiment pas l'habitude de faire des critiques aussi dures mais vraiment, le jeu d'acteur m'a un peu gâché la pièce qui aurait pu être excellente. Mais bon, encore une fois il y avait de très bonnes choses dans cette pièce comme l'utilisation du violoncelliste qui était plutôt bien trouvée car il ne se contentait pas de jouer des musiques d'ambiance de temps à autre mais il pouvait faire aussi avec son violon des sons comme le bruit d'un télégraphe ou le sifflement d'un train.

J'y connais toujours rien et j'aurais aimé dire plus de bien au sujet de cette pièce dont le dénouement vaut objectivement le coup mais peut-être que vous ne partagerez pas mon avis un peu expéditif sur un des acteurs.


"Brassens, Brel, Ferré ou l'Interview"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au journalisme mais, mardi soir, je suis allé au théâtre Le Funambule Montmartre à Paris pour voir la pièce "Brassens, Brel, Ferré ou l'interview" . Comme son nom l'indique, c'est une pièce qui a été écrite à partir de la fameuse interview qu'ont donné à la même table Georges Brassens, Léo Ferré et Jacques Brel le 6 janvier 1969 pour retranscription et publication dans le numéro de février du journal Rock & Folk, une des photos de cette interview est d'ailleurs devenue très célèbre. Enfin quand je dis que la pièce a été écrite "à partir de" cette interview, d'après la retranscription de cette dernière et des quelques extraits audio provenant de l'enregistrement original de François-René Cristiani, le journaliste qui a mené l'interview, on peut dire que c'est plutôt une retranscription exacte mot pour mot, en un peu plus condensé, de l'interview en question! Cela commence d'ailleurs, après la chanson "Les copains d'abord" de Georges Brassens, sur un extrait audio authentique du début de cette interview puis les acteurs prennent le relais. Les 3 chanteurs et le journaliste sont assis autour d'une table ronde avec des micros devant eux, comme sur les photos, et le soucis du détail va jusqu'à mettre, entre autre, les mêmes bouteilles d'alcool (de la Duvel pour Brel par exemple) sur la table. Il manquait juste un décor de salon autour de cette table pour se sentir comme sur la fameuse photo. Mais cela n'empêchait pas d'être rapidement dans l'ambiance comme si on assistait à l'enregistrement d'une interview à une radio, l'aspect convivial du théâtre avec des chaises à la place des traditionnels sièges et les volutes de tabac qui emplissaient l'air (et à moins que j'ai rêvé, ça ne sentait vraiment pas que le tabac d'ailleurs!) renforçant cette impression. Les comédiens ressemblaient beaucoup aux individus qu'ils jouaient sans être leurs sosies parfaits non plus. En tout cas en les écoutant on avait vraiment l'impression d'être en face des vrais! Ils jouaient vraiment juste et authentique, retranscrivant très bien les personnalités et les mimiques de chacun mais retranscrivant également bien les silences qui ont eu lieu durant l'interview. En tout cas, on sort du théâtre persuadé que l'interview s'est déroulée de cette façon et pas d'une autre! Pour ce qui est de l'interview proprement dite, je connaissais la photo mais absolument pas les propos qui avaient pu être échangés. Je ne suis pas spécialement fan de chanson française et donc des artistes en question mais tout cela était très intéressant, voire d'actualité, avec des moments très drôles et touchants. Sinon, on a le droit à un extrait d'une chanson de chacun de ces artistes qui entrecoupent l'interview comme si on était à la radio.

Bref, j'y connais toujours rien mais on ne voit absolument pas passer l'heure et demie de spectacle et on est même déçu que cela se finisse si "vite". Je ne sais pas si ceux qui connaissent par coeur cette interview et qui préfèrent imaginer eux-même comment cela s'est déroulé trouveront un intérêt à cette pièce mais pour les profanes comme moi c'était très instructif! On peut même discuter avec les comédiens au bar à la fin de la pièce mais je ne suis personnellement pas resté, je n'ai pas grand chose à dire à part "j'aime beaucoup ce que vous faites" de toute façon!


17 novembre 2008

"Pourquoi j'ai mangé mon père"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au cannibalisme mais je suis allé à la Manufacture des Abbesses jeudi dernier à Paris pour voir la pièce "Pourquoi j'ai mangé mon père" d'après le texte de l'auteur anglais Roy Lewis avec le comédien Damien Ricour seul sur scène. Celui-ci joue le rôle d'Ernest, un homme en costume qui vient nous tenir une conférence au sujet du Paléolithique Inférieur et plus particulièrement des pithécanthropes, une sorte d'Homo Erectus. Et Ernest connaît bien le sujet puisqu'il a lui-même vécu cette période qu'il va nous raconter : il nous dira comment il chassait le mammouth avec son père, comment son frère s'est fait manger par un lion, comment il a rencontré Griselda sa femme qu'il a du conquérir des jours et des nuits, comment son père a découvert le feu et a brûlé entièrement la forêt, comment la quête de l'évolution de ce dernier et son invention de l'arc et des flêches a mené sa famille à le tuer, etc...

Avec son humour décalé et la transposition du langage des hommes modernes au temps de la préhistoire, ce texte écrit dans les années 50 est une sorte de parabole sur les dérives de l'homme moderne qui utilise à mal les avancées technologiques. Mais c'est aussi une réflexion pleine de tendresse et d'humour sur les relations père-fils, sur la famille en général, sur le débat entre les progressistes et les conservateurs, etc... Mais ce qui est le plus marquant dans cette pièce, c'est la performance d'acteur que livre Damien Ricour! Ce gars est seul sur scène avec juste une plante verte, un tabouret et un balai autour de lui et il nous joue une multitude de personnages à lui tout seul en plus de faire tous les bruitages et même la musique à la bouche! Il n'arrête jamais, ce qui pourra peut-être en gaver certains à un moment donné mais personnellement j'ai trouvé ça très fort, il arrive vraiment à nous faire imaginer des scènes, des protagonistes et des décors rien qu'avec sa gestuelle et sa voix! Et certaines scènes sont délicieusement absurdes et la fin particulièrement émouvante.

J'y connais toujours rien mais voila donc une pièce très originale que je recommande vraiment!


13 novembre 2008

"Bastringue"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au ménage mais hier soir je suis allé au Théâtre de l'Étoile du Nord à Paris pour voir la pièce "Bastringue" d'Alexis Ragougneau mise en scène et jouée par la sympathique troupe d'Acte6 que j'avais déjà eu l'occasion de voir à l'oeuvre dans les pièces "Les courtes lignes de Monsieur Courteline", "L'homme qui a vu le Diable" et "Jules César" et dont tous les costumes avaient été conçus par ma petite soeur. La pièce dont je vais parler ne déroge pas à cette règle! L'histoire de "Bastringue" commence dans les tranchées côté français en 1917. Le soldat "Gueule d'Amour" est récupéré défiguré et muet par l'armée allemande qui croit que c'est un des leurs et qui veut exploiter son image pour en faire un héros grâce au cinéma. Elle fait pour cela appelle au réalisateur de films documentaires de guerre Fritz Spau qui, quant à lui, voit en Gueule d'Amour, renommé pour l'occasion en Ernst Deutsch, une aubaine pour tourner à Berlin son film d'horreur expressionniste rêvé d'après le livre de Mary Shelley. Mais le cinéma muet devient vite dépassé par le cinéma parlant en même temps que monte le nazisme dans le pays, lequel a une vision et une utilisation bien précises du cinéma.

Cette pièce est vraiment particulière : passant d'une pure veine comique où on peut voir par exemple des soldats français à poil entamer une chorégraphie digne de danseuses étoile à des passages vraiment durs où on peut assister à une scène de torture plutôt très convaincante ainsi qu'à des scènes totalement absurdes et irréelles. On est transporté comme dans un rêve en différents lieux : les tranchées, un hôpital, une salle de cinéma, un cabaret-maison close, etc... mais aussi dans le temps puisque la pièce commence en 1917 pour finir au milieu des années 30. Les références à la culture allemande de cette époque sont nombreuses rien qu'avec le nom des personnages puisque le réalisateur Friz Spau fera immanquablement penser à Fritz Lang, pour le personnage du docteur Gubbels, devenant chantre de la propagande nazie, il n'y a pas besoin de dire à qui il fait référence. On voit même vers la fin de la pièce, une réalisatrice allemande du nom de Lotte Riffenstuhl qui est évidemment une référence directe à la célèbre réalisatrice Leni Riefenstahl. Bref, les émotions sont plutôt variées dans cette pièce tout comme les costumes allant des uniformes de militaires français et allemands aux tenues excentriques des travestis du cabaret en passant par le look de monstre de Frankenstein de Gueule d'Amour. Les décors sont relativement simples mais plutôt bien utilisés, de plus il y avait un pianiste sur scène qui contribuait grandement à l'ambiance particulière de cette pièce. Car en plus, comme je le disais, il y a des passages vraiment à la limite de l'absurde où le réel se mélange au théâtre comme la scène finale mais je n'en dis pas plus! Sinon les acteurs sont vraiment bons surtout celui qui joue les différents commandants des armées ainsi que le travesti/magicien/propriétaire du cabaret. Par contre la pièce est un peu longue puisqu'elle dure 2h10 sans entracte et il y a un petit passage à vide au milieu j'ai trouvé mais on ne voit finalement pas tellement le temps passer.

J'y connais toujours rien mais voilà une pièce qui ne laisse pas indifférent et qui mérite vraiment d'être vue! Je ne dis pas ça parce que ma soeur a (très bien) bossé dessus... mais quand-même, viendez et ramenez vos amis!


"Quantum of solace"

Cinéma 3/4

J'y connais rien aux théories de la physique quantique mais, ce week-end, je suis allé voir "Quantum of Solace", le dernier James Bond réalisé par Marc Forster avec, pour la seconde fois, Daniel Craig dans le rôle de l'agent le moins secret de la planète. "Quantum of Solace" commence là où "Casino Royal", le précédent James Bond, se terminait : après lui avoir tiré dans le genou, James Bond a capturé Mr. White, un homme de l'ombre qui travaille pour le compte de l'organisation terroriste "Quantum" laquelle est en quelque sorte responsable de la mort de Vesper, la femme que Bond a aimé bien que celle-ci l'ai trahi. Après une course poursuite au volant de sa célèbre Aston Martin avec les hommes de main de Mr. White, James Bond interroge ce dernier dans un lieu clos à Sienne en Italie aidé de M (la patronne du MI6, les services secrets britanniques) et de Mitchell, le garde du corps de celle-ci. Mais la seule chose qu'ils arrivent à apprendre de White au sujet cette organisation Quantum est qu'ils sont infiltrés partout et preuve en est faite immédiatement : le garde du corps de M tente de tuer nos héros. Après une nouvelle course poursuite cette fois-ci sur les tuiles des toits des maisons de Sienne, James Bond exécute le traître mais quand il revient dans le lieu de l'interrogatoire, White a disparu. Les fouilles qui sont faites dans l'appartement du garde du corps Mitchell mènent Bond en Haïti pour retrouver un contact du traître qu'il tue également. Il récupère alors une valise qui était destinée à ce contact ce qui l'amène à rencontrer Camille, une jeune femme qui le prend pour le géologue qu'elle devait rencontrer. En fait, l'homme que Bond a tué était chargé de supprimer Camille sous l'ordre de Dominic Greene (joué par le français Mathieu Amalric), son fiancé. Il faut dire que Greene n'est pas dupe au sujet de Camille car la seule raison pour laquelle celle-ci couche avec lui est pour se rapprocher du Général Medrano, un dictateur qui a tué la famille de Camille et que Greene va aider à faire un coup d'état en Bolivie en échange d'une parcelle de désert. Dominic Greene travaille en fait pour Quantum sous la couverture d'une fondation écologique et philanthropique mais dont le but est de s'approprier les ressources naturelles de la planète. Voilà donc notre James Bond amené à contrer les plans de Greene tout en étant guidé par son désir de vengeance (et donc sans l'approbation de sa hiérarchie) et à retrouver les gens qui ont amené Vesper à le trahir.

Avouons que le scénario est un peu confus, je n'ai moi-même pas trop compris les tenants et aboutissants de l'histoire sachant que celle-ci est truffée de trahisons, d'organisations gouvernementales qui se tirent dans les pattes et tout le tralala. Mais j'ai vraiment beaucoup aimé ce James Bond qui reste dans la veine du précédent tout en apportant une dose plus conséquente d'action. Daniel Craig m'a en tout cas définitivement convaincu dans le rôle de Bond, j'attendais ce film pour me forger mon opinion à son sujet et je n'ai pas été déçu. Il campe un James Bond froid, animé par la vengeance, quasiment aussi assassin que ses ennemis - avec la seule différence qu'il est dans le "bon" camp - et qui ne lance pas pour autant de vanne pourrie quand il bute quelqu'un et qui n'est pas non plus un panneau publicitaire ambulant pour des marques diverses. Un James Bond plus "réel" et dénué de tout humour en quelque sorte, tout comme le dernier "Batman" qui donne une version plus froide du personnage tournée de façon à ce que cela en devient tout à fait réjouissant. Les scènes d'action sont donc assez nombreuses et spectaculaires sans pour autant tomber dans le "too much". Pour ce qui est des acteurs, ils sont tous assez impeccables même si la "James Bond Girl" jouée par Olga Kurylenko est un peu transparente dans le film et que Mathieu Amalric ne sera pas le méchant le plus marquant de l'histoire des James Bond même si sa composition m'a étonné car il pouvait être inquiétant dans certaines scènes alors qu'à la base ce gars à une tête toute gentille.

Bref, j'y connais toujours rien mais voila un James Bond qui satisfera les personnes qui étaient en manque d'action par rapport à l'opus précédent et qui ne devrait pas désarçonner pour autant les fans de "Casino Royal".


Les notes de novembre 2008 sont réparties sur 2 pages :
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