https://ga.spou.net
https://ga.spou.net
 << date précédente : 12 septembre 200825 septembre 2008 : date suivante >> 

19 septembre 2008

"Equus"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à l'équitation mais hier soir je suis allé voir la pièce "Equus" de Peter Shaffer au Théâtre Marigny (dans la grande salle où j'avais vu "La tectonique des sentiments" en avril dernier). Cette pièce a eu un écho dans les medias internationaux il n'y a pas très longtemps car elle a été jouée à Londres avec Daniel Radcliffe, le comédien qui joue "Harry Potter" au cinéma, dans un des rôles principaux et comme il y a deux scènes de complète nudité pour le rôle en question dans cette pièce, cela avait fait un peu scandale. "Equus" raconte l'histoire d'un psychiatre, Martin Dysart, qui se voit confier le cas d'un jeune patient de 17 ans, Alan Strang, qui, dans un accès de folie inexpliqué, a crevé les yeux de 6 chevaux au manège où il travaillait. Tout d'abord enfermé dans un mutisme et ne s'exprimant que par le biais de jingles de pubs télévisés, le jeune homme va peu à peu se confier au Docteur Dysart tout en jouant avec lui à un jeu tordu de la vérité qui poussera le psychiatre dans ses derniers retranchements.

On peut dire que la pièce était vraiment très sombre (avec quelques moments d'humour noir) mais j'ai beaucoup aimé! Cela se déroulait un peu à la façon d'une enquête policière et psychologique avec "interrogatoires", petits secrets dévoilés au fur et à mesure, flash backs et réflexions intéressantes sur la religion et le concept de "normalité". La mise en scène était plutôt bien foutue et ingénieuse : tous les acteurs présents dans la pièce (une bonne douzaine) étaient pratiquement constamment sur scène, tapis dans l'ombre quand ce n'était pas à eux de jouer et, tout comme la pièce "Good canary" que j'avais vu en début d'année, des meubles et d'autres éléments de décor arrivaient sur scène automatiquement par un système de rails invisibles. Il y avait également un cercle au milieu de la scène qui pouvait pivoter (avec des barrières arrondies qui descendaient du plafond quand il fallait représenter le manège de chevaux), la scène s'avançait également vers le public en se finissait en pointe, il y avait une sorte d'entrée au fond de la scène, etc... Bref, un décor de cirque en quelque sorte. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le rôle principal de la pièce est celui du Docteur Dysart, un homme très compétent dans son travail mais rempli de doutes et finissant par envier la folie de son patient qui est quelque part bien plus libre que lui. Par contre il y avait pas mal de rôles qui ne servaient pas à grand chose ou disons pour lesquels on ne voit apparaître les personnages en question que 5 minutes dans toute la pièce. Pour ce qui est des fameuses scènes de nudités, elles mettent assez mal à l'aise mais ne sont pas gratuites pour autant.

En somme, j'y connais toujours rien mais je n'ai personnellement pas trop vu passer les presque 2h15 de la pièce, à vous de voir maintenant si vous aimez les ambiances un peu glauques teintées de surnaturel.


"Master class"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Maria Callas mais, mardi soir, je suis allé voir la pièce "Master class" de Terrence McNally, avec Marie Laforêt dans le rôle principal, qui se jouait au Théâtre de Paris où j'étais déjà venu voir la pièce "La maison du lac" il y a quelques temps. Apparemment, il y avait beaucoup moins de monde que prévu ce soir-là puisque j'étais censé être encore au 36ème balcon et j'ai été placé en bas dans l'orchestre comme quasiment toutes les autres personnes qui devaient être également aux étages. Bon, personnellement ça m'arrangeait bien, j'avais ma place tranquille tout seul à part que je me suis retrouvé pas loin d'un mec chelou qui faisait du bruit en sortant de son sac des sandwichs emballés dans de l'aluminium alors que le spectacle était largement commencé. Original, ça change des mecs qui font du bruit avec leur pop-corn dans les salles de cinéma et de toute façon, il a vite reçu une bonne grosse vague de protestations qui lui ont coupé l'appétit.

Bref, pendant que les ouvreuses plaçaient les gens, le rideau de la scène était apparemment levé depuis longtemps et laissait apparaître un décor quasiment nu avec un piano dans un coin, une table et un tabouret dans l'autre. Il y avait encore une échelle posée contre le mur qu'un technicien est venu enlever pendant qu'un homme s'asseyait discrètement derrière le piano puis, sans prévenir, déboule Marie Laforêt alors que toutes les lumières étaient encore allumées et que des gens se faisaient encore placer. En fait, on comprend vite qu'elle joue déjà son rôle de Maria Callas et que nous, spectateurs, sommes des étudiants qui assistons à un des cours magistraux - un master class - de la diva. C'était une entrée en scène vraiment originale et on avait vraiment l'impression au début d'assister à un cours, on rentre très vite dans le jeu! J'ai même cru que Marie Laforêt allait faire monter des gens sur scène car elle s'adressait au public assez explicitement. Puis la pièce prend vraiment forme quand déboule les autres comédiens. Cette pièce est basée sur les souvenirs de son auteur, Terrence McNally, qui avait assisté en 1972 à un des derniers master class de la Callas. Il nous montre une Maria Callas vieillissante à l'humour corrosif surtout vis-à-vis de ses "rivales" dans le métier, à l'égo assez surdimensionné mais en même temps envahie d'une fervente passion pour la musique et qui, malgré un caractère difficile et antipathique au premier abord, pousse ses élèves à donner le meilleur d'eux même.

Personnellement, malgré qu'elle dure 2h30 avec une entracte de 20 minutes (qui faisait en fait quelque part partie de la pièce puisque c'était une pause dans le cours) et que j'y connais absolument rien à l'opéra et à la vie de Maria Callas, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette pièce! Il faut dire que Marie Laforêt est absolument éblouissante dans son rôle qu'elle joue à la perfection : de façon très fluide et "véridique". Elle ne faisait pas que jouer le rôle d'une diva sur la fin qui donne un cours magistral avec une certaine dose d'humour mais elle laissait également aller son personnage à des monologues assez poignants sur sa vie avec même des fois un double rôle puisqu'elle reproduisait des dialogues de la Callas avec son amant Aristote Onassis ou avec son mari Giovanni Battista Meneghini. Les comédiens, qui jouent le rôle des élèves qui viennent successivement sur la scène, étaient de vrais chanteurs d'opéra et ils nous ont chanté des airs de la Somnambule de Bellini, de l'acte I de Lady Macbeth de Verdi, de la Tosca de Puccini, ... J'ai vraiment regretté de ne pas m'être documenté sur la vie de Maria Callas avant de venir car cette vie semble assez passionnante et il me manquait un sérieux bagage culturel pour tout apprécier de la pièce à sa juste valeur. Je ne suis pas non plus fan d'opéra mais la façon d'aborder les airs en expliquant leur histoire les rendait beaucoup plus digestes et ils m'ont même touché (normalement je suis ému qu'à l'écoute d'un hymne de ManOwaR ou à un concert de Therion, alors bon...). Comme il l'est dit en substance dans la pièce : il ne suffit pas d'avoir une voix pour chanter lyrique, il faut connaître l'histoire du morceau joué et les indications du compositeur sur le bout des doigts. Mais donc, ce n'était pas uniquement une pièce sur l'amour de la musique mais aussi sur la vie tumultueuse de la chanteuse avec des moments de vie très durs qui étaient restitués de façon assez forte par Marie Laforêt.

Bref, j'y connais toujours rien mais la salle a réservé une standing ovation méritée à Marie Laforêt et je ne peux que conseiller cette pièce aux amateurs d'opéra mais également (voire surtout) à ceux qui n'ont jamais trop compris l'intérêt pour ce genre musical.