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Les notes de décembre 2008

04 décembre 2008

"Public or not public"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'histoire du théâtre mais la semaine dernière je suis allé au Théâtre le Ranelagh à Paris pour voir le spectacle "Public or not public" de Carlo Boso joué par la Quadrilla, une bande de 4 jeunes comédiens qui vient tout droit de la troupe du Théâtre de l'Esquisse. Je parle plutôt de spectacle et non vraiment de pièce à proprement parler puisque la Quadrilla nous propose, de façon ludique et complètement loufoque, de revisiter avec nous l'histoire du théâtre et surtout, comme son nom l'indique, la place du public dans cet art. La bande nous fera passer de la préhistoire jusqu'au théâtre contemporain en passant par quasiment toutes les époques et tous les genres, que ce soient les jeux du Cirque, la Comedia Del'Arte, la tragédie shakespearienne ou même le théâtre japonais!

J'avoue qu'au tout début j'ai eu un peu peur car j'avais plus l'impression d'assister à un show à sketchs de 4 comiques qu'à une pièce de théâtre et je craignais de ne pas du tout accrocher à leur humour comme cela m'était arrivé malheureusement pour le spectacle de Dau et Catella en juin dernier, il faut dire que je ne suis pas fan des comiques sur scène. En plus, ils ne se contentaient pas de parler du public dans leur spectacle, ils venaient chercher des gens pour les faire monter sur scène et c'est vrai que je n'aime pas du tout ça non plus a priori! Cependant, j'ai été très rapidement pris au jeu (heureusement ils ne m'ont pas repéré et je ne suis pas monté sur scène!) et il faut avouer que le spectacle est très ludique, on apprend vraiment pas mal de choses sous couvert d'un humour parfois potache! Mais en fait, au fur et à mesure de la pièce, on se rend compte que c'est un véritable cri d'amour pour le théâtre, les comédiens jouant parfois des vraies scènes de vraies pièces tout à fait sérieuses comme "Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand, "Des souris et des hommes" de John Steinbeck, "Hamlet" de William Shakespeare et j'en passe! Ils ont même abordé l'opéra en jouant une scène de "Carmen" (un moment assez dantesque avec une participation active de gens du public sur scène)! Pour illustrer la Comedia Del'Arte, qui est du théâtre improvisé, ils nous ont demandé de leur donner des mots sur lesquels faire une improvisation et s'en sont bien sorti. C'était franchement très diversifié et ils prenaient le soin de nous expliquer chaque époque abordée mais de façon toujours drôle, jamais didactique, il faut dire qu'il n'y avait pas de temps mort et toujours un gag glissé ça et là. Ce qui était amusant c'est que dès le début ils ont désigné une jeune fille dans le public qu'ils nommeraient "Virginia" et le gag récurrent c'était de venir chercher régulièrement la jeune fille pour qu'elle vienne jouer des scènes avec eux. La Virginia du soir a en tout cas bien joué le jeu et les comédiens au moment des salutations à la fin lui ont tous offert une rose, si ce n'est pas mignon!

Bref, j'y connais toujours rien mais j'ai passé vraiment un bon moment! Cependant, il vaut mieux venir entre amis, c'est plus facile de se lâcher ainsi surtout si on est timide vu que comme je le disais, le public est largement mis à contribution. D'ailleurs, celui de ce soir-là était assez timide justement (moi en premier hein!) donc ça manquait un peu de folie par moment mais tout le monde semble avoir passé une très bonne soirée tout de même parce que "public or not public?"... "public" évidemment!


03 décembre 2008

"Belle(s) famille(s)"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au mariage mais, il y a 8 jours, je suis allé voir la pièce "Belle(s) famille(s)" de et avec Alain Cauchi. Cela se passait à la Comédie Bastille où j'avais vu l'excellentissime "Chacun sa croix!", en mai dernier, qui reste une des meilleures pièces que j'ai vu cette année! "Belle(s) famille(s)" raconte l'histoire de Toni qui a quitté son cocon familial de Marseille pour tenter sa chance en tant que photographe à Paris où il rencontre Mathilde avec qui il s'installe dans une maison en campagne. Nos deux tourtereaux veulent se marier et ils décident donc d'inviter chez eux leurs parents respectifs, qui ne se sont jamais rencontrés auparavant, pour leur annoncer la nouvelle. Toni et Mathilde ont eu tous les deux un parcours assez chaotique, l'un devant arrondir ses fins de mois en tant que décorateur et ayant eu une relation échangiste avec une femme plus âgée que lui et l'autre étant une ancienne toxicomane qui s'est mise à l'écriture et qui a déjà rédigée le manuscrit d'un roman s'inspirant de sa vie personnelle. Leurs rapports avec leurs parents sont assez compliqués également, Mathilde étant issu d'une famille bourgeoise et n'ayant pas vu sa mère depuis 2 ans et se faisant ignorer par son frère et sa soeur. Quant à Toni, il est lui issu d'une famille modeste, son père (interprété par Alain Cauchi lui-même) travaillant dans une décharge à Marseille, et il a été quelque peu étouffé par l'amour un poil envahissant des siens. La pièce commence d'ailleurs alors que seul le père de Toni vient d'arriver et s'est cloîtré dans la chambre à l'étage pour lire le fameux manuscrit de Mathilde. Il est venu seul car il s'est embrouillé avec sa femme qui l'a viré de la maison pour une obscure histoire de trafic de cuivre dont l'argent servait en fait à payer les études de Toni. Le père de Toni est un gentil gars débonnaire aussi sympathique - d'autant plus avec son accent chantant que Toni a lui par contre perdu - que maladroit avec les rapports humains. Quant à sa femme, qui viendra après puisqu'elle n'a pas voulu faire le voyage avec lui, c'est un petit bout de femme bien vivace à l'amour un peu trop débordant pour son fils. Pour ce qui est des parents de Mathilde, il y a le père médecin calme et plein d'amour et de compassion pour sa fille et la mère, caricature de la bourgeoise un peu coincée et hautaine, qui n'a pas su gérer ses rapports avec sa fille. Mais comment annoncer son intention de se marier à des parents dont le propre couple est sur le déclin et qui sont d'un monde si différent?

J'ai trouvé cette pièce vraiment sympathique grâce notamment aux acteurs qui jouent les parents et qui sont tous impeccables! Surtout les rôles des pères en fait, les acteurs jouent de façon vraiment authentique! Les mères sont plus caricaturales mais la prestation des actrices est néanmoins excellente et on retrouvera certainement tous un peu de nos mamans en elles. Les jeunes acteurs sont un peu plus discrets par rapport à leurs collègues plus expérimentés mais il faut dire que leur rôle se retrouve en fait en second plan au fur et à mesure de l'histoire. Pour la pièce en elle-même on pourrait parler de comédie psychologique qui tourne assez vite à la thérapie familiale avec de nombreux moments drôles néanmoins. C'est d'ailleurs le seul reproche que j'aurais à faire à la pièce, au bout d'un moment elle tourne un peu en rond et elle aurait pu être un peu écourtée. Mais sinon, la pièce ne tombe quasiment jamais dans la grosse farce improbable, elle sonne même plutôt juste, et on sort de là avec le sourire! Un petit mot sur le décor qui était très bien fichu : on se serait vraiment cru au rez-de-chaussée d'une maison de campagne, même la lumière venant de l'extérieur était bien retranscrite.

J'y connais toujours rien mais ça faisait bien plaisir de retrouver le très confortable théâtre de la Comédie Bastille d'autant plus que je n'ai jamais été aussi bien placé au théâtre : au deuxième rang pile en face de la scène, sachant que le premier rang était vide! Et si les comédies qui se jouent là-bas restent de cette qualité, je risque d'y revenir assez souvent.


Les notes de décembre 2008 sont réparties sur 2 pages :
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