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Les notes d'août 2008

29 août 2008

"Beaucoup de bruit pour rien"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à la réglementation sur les émissions sonores mais hier soir je suis allé voir la pièce "Beaucoup de bruit pour rien" de William Shakespeare qui se jouait dans une des salles de théâtre du Lucernaire à Paris. Le Lucernaire est un endroit assez spécial puisque c'est une sorte de complexe d'arts où l'on trouve entre autre, dans le même bâtiment, deux salles de théâtre, un cinéma, un restaurant, une librairie, etc... J'ai poiroté d'ailleurs comme un benêt dehors devant une espèce de sortie des artistes avant de me rendre compte qu'il fallait rentrer en passant entre les tables de la terrasse du café et dans ce qui me semblait être une simple librairie au premier abord, pas si évident que ça quand on n'est pas habitué!

Je pense que tout le monde connaît l'histoire de "Beaucoup de bruit pour rien", qui est une des comédies de Shakespeare les plus célèbres et qui a été adaptée dans un film qui a connu un bon succès. Sauf que moi, évidemment, comme j'y connais rien à rien, je ne n'ai découvert l'histoire qu'hier soir. Alors pour les incultes comme moi, je vais tenter de résumer rapidement tout ça. Il faut tout d'abord savoir que nous avons eu le droit à une version très libre de la pièce pour des raisons que nous verrons plus tard mais aussi très simplifiée puisqu'il y a normalement une bonne quinzaine de protagonistes dans la pièce originale mais ici il y avait en tout et pour tout 6 acteurs qui, à part un, ne jouaient qu'un seul rôle. De plus, la pièce a duré à peine 1h15. Mais venons-en à l'histoire : Bénédict et son ami Claudio sont deux soldats qui arrivent dans la propriété du comte Léonato. Bénédict est un tombeur qui ne croit pas en l'amour et qui trouve même les amoureux complètement niais. Il rencontre Béatrice, la nièce de Léonato, et un vif échange plein de bons mots et de railleries se déroule alors entre nos deux protagonistes. Il faut dire que ces deux là semblent bien se connaître et ont tous les deux un humour bien caustique et feignent en quelque sorte de se détester cordialement. Béatrice n'a pas non plus pas une grande opinion des hommes ni du mariage. Quant a Claudio, il tombe amoureux de la fille de Léonato, la douce et frêle Héro. Le sentiment est réciproque et un mariage va rapidement être organisé. Les futurs mariés, aidés du comte Léonato et de Marguerite, la servante de Héro, vont, pour s'amuser, tenter de faire tomber Béatrice et Bénédict dans les bras l'un de l'autre. Pendant ce temps, le perfide Don Juan (dans la pièce originale c'est le frère du prince Don Pedro, un ami de Léonato, mais qui n'est pas présent dans cette version, du coup je ne sais plus quel lien de parenté avec quel autre personnage ils lui ont donné, bref...) prépare un plan machiavélique pour saboter le mariage de Héro et Claudio avec l'aide de Marguerite, qu'il a séduit. Ainsi, cette dernière se déguise en Héro et fait croire à Claudio, avec l'aide d'un complice, que Héro lui est infidèle. Le lendemain Claudio fait publiquement ses accusations à Héro et annule le mariage. Bénédict, qui sent la supercherie, suggère à Léonato de faire croire que sa fille est morte suite à cette humiliation pour que les masques commencent à tomber, ce qui va rapidement se produire...

Normalement, la pièce se déroule en Sicile à la fin du XVIe siècle mais l'idée originale de la mise en scène était de transporter l'histoire d'origine dans l'Amérique des années 50! Les costumes, les décors et l'ambiance sonore allaient dans ce sens. Ainsi, nous avons le droit à du rock'n'roll de l'époque en fond sonore avec même des danses et des chansons exécutées par les acteurs. Autant dire que c'était très étonnant et inattendu! Les décors étaient très sommaires avec notamment 2 fauteuils art-déco, par contre plutôt dans un style années 60 assez flashy mais qui collaient tout à fait à l'ambiance. Quant aux costumes, c'était également dans l'esprit des "50's" avec par exemple Bénédict et Claudio déguisés en soldats américains de ces années là. Ce qui est étonnant aussi c'est que l'on rit beaucoup dans cette pièce, ça m'a pas mal changé de la tragédie "Jules César" du même auteur, que j'avais eu l'occasion de voir sur la scène du Théâtre 14 il y a quelques mois. Évidemment l'interprétation y est pour beaucoup avec quelques ajouts libres comme lorsque Léonato arrive avec une bouteille de coca-cola à la main en s'écriant "que je sois pendu si cette boisson a du succès un jour!". Mais le texte d'origine a aussi gardé sa force comique plus de 400 ans après et c'est assez remarquable.

Bref, j'y connais toujours rien et les puristes de Shakespeare vont certainement hurler face à cette version mais personnellement, j'ai passé un très bon moment!


27 août 2008

"La bombe"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'industrie de l'armement mais hier soir je suis allé voir "La bombe", de Carole Greep, qui se jouait au théâtre Le Mélo d'Amélie à Paris. J'avais déjà vu une pièce de Carole Greep en mars dernier, intitulée "J'aime beaucoup ce que vous faites", que j'avais trouvé sympathique mais sans plus la faute à un humour qui se voulait féroce mais qui n'était pourtant pas assez incisif à mon goût. Avec "La bombe", Carole Greep continue dans la comédie caustique mais j'ai trouvé cela largement mieux écrit que la pièce citée précédemment avec également une part d'émotion plutôt bienvenue et inattendue si on ne se fie qu'au résumé de l'histoire que je vais d'ailleurs tenter de raconter.

Caroline (jouée normalement par Carole Greep elle-même, mais je ne sais pas si c'était elle ce soir-là) et Stéphane forment un couple de trentenaires qui a eu 3 enfants ensemble et dont l'amour s'est quelque peu étiolé ces dernières années. Il faut dire aussi que Caroline a eu un accouchement difficile avec le petit dernier, ce qui n'a pas arrangé son caractère à la base déjà très difficile. Elle est de plus persuadée que Stéphane la trompe car comme elle le dit elle même : elle met 2 ans à retrouver une sexualité normale après un accouchement et chacun de ses enfants a 2 ans d'écart, donc... On ne peut pas dire non plus qu'elle soit de première fraîcheur et au top de sa séduction, notamment avec sa bouée collée aux fesses vu qu'elle a mal quand elle s'assoit du fait des complications post-natales. Bref, autant dire qu'elle est d'une humeur massacrante! Pourtant, ces vacances au bord de la mer sont censées la reposer et l'aider à reconstruire son couple. Les enfants sont certes venus avec eux mais Stéphane a embauché une baby-sitteuse pour s'en occuper. Mais horreur pour Caroline : la baby-sitteuse en question est une jeune anglaise de 18 ans pas très vêtue et au corps superbe. Pour résumer, en langage masculin : c'est une bombe! Et qui plus est, elle semble bien trop proche de Stéphane au goût de Caroline et ses craintes ne sont peut-être pas si infondées...

Bref, comme je le disais, en lisant un tel résumé de la pièce on peut s'attendre à une grosse comédie de boulevard avec le coup de la femme cocufiée qui va se venger durant toute la pièce mais en fait, l'histoire était beaucoup plus fine que cela, rarement vulgaire, avec un vrai fond et un dénouement relativement inattendu. En plus j'ai trouvé les acteurs vraiment excellents, surtout celle qui joue Caroline (encore une fois c'était peut-être Carole Greep, l'auteur de la pièce). Certes, le côté caractériel du personnage était poussé à l'extrême mais c'était joué de façon très juste et bien que bouillonnant et parfois exaspérant, le personnage était attachant. Le personnage d'Alban, le voisin de vacances de Caroline et Stéphane, un "vieux beau" coureur de jupons invétéré, était un élément très drôle de la pièce qui rendait amusantes certaines scènes assez tendues. Les autres acteurs n'étaient pas en reste bien que celle qui jouait "la bombe" en question était relativement en retrait finalement. Bref, c'est une comédie durant laquelle on rit très souvent avec quelques dialogues bien savoureux jusqu'à la dernière scène.

J'y connais toujours rien mais je tiens à mettre en garde les grandes perches : le théâtre Le Mélo d'Amélie, bien qu'ayant du charme, n'est pas des plus confortables et certaines personnes ont même suivi la pièce assis sur les marches (mais on leur a fourni des coussins tout de même). En même temps cela prouve que le théâtre marche très bien en ce moment (les deux dernières pièces que j'ai vu ont fait salle comble également) ce qui fait plutôt plaisir surtout avec des comédies de bonne qualité.


22 août 2008

"Je m'occupe du café"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à la torréfaction mais hier soir je suis allé voir "Je m'occupe du café", de Nathalie Albar et Florence Lavergne (qui jouent également dans la pièce), au théâtre Trévise à Paris. La pièce se déroule dans une salle des fêtes où avait eu lieu l'anniversaire des 30 ans d'un certain Philippe. Dans la salle il ne reste plus que Martha, une fille de style bohème, indomptable et à l'humour caustique. Déboule ensuite, armée de son balai, Alex qui est la femme de Vincent lequel n'est tout autre que le frère de Martha et l'ami d'enfance du nouveau trentenaire. Alex est une véritable casse-bonbons du genre donneuse de leçons, du genre aussi à dire "tu sais que je n'aime pas critiquer mais..." et à casser du sucre derrière le dos des gens, du genre également à imposer ses principes, etc, etc... bref, la caricature même de la mégère. Est présent également Antoine, un grand benêt qui a toujours un dicton ou un proverbe pour toutes les situations, le genre de gars gentil et inoffensif qui ne s'embrouille avec personne et qui est accessoirement le cousin de Philippe. Alex râle car son mari Vincent, qui est parti raccompagner chez lui le trentenaire Philippe complètement saoul, n'est toujours pas revenu. On peut dire que pendant les 20 premières minutes de la pièce on n'entend qu'elle, critiquant à tout va comme on peut se l'imaginer et faisant de la philosophie de comptoir. Finalement, Vincent est revenu, les mains pleines de cambouis, la batterie de la voiture est visiblement à plat et Philippe dort sur la banquette arrière. Tout ce beau monde est donc bloqué dans la salle tant que la voiture n'est pas réparée. Vincent se fait copieusement incendier par sa femme et on sent tout de suite qu'il est plutôt très lâche et qu'il la laisse s'imposer et partir dans des discours délirants sous l'oeil moqueur de Martha. Au fur et à mesure de la soirée les engueulades en tout genre s'accumulent, la voiture devient définitivement hors d'état de marche et ce n'est pas vraiment le café que nos protagonistes boivent pour patienter qui détend les nerfs. Soudain, du bruit résonne depuis les cuisines. C'est en fait une des invitées qui s'était endormie sur les toilettes et qui vient de se réveiller. Mais Vincent semble bien connaître cette jeune femme et redouter même sa présence... Bref, pour résumer, nous avons là une comédie plutôt douce-amère, remplie de jolies proverbes et de réflexions plus ou moins caustiques sur la vie, de petites vannes et de moments plus émotionnels. J'ai trouvé que cette pièce avait quelques longueurs et s'éternisait même un peu sur la fin mais on ne passe pas un mauvais moment pour autant et on se sent même assez proche des personnages. Par contre, l'interprétation sonnait un peu faux parfois mais bon, rien de bien choquant non plus.

J'y connais toujours rien mais si vous aimez les comédies légères avec une part d'émotion, peut-être trouverez-vous votre compte avec ce "Je m'occupe du café" (je sais, c'est moisi comme conclusion mais il se fait tard!).


"Pièce détachée"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au bricolage mais je suis allé voir récemment "Pièce détachée", de Thierry Buenafuente, qui se jouait au Théâtre de Dix Heures à Paris. Je me disais que la salle serait assez vide vu qu'on est tout de même en plein mois d'août et en fait c'était quasiment complet, ce qui était plutôt une agréable surprise! Pour en revenir à "Pièce détachée", l'histoire est celle d'Edouard, un publicitaire qui est revenu en France après un séjour de quelques années aux Etats-Unis et qui invite chez lui, pour le réveillon du jour de l'an, trois des collègues de son ancienne boite. Il tient à en profiter également pour leur présenter sa petite amie américaine du nom de Katherine (prononcer "casssss'rine"). Deux de ses invités arrivent : il y a d'abord le beauf macho, dont j'ai oublié le prénom, et ensuite Michel, un séducteur à l'humour corrosif qui est venu déguisé en Batman suite à une blague que lui a fait le premier en lui faisant croire que c'était une soirée déguisée. Le troisième invité met du temps à venir alors que sonnent déjà les douze coups de minuit et c'est alors... en fait je vais être obligé de spoiler donc, même si à mon sens cela ne met pas non plus à mal l'impact comique de la pièce, je préfère le signaler avant que vous continuiez la lecture.

Bon, on continue quand-même? OK! Donc les douze coups de minuits retentissent sauf que, finalement, l'horloge s'arrête à onze coups. Dans le public une voix s'élève alors pour protester vivement, c'est en fait le (faux) metteur en scène de la (fausse) pièce qui coupe la (fausse) répétition. Eh oui, on nous refait ici le coup de "on vous a bien eu, la pièce qui est jouée est une fausse pièce dans la pièce!". Ce procédé n'est pas original puisque ceux qui lisent assidûment mon blog, c'est-à-dire personne, savent que j'ai vu plusieurs pièces reposant sur cet effet comique dont la dernière en date est "Jupe obligatoire". Mais la particularité c'est qu'ici cela intervient dès les 10 premières minutes. Et en plus, le faux metteur en scène de la fausse pièce est le vrai metteur en scène de la vraie pièce, vous suivez? Pour en revenir à l'histoire, le metteur en scène engueule copieusement ses acteurs qui sont visiblement des acteurs au rabais. Celui qui joue Edouard utilise des antisèches collées derrière le décor et boit plus que de raison sur scène, celui qui joue Michel répète parfois à voix basse sans le vouloir le texte des autres et doit s'occuper également des décors qui laissent à désirer, celui qui joue le beauf macho est un homosexuel complètement caricatural, etc... En tout cas c'était plutôt bien vu puisque chacun dans le public avait au moins remarqué un de ces détails en ne sachant pas encore que c'était une fausse pièce au début. Par exemple, j'avais remarqué que celui qui interprète Edouard avait bu cul sec son verre de vin et remplissait souvent son verre ou encore que celui qui joue Michel répétait du bout des lèvres certaines répliques de ses camarades mais je n'en avais pas pour autant établi des conclusions comme quoi les acteurs étaient mauvais ou quoi que ce soit, je trouvais même la fausse pièce plutôt bien jouée par rapport à certaines vraies pièces que j'ai vu! Bref, le reste de la pièce repose sur la confrontation caustique et assez hilarante entre les acteurs et leur metteur en scène qui est tout aussi incompétent qu'eux. Finalement, à quelques jours de la répétition générale, ce metteur en scène pense que la pièce fonctionnerait mieux si les acteurs échangeaient leur rôle sachant que l'acteur pressenti pour jouer le rôle du dernier invité qui tardait à arriver a refusé la proposition. Cette "Pièce détachée" se termine alors de nouveau sur la fausse pièce avec les rôles échangés et c'est une véritable catastrophe de bout en bout : le gars qui jouait Edouard est complètement saoul, le décor n'est pas fini avec une échelle et une perceuse qui sont restés sur scène, les effets sonores sont loupés, les acteurs arrivent au mauvais moment, il y a une panne d'électricité etc, etc... un vrai jeu de massacre donc (je pensais d'ailleurs que le spectacle de Dau et Catella reposerait sur ce principe, ça aurait été certainement beaucoup plus drôle ainsi)! Soyons honnête, ce n'était pas la pièce de l'année et encore une fois la pièce repose sur un procédé qui n'est pas foncièrement original mais pourtant je me suis beaucoup marré! Par contre, ce qui est original, c'est que jusqu'à la fin on ne sait pas si on est encore dans la pièce ou si c'est vraiment fini! Les acteurs plaisantant encore avec le public lors des salutations. Justement, pour parler de ces acteurs, je dirais qu'ils ont une bonne énergie alors que ce soir-là faisait partie de leurs dix dernières représentations et qu'ils ont joué ça au moins toute l'année sans s'arrêter pratiquement donc j'ai pas mal de respect pour ça. On va me rétorquer que c'est leur job mais je réponds qu'il faut quand-même avoir la foi. Enfin pour finir, je les ai trouvé plutôt bons, surtout celui qui jouait l'acteur saoul, il avait vraiment LA tronche, un espèce de Depardieu sous acide.

J'y connais toujours rien mais si vous avez envie de vous marrer un bon coup sans complexe, je recommande cette pièce, en espérant qu'elle passe par chez vous parce que pour Paris c'est bientôt fini!


"Le Chevalier Noir"

Cinéma 4/4

J'y connais rien aux chevaliers des temps modernes à part peut-être Michael Knight et sa monture mais il faut avouer que David Hasseloff ne fait plus trop partie des temps modernes. Toujours est-il que je suis allé voir "Le Chevalier Noir" ("The Dark Knight" en V.O.), le nouveau film sur Batman réalisé par Christopher Nolan, quasiment 20 ans après avoir vu en salle obscure le "premier" film - en mettant de côté celui de 1943 et celui de 1966 - réalisé par Tim Burton (ouais, y a pas à dire, c'est ce genre de réflexion qui me fait ressentir que je suis bel et bien trentenaire depuis 2 semaines). Bon, j'avoue, j'étais allé voir "Batman & Robin" au ciné aussi mais on va dire que ça ne compte pas hein? Bref, j'étais impatient de voir ce dernier opus de l'homme chauve-souris même si je ne me décrirais pas non plus comme un fan ultime des "Batman" : je trouve les versions par Tim Burton fort sympathiques mais pas si géniales que ce qu'on en dit, de même pour "Batman begins", du même Christopher Nolan, en précisant toutefois qu'il relevait largement le niveau par rapport aux deux précédentes bouses réalisées par Joel Schumacher (pendant longtemps j'ai dit que je trouvais "Batman forever" plutôt cool avec son côté coloré et plus proche de la série des années 60 mais je l'ai revu récemment et c'est quand même la grosse défaite avec des acteurs qui cabotinent comme jamais). Mais là je sentais quelque chose de spécial et pas du tout à cause de tout le foin qui a été fait à propos de la prestation de Heath Ledger dans le rôle du Joker car je me méfie toujours des louanges qui ont lieu après la mort d'un acteur. Cependant, force est d'avouer, après le visionnage de ce film, que sa prestation est époustouflante surclassant celle de Jack Nicholson dans le même rôle qui était pourtant déjà bien ultime!

Pour ce qui est du film en lui-même, plutôt que de le résumer je vais passer directement à mes impressions et je peux dire qu'il était fidèle à mes attentes : c'est-à-dire tout simplement excellent! Ceux qui s'attendent à un film de super-héros à la limite du fantastique avec des explosions à la pelle dès les premières minutes seront certainement très déçus! Les grosses scènes d'action (vraiment impressionnantes) démarrent à mon sens après 1h de pellicule. Je dirais même que le début du film ressemble à un film policier musclé avec un côté quasi-documentaire faisant penser immédiatement à un film de Michael Mann genre "Heat" avec la terriblissime scène d'ouverture qui consiste en un braquage en plein jour d'une banque qui blanchi l'argent de la pègre locale et dans laquelle on voit apparaître le Joker. Et tout de suite la couleur est donnée au film : il a la noirceur des versions par Burton mais la fantaisie et le second degré en moins. Dans d'autres cas, cela pourrait être une critique mais ici c'est vraiment un énorme atout au film! Fini les scènes oniriques et les cabotinages des uns et des autres, tous les personnages dans ce film sont profondément humains, leurs vertus et leurs vices poussés à l'extrême, certes, mais humains. Fini aussi les happy-ends mais je n'en dirai pas plus à ce sujet. Même la première scène où l'on voit Batman en action montre un personnage loin d'être un super-héros invincible puisqu'il est blessé par de simples morsures de chiens et il y a aussi un côté pathétique à cette scène étant donné qu'on y voit des civils qui se déguisent en Batman pour tenter maladroitement et inefficacement de l'imiter et de combattre eux aussi les truands. On sent aussi un héro fatigué dont tous les espoirs reposent sur le nouveau et dynamique procureur, Harvey Dent, qui lui permettra peut-être de raccrocher les gants et de vivre enfin libre son idylle avec Rachel Dawes. C'est sans compter le Joker qui plongera la ville dans le plus profond chaos, mettant en exergue les plus vils comportements dont même ceux du héros masqué ainsi que ceux de Harvey Dent, devenu Double-Face après avoir été défiguré suite à un piège du Joker aidé en cela par des flics corrompus. D'ailleurs, le personnage de Double-Face aurait mérité d'être plus développé mais il aurait fallut rajouter une heure de film pour ça. En tout cas, là aussi on est très loin des cabotinages de Tommy Lee Jones dans le même rôle. On n'arrive pas non plus à détester dans ce film les "vilains" qui sont encore une fois humains et qui sont ce qu'ils sont pour des raisons profondes. Ils sont le reflet de la société représentée par cette ville imaginaire qu'est Gotham, c'est-à-dire une société pourrie dominée par la corruption et la pègre. Le film n'est tout de même pas exempt de défaut et pourra paraître quelque peu longuet mais personnellement, je n'ai pas regardé ma montre une seule fois et je trouve ça bien que le film prenne le temps d'installer les personnages et de développer leur psychologie.

J'y connais toujours rien mais je conseille plus que vivement de voir ce film en V.O., histoire d'apprécier au mieux la prestation de Heath Ledger qui crève l'écran et ce ne sont pas là des louanges posthumes sans sincérité.


Les notes d'août 2008 sont réparties sur 2 pages :
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