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08 octobre 2008

"Les trompettes de la mort"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux champignons mais je suis allé au théâtre le Petit Hébertot hier soir pour voir la pièce "Les trompettes de la mort" de Tilly. La pièce se déroule dans un appartement, un petit studio parisien pour être précis, vide et plongé dans le noir au tout début. Puis la locataire des lieux rentre et, dans un silence complet et pendant 10 bonnes minutes, on la voit allumer les lampes de l'appartement, ranger méticuleusement ses affaires, passer à la salle de bain (où trône un joli poster de Julio Eglesias), etc... Son téléphone sonne, c'est sa mère. Par la conversation avec cette dernière, on apprend que la femme en question, prénommée Annick, est secrétaire dans la vie et va recevoir Alexane, une ancienne camarade d'école de sa ville natale en Bretagne qui est devenue comédienne, pour lui remettre une lettre et un paquet. Annick met rapidement le téléphone sur haut-parleur pour ranger en même temps le reste de ses affaires de façon ultra-ordonnée. Très vite, on se rend compte que Annick est une femme extrêmement froide et maniaque, ayant des propos cinglants que ce soit au sujet de sa propre soeur que de son ancienne camarade de classe qui ne va pas tarder à arriver. Sa solitude, ses manies, ses aigreurs, sa raideur, son expression de visage impassible sont tellement d'éléments pathétiques qu'ils en deviennent comiques et en même temps absolument tristes. Elle met fin à la conversation avec sa mère et on la voit de nouveau ranger ses affaires et se préparer pour recevoir Alexane qui ne tarde d'ailleurs pas à arriver. Les deux femmes sont radicalement différentes puisque l'une est froidement classique, retourne tous les week-ends du vendredi soir au lundi matin dans sa ville natale et bosse la semaine dans une entreprise d'entretien tandis que l'autre est sophistiquée, rejette ses origines de "plouc" et aspire à la reconnaissance avec ses pièces de théâtre expérimentales en tournant en même temps dans des pubs pour Findus. Mais la soirée, qui s'annonçait sans saveur, va prendre une autre tournure quand va arriver le petit ami d'Alexane, journaliste culturel de son état. Celui-ci est sans gène, désinvolte et quelque peu imbus de lui-même. Annick va s'absenter un moment pour dépanner le couple en allant leur acheter des cigarettes. Les deux protagonistes restant vont en profiter pour mettre littéralement à sac l'appartement d'Annick en fouillant dans toutes ses affaires, en sniffant leur rail de coke sur la cuvette des toilettes, en se faisant une petite gâterie, etc... En rentrant et en voyant le désordre que le couple n'a même pas pris la peine de camoufler, la réaction d'Annick est froide et silencieuse. Les deux salopards partis, Annick retrouve sa solitude et l'issue de tout cela sera quelque peu glauque...

Bref, si vous avez eu le courage de tout lire, il n'y a qu'une chose à dire sur cette pièce : elle était très... spéciale! Elle ne dure qu'une heure et il ne doit y avoir pas plus d'une demi-heure de dialogues! Le reste n'est que le quotidien d'une vie de solitude et d'ordre. Et niveau solitude, j'en connais un rayon! Et il faut avouer que j'ai trouvé la pesanteur de la solitude d'Annick très bien retranscrite voire troublante car finalement on peut se poser la question de savoir si sa propre solitude est plus enviable. Maintenant, je ne peux pas dire que j'ai aimé cette pièce ni que je l'ai détesté. Il y avait de l'humour très grinçant, le décor était très bien foutu mais en même temps pas vraiment d'histoire ni de réel dénouement. Un OTNI en quelques sorte, un objet théâtral non identifié, entre la comédie noire et le drame, avec des personnages tous aussi pitoyables les uns que les autres.

J'y connais toujours rien mais je ne conseille absolument pas cette pièce aux gens en dépression ni à ceux qui veulent passer un moment agréable au théâtre. Cependant, pour les plus courageux, cette pièce n'est vraiment pas inintéressante et ne laissera pas insensible quoiqu'il en soit.