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Les notes d'octobre 2008

24 octobre 2008

"Théâtro"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux élections présidentielles de 1981 mais, hier soir, je suis allé au Théâtre Essaïon à Paris pour voir la pièce "Théâtro" de et avec Stavros Bratsiotis. L'histoire se passe en 1980, le soir ou le lendemain de l'annonce de la candidature de Coluche aux prochaines élections présidentielles. Lors de la fête des fiançailles de sa fille, François de Mortange s'isole avec son futur gendre Michel pour une discussion entre hommes. Michel, un jeune homme à l'avenir politique visiblement prometteur, est très remonté contre cette candidature alors que Monsieur de Mortange, un vieux loup très cynique qui lui a bien connu le pouvoir, jubile. Cependant, la discussion ne s'attardera absolument pas sur cette candidature de Coluche et les deux hommes se lanceront dans une grande discussion de plus en plus vive sur des sujets philosophiques divers telle que la représentation théâtrale de la justice et de la politique de l'antiquité à nos jours. Et surtout, au fur et à mesure des débats, les masques tomberont et les faces les plus sombres de chacun se dévoileront.

Attention, pièce très noire en vue! Elle met un peu de temps à démarrer puis les discussions entre les deux personnages deviennent plus animées et l'atmosphère de plus en plus dérangeante. Les deux acteurs sont vraiment bons, les sujets abordés sont très actuels et certaines réflexions philosophiques très intéressantes, on peut dire à ce niveau que le texte est bien foutu. Mais j'ai trouvé ça un peu trop... pompeux par moment et les réactions des personnages trop exagérées, surtout celles de François de Mortange dont le cynisme est à son comble. Mais on a là une pièce de théâtre qui fait réfléchir et qui ne laisse pas indifférent. De toute façon, pour 3 euros l'entrée grâce à billetreduc je ne pouvais pas faire la fine bouche et je trouve cela plutôt enrichissant de passer d'un théâtre léger comme "Les deux canards" que j'ai vu deux jours auparavant et ce théâtre au complet opposé.

J'y connais toujours rien mais j'ai eu un peu mal pour les acteurs car on n'était que 7 ou 8 dans la salle et personne n'a osé applaudir quand les lumières se sont éteintes à la fin, y a juste un gars qui a commencé à applaudir timidement mais qui a coupé direct quand il s'est rendu compte qu'il était le seul, moi j'ai honte mais c'est parce que j'osais pas applaudir au mauvais moment et que je n'étais pas du tout sûr que la pièce était terminée. Bref, ça s'est fini dans ambiance vraiment très bizarre et froide, j'entendais même chuchoter les acteurs derrière la scène qui devaient se demander si ça valait le coup de venir saluer sur scène, ce qu'ils ont heureusement fait mais l'enthousiasme n'était pas là.


23 octobre 2008

"Les deux canards"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux oiseaux aquatiques mais, mardi soir, je suis allé voir la pièce "Les deux canards" de Tristan Bernard et Alfred Athis avec entre autre Isabelle Nanty et Yvan Le Bolloc'h dans les rôles principaux. La pièce se jouait au Théâtre Antoine à Paris où j'avais vu "Le dieu du carnage" il y a 6 mois. "Les deux canards" raconte l'histoire de Lucien Gélidon (interprété par Yvan Le Bolloc'h), un écrivain charmant et charmeur qui a quitté la capitale pour obtenir un peu plus de notoriété avec sa plume en écrivant des textes très vindicatifs dans La Torche, un journal de province d'extrême gauche dirigé, rédigé et édité dans l'imprimerie de Monsieur Béjun qui lui ne dirige en fait pas grand chose car c'est plutôt sa femme, l'impétueuse Léontine Béjun (jouée par Isabelle Nanty), qui commande tout, poussant même son mari à se présenter contre son gré à l'investiture de la mairie du village contre le Baron Saint-Amour (joué par Gérard Chaillou, plus connu pour avoir été le comparse de Le Belloc'h dans la série télévisée "Caméra café" dans le rôle de Jean-Guy, le patron), un notable plutôt porté très à droite. Gélidon a pris une part importante dans la vie du journal et des Béjun puisqu'il loge dans leur imprimerie, rédige les articles les plus virulents et... est devenu l'amant de Léontine (qui n'avait jamais connu l'adultère puisqu'elle n'avait trompé son mari "que 3 fois"). Mais un jour, le Baron Saint-Amour se pointe dans les locaux de La Torche avec la ferme intention de racheter le journal dans le but de stopper toutes ces attaques contre lui et d'en faire un journal de droite. Il ne met pas longtemps à convaincre Monsieur Béjun avec un gros chèque ni même Honoré Flache, le rédacteur en chef du journal, qui veut garder son poste et ne voit pas trop le problème de passer d'un bord politique à l'autre. Évidemment, quand Léontine Béjun apprend la nouvelle cela ne se passe pas très bien et elle décide de fonder un autre journal d'extrême gauche, "Le Phare" car après tout, le Baron n'a pas racheté l'imprimerie! Tout cela devait donc se passer relativement le mieux du monde si ce n'est l'arrivée dans l'imprimerie de la fille du Baron, Madeleine, dont le séducteur Gélidon tombe sous le charme. Avec l'aide de son ami Larnois, un homme qu'il a connu quand il était à Paris et qui travaille désormais pour le compte du Baron, et afin de pouvoir entretenir une liaison avec Madeleine, il décide d'écrire des articles au château du Baron pour le journal de droite "La Torche" sous le pseudonyme de Maurillac tout en continuant à rédiger des articles dans l'imprimerie des Béjun sous son vrai nom dans le journal de gauche "Le Phare". Le voilà donc jonglant entre ces "deux canards" en faisant bien évidemment en sorte que personne, à part son ami, ne sache que Gélidon et Maurillac sont le même journaliste. Sauf que cette double vie, avec ces deux maîtresses et la peur constante de croiser Flache qui risque de dévoiler la supercherie, n'est pas bien facile à gérer surtout lorsqu'est organisé à "leur" insu un duel entre Gélidon et Maurillac!

Bien qu'elle ait été écrite en 1913 et qu'elle se déroule à cette époque, le comique de cette pièce n'a pas pris une ride! Et ceci contrairement à "Faisons un rêve" (pour prendre un exemple pas du tout au hasard) de Sacha Guitry que j'avais vu au théâtre quelques jours avant et qui a pourtant été écrite 3 ans plus tard que ces "Deux canards". De même, on est là aussi dans le vaudeville mais écrit d'une façon tellement moins bas du front que le sempiternel le mari, la femme, l'amant avec juste cet état de fait en intrigue..! La pièce dure 2h30, entracte compris, et pourtant on ne voit absolument pas le temps passer, le rythme est très soutenu (dans le thème de la double vie, ça m'a rappelé "Chat et souris" en moins fatiguant quand-même), l'actrice qui joue Madeleine se prenant même à un moment donné les pieds dans sa robe et se retrouvant par terre mais se relevant aussi vite fait et enchaînant sa scène, imperturbable. Les acteurs sont d'ailleurs tous très bons dans leur rôle avec quelques vraies "gueules". J'aime beaucoup Isabelle Nanty et elle excelle vraiment dans ce rôle de femme dirigiste, passionnée, très imaginative et à l'adultère totalement assumé. Quant à Le Bolloc'h, son rôle lui va sur mesure (je pense en plus que ça ne lui déplaît pas de jouer le rôle d'un journaliste d'extrême gauche, lui qui ne se cache pas d'être communiste). Quant aux décors, ils étaient tout aussi excellents et également réversibles : ainsi, sous nos yeux, on passe en quelques secondes du décor de l'imprimerie (avec des affiches de journaux de l'époque) à un décor totalement différent qu'est le château du Baron avec des éléments de décor peints à la main qui donnaient un côté conte de fée à tout cela, encore plus pour la scène qui se déroule dans le parc du château, vraiment très réussi!

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce que je recommande sans hésiter même à ceux qui sont réfractaires aux pitreries d'Yvan Le Belloc'h dans ses oeuvres télévisées.


19 octobre 2008

"Géronimo"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux Apaches mais je suis allé jeudi soir au Petit Théâtre de Paris pour voir la pièce "Géronimo" de David Decca avec Serge Hazanavicius (qui met également en scène la pièce) et Lionel Abelanski qui sont deux acteurs habitués du cinéma français, surtout Abelanski avec sa "gueule" facilement reconnaissable. L'histoire de "Géronimo" est celle de deux hommes, Antoine et Eric, qui se sont rencontrés dans le bureau d'une avocate car ils ont tous les deux un point commun : ils sont en procédure avec leur ex-femme (avec qui les relations sont très tendues) en ce qui concerne la garde de leurs enfants. La pièce commence dans l'appartement assez modeste et délabré d'Antoine, il est 5h du matin et les deux hommes ont apparemment scellés leur rencontre la veille en abusant un peu de la bouteille. Comme le soir même, c'est le soir de Noël et qu'ils se retrouvent tous les deux tous seuls chacun de leur côté, leurs enfants passant le réveillon chez leurs mères respectives, Eric propose à Antoine de passer Noël ensemble dans l'appartement de ce dernier. Eric ramène ses costumes de Père-Noël, ses guirlandes et son clavier Bontempi (un effet comique étant que sur la housse du clavier il y a des autocollants de groupes de heavy metal comme Megadeth ou Iron Maiden) tandis qu'Antoine s'occupe de la nourriture et des boissons (en quantités "légèrement" exagérées). Ils décident qu'ils appelleront leurs enfants à minuit pour leur souhaiter un joyeux Noël mais cela ne se passe pas tout à fait comme prévu : l'ex-femme d'Eric, au courant de l'idée de celui-ci, coupe le téléphone de la maison - mais son fils trouvera tout de même le moyen d'appeler son père en cachette en utilisant le portable du nouveau copain de sa mère - tandis que pour le fils d'Antoine, il annonce à nos compères qu'il est tout seul, sa mère et son petit-ami étant partis sans lui chez des amis. Les deux hommes décident alors de tenir compagnie à l'enfant toute la nuit, du moins au téléphone, et ils préparent à Géronimo - c'est le nom qu'a donné Antoine à son fils en douce à la maternité en protestation vis-à-vis de la mère qui voulait l'appeler Francis - une soirée de Noël à distance qui sera inoubliable!

Même si elle met un peu de temps à démarrer, j'ai trouvé cette pièce fort sympathique malgré les nombreuses critiques négatives que j'ai lu ça et là. Il faut dire que le sujet est assez "brûlant" et casse-gueule et que la pièce est largement complaisante envers les hommes qui sont ici les victimes d'un système judiciaire favorable aux mères alors que celles-ci sont irresponsables voire sans coeur. Mais les personnages sont vraiment touchants, surtout Antoine, car ils aiment sincèrement leurs gamins, souffrent d'être séparés d'eux et sont enlisés dans la tourmente des procédures judiciaires. Mais c'est aussi une histoire d'amitié, même si naissante, entre deux hommes qui sont restés eux-même des gamins et qui, pour faire plaisir à Géronimo, vont transformer cette nuit de Noël qui s'annonçait morose en une nuit bien loufoque. La scène où Eric joue au clavier "La mort du cygne" tout en racontant à distance à Géronimo comment son père danse sur la musique (en collant!) et très drôle voire poétique.

J'y connais toujours rien mais voilà une comédie douce-amer sans prétention (mais avec tout de même un parti pris qui pourra en agacer certain(e)s) sur un sujet grave et qui fait pourtant passer tout de même un bon moment.


15 octobre 2008

"Faisons un rêve"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à l'Onirocriticon mais, hier soir, je suis allé au Théâre Edouard VII à Paris pour voir la pièce "Faisons un rêve" de Sacha Guitry avec Pierre Arditi, Martin Lamotte et son Altesse royale, princesse de Savoie, de Venise et de Piémont, Clotilde Courau (j'aurais dû bosser dans Gala moi). J'avais déjà vu une pièce de Sacha Guitry dans ce même théâtre avec "Mon père avait raison" et d'ailleurs, le comédien qui jouait le majordome dans cette pièce était présent également sur scène ce soir là dans le même type de rôle... et avec exactement le même costume. Par contre, autant j'avais été exceptionnellement bien placé dans ce théâtre la dernière fois que j'étais venu, dans l'orchestre au 3e rang en face de la scène, autant cette fois-ci j'étais placé au balcon quasiment au siège le plus éloigné des planches! En même temps, avec une place "catégorie 5", si le théâtre est plein, il ne faut pas s'attendre à des miracles même si je voyais bien la scène quand-même.

Bref, "Faisons un rêve" était un bon gros vaudeville comme on s'en fait la caricature à part qu'à la fin ce n'était pas l'amant qui était caché dans le placard mais la maîtresse qui était cachée dans la salle de bain de l'amant pour échapper au mari. L'histoire tenait donc sur un timbre poste : la femme d'un couple marié se laisse séduire par un ami du couple, élégant et au bagou irrésistible (donc forcément joué par Pierre Arditi), et ils décident de se rejoindre chez lui une nuit où le mari de la femme sera absent (pour la tromper également d'ailleurs). Voilà, c'est résumé! Cette pièce a été écrite en 1916 et le metteur en scène l'a laissé située à l'époque puisqu'on a le droit aux bons gros bourgeois avec leurs bonnes et majordomes, aux numéros de téléphone à 4 chiffres, à la Gare d'Orsay pour aller à Orléans, etc... Et autant pour un autre vieux vaudeville que j'ai vu comme "Mais n'te promène donc pas toute nue!" de Feydeau, alors même qu'il y a également des références aux temps anciens, la pièce restait tout à fait d'actualité et pouvait être facilement transposée à notre époque, autant ici ce "Faisons un rêve" a pris un sérieux coup de vieux et faisait très désuet.

Alors, n'y avait-il donc rien à sauver dans cette pièce? Ah bah si quand-même, il y avait des moments drôles et ceci essentiellement grâce à monsieur Pierre Arditi toujours dans son éternel rôle de séducteur élégant à l'humour vif et aux coups de sang soudain (que j'avais déjà apprécié dans la pièce "Batailles" en mars dernier). Son monologue quand il attend la nuit sa future maîtresse et la scène où il essaye de joindre cette dernière par téléphone en luttant avec l'opératrice étaient des moments absolument hilarants! Mais pour le reste, il faut avouer que tout cela faisait vraiment "théâtre à papa". De plus, toute l'attention était portée sur Pierre Arditi, Clotilde Courau ayant un rôle sans intérêt et Martin Lamotte n'étant pas très crédible avec son accent forcé du midi (et jouer un mari cocu ça ne doit pas être le rôle le plus passionnant du monde).

J'y connais toujours rien mais donc, à part pour les inconditionnels de Pierre Arditi, ce n'est pas une pièce que je conseille vraiment même si elle n'est pas exempt de bons moments.


10 octobre 2008

"Fantasio"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Spirou mais, après "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" et "Lorenzaccio", je suis allé voir hier soir une autre pièce de théâtre d'Alfred de Musset nommée "Fantasio", laquelle se jouait à la Comédie Française à Paris. "Fantasio" est un bourgeois de Munich, poète dans l'âme et à l'humour cynique, qui s'ennuie terriblement (malgré qu'il soit entouré de ses amis de biture) et qui est en plus criblé de dettes, ses créanciers devant bientôt venir le déposséder de ses meubles. Mais une occasion en or se présente pour lui pour sortir de cet état léthargique et pour échapper à ses créanciers avec la mort de Saint-Jean, le bouffon du roi, dont il est bien décidé à prendre la place quitte à se déguiser comme ce dernier. Cet évènement tombe pile-poil au moment où l'on prépare le mariage de la princesse Elsbeth, la fille du roi de Bavière, avec le Prince de Mantoue, un homme ridicule et imbus de lui-même qui a l'idée de se travestir en échangeant ses habits avec ceux de son aide de camp Marinoni afin d'approcher discrètement la princesse. Cette dernière est dans un état de profonde tristesse à cause de ce mariage forcé mais aussi du fait que, malgré ses difformités, Saint-Jean était un homme qu'elle aimait...

Même si j'ai trouvé le début assez laborieux avec les discussions entre Fantasio et ses amis qui étaient un peu ennuyeuses, la pièce devient très drôle dès l'arrivée sur scène du personnage du Prince de Mantoue absolument hilarant! Rien que pour toutes les scènes où il apparaît, cette comédie d'Alfred de Musset vaut le coup d'être vue. Parce que pour ce qui est du personnage de Fantasio, je ne l'ai pas trouvé spécialement réjouissant ni vraiment sympathique, voire même secondaire et j'ai trouvé que c'était une fausse bonne idée que de le faire jouer par une femme car, même si cette dernière avait une voix et un physique relativement masculins, il était difficile de faire fi de cela et de croire au personnage. Mais bon, encore une fois le personnage du Prince de Mantoue rend la pièce tout à fait réjouissante et je n'ai absolument pas vu les 1h50 de spectacle passer! Un petit mot sur le décor qui était composé essentiellement d'un système de rideaux et d'une sorte de manège au milieu de la scène avec des meubles disposés sur le plateau tournant et un chandelier au dessus, cela donnait un côté assez féerique.

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce classique que je recommande malgré ces quelques défauts, à mon sens, que j'ai énoncé.


Les notes d'octobre 2008 sont réparties sur 2 pages :
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