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05 septembre 2008

"Exercices de style"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux procédés littéraires mais, hier soir, je suis allé voir la pièce "Exercices de style", d'après l'oeuvre de Raymond Queneau, qui se jouait au Théâtre Rouge du Lucernaire à Paris où j'avais d'ailleurs vu "Beaucoup de bruit pour rien" il y a à peine une semaine. Pour ceux qui ne le savent pas, "Exercices de style" est un bouquin qui raconte de 99 façons différentes la même histoire (en alexandrins, en sonnet, en anagrammes, en contrepèterie, etc, etc...) laquelle tient d'ailleurs en quelques lignes : un jeune homme au long cou, qui porte un chapeau muni d'une tresse à la place de l'habituel ruban, s'embrouille avec des passagers d'un bus et va ensuite s'asseoir à une place libre. Puis, le narrateur revoit plus tard cet homme dans la rue qui discute avec un ami lequel lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son manteau.

Bon, bon... C'est sûr que raconté comme ça, ça donne pas très envie! Mais tout d'abord, je tiens à apporter un élément rassurant : dans la pièce, il n'y a heureusement pas 99 sketchs! Et en plus, la vingtaine de sketchs qu'il y avait étaient pour un grand nombre assez hilarants! Les acteurs étaient 3 sur scène et enchaînaient chaque figure de style quasiment sans temps mort. Nous avons eu le droit entre autre à l'histoire racontée comme un match de foot, comme un jeu télévisé, comme un cartoon, comme une élection de miss France, comme un sitcom, etc... En fait, tout tournait autour du monde de la télévision et parfois, entre une série de sketchs, on entendait des extraits sonores de grands moments de la télé comme la célèbre "bravitude" de Ségolène Royal, les énervements de notre cher Président, l'embrouille en direct entre Jean-Michel Larqué et Thierry Roland et des tas d'autres extraits assez insolites et cultes qui provoquaient facilement l'hilarité générale. D'ailleurs, on peut dire que la mise en scène reposait beaucoup sur les sons, l'exercice de style "cartoonesque" était par exemple absolument fabuleux à ce niveau mais également au niveau des costumes. A priori, on s'attend à quelque chose de totalement dépouillé pour une telle pièce, il n'y avait par exemple presque aucun décor, mais niveau costumes il y avait de quoi faire, souvent avec les moyens du bord mais de façon très astucieuse (encore une fois, le cartoon en live était super bien fait). Par contre c'est sûr que tout n'était pas bon, il y avait quelques exercices de style en chanson mais je trouve qu'il y en avait un peu trop à mon goût et de qualité diverse (les versions rock et rap étaient fabuleuses, la version country ou façon Edith Piaf beaucoup moins). Mais surtout, le sujet est quand-même très casse gueule et le tout peut devenir très vite ennuyeux. Mais dans l'ensemble, j'avoue que je n'ai pas trop vu le temps passer et la performance de la mise en scène et des acteurs est plus que louable!

J'y connais toujours rien mais si vous aimez le burlesque et le comique de situation, je ne peux que vous recommander ces "Exercices de style"!


"Pour ceux qui restent"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à l'acteur Pascal Elbé mais, mardi soir, je suis allé voir une pièce qu'il a écrit intitulée "Pour ceux qui restent" et qui se jouait dans la petite salle au sous-sol du Théâtre Le Temple à Paris (la même où j'avais vu le one-man-show de Thomas VDB quelques mois auparavant). La pièce se déroule dans le salon d'un appartement parisien qui est plongé dans le noir au début. On voit débouler un cambrioleur, coiffé d'un bonnet et muni d'une lampe de poche, qui remplit son gros sac de divers objets et de bouteilles de vin. Mais très vite, il est obligé de se réfugier sous le canapé car des gens arrivent. C'est un couple, Nicole et Simon, qui reviennent de l'enterrement de leur ami Antoine, le propriétaire de l'appartement en question, qui est mort accidentellement en tombant d'un tabouret sur lequel il s'était mis debout pour faire une réparation sur son balcon puis en tombant par dessus le balcon lui-même. Arrive ensuite Dominique, une de leurs amies, qui est visiblement très affectée par la mort d'Antoine. Le cambrioleur profite que tout ce beau monde soit parti discuter dans la cuisine pour sortir de sous le canapé et pour s'enfuir avec son sac déjà bien rempli que personne n'avait remarqué. Sauf que Simon revient dans le salon avant que notre voleur ait eu le temps de sortir. Heureusement pour ce dernier, Simon pense que c'est une connaissance d'Antoine et qu'il ne l'a juste pas entendu entrer. Bien que voulant partir, le cambrioleur, qui se prénomme Mathieu, sera coincé durant cette longue soirée où les embrouilles et les règlements de compte vont s'enchaîner. D'abord il y a Simon qui, "vu les circonstances", veut reporter son mariage de dans 3 semaines avec Nicole. Sauf que cette dernière n'est pas du tout enchantée par cette idée, c'est le moins qu'on puisse dire! Il y a ensuite Dominique qui est enceinte... mais pas de son mari, le malheureux n'étant pas au courant de la tromperie et pensant que le bébé est de lui. Et enfin il y a Gégé, un ami que Simon a complètement oublié de prévenir au sujet de la mort d'Antoine et à qui il va téléphoner pour l'inviter à venir passer en faisant croire qu'Antoine organise une soirée chez lui car il est incapable de lui annoncer la vérité... Il faut dire en plus que Gégé vient tout juste de se faire quitter par sa femmes qui est partie avec les gosses. Mais surtout, au fur et à mesure des prises de tête qu'auront nos protagonistes, une terrible question va tarauder leur esprit : et si ce n'était pas un accident? Et si Antoine s'était suicidé? Pourtant il n'a laissé aucun mot et n'a prévenu aucun de ses amis qui ne se sont d'ailleurs rendus compte en rien du mal-être qu'il devait vivre. En fait... sont-ils vraiment des amis les uns pour les autres?

Nous avons donc ici une comédie assez noire qui traite en quelque sorte de la soit-disante solidité de l'amitié et dont l'effet comique repose surtout sur le cambrioleur Mathieu, qui est en fait un sympathique grand dadet qui profite du quiproquo à son sujet pour siffler les bouteilles de l'appartement, manger à l'oeil et assister, hilare, aux prises de bec des uns et des autres toute la soirée. Son attitude pour le moins nonchalante voire complètement je m'en foutiste et le fait qu'il ait du recul au sujet du drame va en plus l'amener à faire poser les bonnes interrogations aux gens présents. Il y avait vraiment d'excellents moments très bien sentis et très drôles dans cette pièce mais il y avait aussi beaucoup de longueurs, ça se traînait notamment pas mal sur la fin et comme la pièce dure bien 1h30 et commence à 21h45, je dois avouer que la fatigue commençait à se faire sentir au bout d'un moment surtout en pleine semaine. Sinon, les acteurs n'étaient pas inoubliables mais pas mauvais pour autant, j'ai apprécié particulièrement Maxime Thévenon, celui qui joue le cambrioleur, qui a vraiment des expressions de visage bien marrantes. J'ai été un peu bloqué sur la voix de la belle Elodie Bouleau, celle qui jouait Nicole, car j'étais sûr d'avoir entendu sa voix pour de nombreux doublages à la télévision et au cinéma, à vérifier!

Bref, j'y connais toujours rien mais si vous aimez l'humour noir et que vous êtes des couches-tard, peut-être apprécierez-vous cette pièce.