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02 octobre 2008

Exposition Emil Nolde aux Galeries nationales du Grand Palais

Musées et expos 2/4

J'y connais rien à la conscience professionnelle mais, hier soir, j'ai été retenu trop longtemps dans le bureau de mes patrons qui veulent absolument me faire (enfin) travailler, mais quelle idée j'vous jure, ça se passait pourtant très bien comme ça jusque là! Toujours est-il que, du coup, il était trop tard pour aller à ma piscine du mercredi et comme je me connais, j'allais en profiter pour faire le no-life enfermé dans mon appart avec mes rideaux moches toute la soirée. Heureusement, je me sens plus que jamais engagé dans mon opération "je suis un no-life, sortez-moi d'là!" et j'ai fait un ultime effort pour regarder rapidement ce que je pouvais bien faire un mercredi soir de pas trop cher, d'assez loin histoire que je marche et que je brûle des calories (oui, oui, je suis au régime pendant un mois alors me cherchez pas!) et d'un minimum culturel histoire d'avoir bonne conscience. Et je tombe sur l'annonce de cette exposition sur Emil Nolde, qui se tient en ce moment aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, ouverte jusqu'à 22h le mercredi, chouette! Sauf que cette idée n'était pas sans risque car je ne savais absolument pas qui était cet Emil Nolde, je n'avais même pas pris la peine de chercher un aperçu de ses oeuvres avant de partir, et ensuite, la dernière fois que je suis allé au Grand Palais c'était pour une exposition sur Klimt et Schiele en 2005 et je m'étais ennuyé comme un rat mort, tout insensible que j'étais à la peinture moderne autrichienne. Il faut dire que je suis très basique comme gars, la peinture c'est comme la musique : je m'en fous que ça soit techniquement super balaise, faut que ça "sonne"! Je suis plus sensible à un bon morceau à deux accords et en 4 temps de ManOwaR qu'un morceau avec 15.000 descentes de manches à la minute en gammes pentatoniques mineures et en mesures asymétriques de Dream Theater (j'ai pris évidemment cet exemple juste pour avoir une occasion de parler une fois de plus de ManOwaR et dans une note sur Emil Nolde je trouve ça classe!). Donc pour la peinture, je m'en fous un peu des réflexions genre "ce mec il a utilisé du orange là où on utilise normalement du jaune et, tu vois, c'est vachement audacieux, ça a bouleversé les conventions et changé notre monde à jamais", moi faut qu'une peinture m'accroche l'oeil immédiatement et dans le meilleur des cas, me déclenche une émotion. En plus je suis daltonien, alors que ça soit du jaune ou du orange hein..! Tout ça pour dire que les oeuvres de Klimt et Schiele j'avais trouvé ça juste mega moche, n'en déplaise à ceux qui me feront certainement très bien un laïus sur la puissance technique de ces artistes.

Bref, du coup mon verdict sur Emil Nolde? Ouais genre je vais m'improviser critique d'art! Disons que je suis mitigé, il y avait des oeuvres qui m'ont bien plu comme ses gravures sur bois ou, plus original, sur métal à l'aide d'une pointe trempée à l'acide si j'ai bien compris. Par contre je n'ai pas été vraiment emballé par ses peintures même si certaines sont sorties du lot à mes yeux. Je ne suis vraiment pas fan des tableaux ultra-colorés peints quasiment à la brosse en couches de peinture épaisses. Mais ce qu'il y a de bien, c'est que finalement les oeuvres de Nolde sont assez variées, je pense par exemple à ses portraits qu'il a effectué lors d'un de ses voyages en Nouvelle-Guinée ou ses peintures plus sombres et fantasmagoriques. Donc en fait, on ne s'ennuie pas trop lors de cette exposition. Les oeuvres de Nolde étaient regroupées par thèmes, le tout expliqué à chaque fois par un texte assez clair, sans trop de branlette intellectuelle contrairement à ce qu'il est généralement coutume dans ce milieu. Et il y avait également de temps en temps des chronologies sur l'artiste et à ce propos, la vie de Nolde m'a semblé assez intéressante. En effet, on ne peut pas dire que c'est un artiste qu'on a envie d'aimer de prime abord : né en 1867 dans le Schleswig, une région à la frontière du Danemark et de l'Allemagne, plus particulièrement dans le village de Nolde dont il prendra le nom (son vrai nom étant Hansen), il adhère au parti nazi en 1934 et est même apprécié de Goebbels. Il avait l'air d'avoir adhéré au parti plutôt par opportunisme que par réelle conviction, afin de préserver ses oeuvres, mais de toute façon il sera rapidement "puni" en devenant, malgré lui, un des artistes les plus représentés dans l'exposition nazie "L'art dégénéré" et plusieurs de ses oeuvres seront brûlées. Même Goebbels se verra contraint de retirer les quelques tableaux qu'il avait de Nolde dans son bureau. Il y avait une séquence intéressante dans un petit film projeté sur un mur où on voyait des images d'archive de la fameuse exposition. Bref, chacun se fera son propre jugement sur l'homme, son oeuvre en tout cas n'est vraiment pas sans intérêt même pour un profane comme moi et même malgré le fait que, c'est le moins qu'on puisse dire, je n'ai pas accroché à l'ensemble de son style.

J'y connais toujours rien mais comme je n'avais rien d'autre de mieux à faire, en sortant de l'exposition je me suis baladé un peu en bas de l'avenue des Champs Elysées et autour de la place de la Concorde pour regarder les avions, hélicoptères et autres objets volants qui sont exposés en pleine rue pour l'occasion des 100 ans de l'industrie aéronautique. Bon pour l'instant, les stands et les avions sont en pleine phase de montage mais il y a déjà quelques engins installés donc si vous voulez faire une promenade sympa, vous savez où aller!


"La Journée des Dupes (ou le triomphe de Richelieu)"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au Cardinal de Richelieu mais, d'après le Conseil Général de Vendée (on ne rigole pas là-bas derrière), l'année 2008 serait l'année Richelieu! Pourtant il est né en 1585 et il est mort en 1642, alors quel anniversaire on fête au juste? Et bien tout simplement sa nomination en 1608, il y a 400 ans, comme évêque de la ville de Luçon qui se trouve en Vendée... ouais bon, passons. À l'occasion de cet anniversaire de la plus haute importance, le Conseil Général de Vendée a fait une commande auprès de l'auteur Jacques Rampal pour qu'il écrive une pièce tournant autour du Cardinal. Je suis donc allé mardi soir au Théâtre 14 à Paris (là où j'avais vu la pièce "Jules César" fin mai) pour voir le résultat du nom de "La Journée des Dupes (ou le triomphe de Richelieu)".

"La Journée des Dupes" est un vrai fait historique : dans la journée du 10 novembre 1630, Richelieu est violemment destitué de ses fonctions politiques par la Reine Mère Marie de Médicis mais, dans la nuit du 10 au 11 novembre, Louis XIII, contre toute attente et envers et contre tous (et surtout contre sa mère), renouvelle sa confiance au Cardinal. C'est cette journée et cette nuit particulières que l'on va vivre au cours de la pièce. Il faut savoir que peu après avoir été intronisé Cardinal en 1622, Richelieu a fait partie du Conseil du Roi dès 1624. On dit qu'il est certainement un des premiers Premiers Ministres de France, même si ce terme n'existait pas à l'époque, car il gouvernait quasiment le pays à la place de Louis XIII et il était intransigeant et fin négociateur. Il avait même réussit en 1619 à réconcilier le roi avec sa mère alors que les rapports entre les deux étaient très tendus (Marie de Médicis avait même levé une armée contre son fils, c'est pas banal, moi ma mère au pire si elle a quelque chose contre moi elle me prive de dessert). Alors pourquoi ce désamour soudain de Marie de Médicis pour le Cardinal de Richelieu qui était quand-même à une époque son favori? Et bien en grande partie à cause du fait que Richelieu voulait à tout prix contrer l'hégémonie de la maison catholique de la dynastie des Habsbourg quitte à faire des alliances avec les "hérétiques", en l'occurrence des états protestants (alors qu'il avait réduit le pouvoir politique des Huguenots, les protestants français). C'en était trop pour Marie de Médicis qui, dans son palais du Luxembourg, répudie Richelieu dans un flot d'insultes (en même temps c'était pas très malin de la part de Richelieu d'arriver soudainement par une porte de service que Marie avait oublié de fermer) et devant un Louis XIII silencieux. Ce dernier est d'ailleurs très malade et son frère, Gaston de Médicis, voit dans tous ces évènements une occasion en or de devenir Calif à la place du Calif et de se taper la reine, Anne d'Autriche, qui n'est d'ailleurs pas contre l'idée. Mais, coup de théâtre (en même temps ça tombe bien, on est au théâtre), Louis XIII demande le soir même à Richelieu de venir le voir dans son pavillon de chasse de Versailles pour lui annoncer, après une longue discussion qui dure toute la nuit, qu'il lui renouvelle sa confiance.

J'ai trouvé cette pièce franchement sympathique et servie par de bons acteurs. Celui qui jouait Louis XIII était très bon dans son rôle de roi malade, désabusé, plus intéressé par la chasse que par la littérature mais néanmoins juste et soucieux du bien-être de son peuple. Celui qui interprétait Richelieu avait une bonne prestance et passait bien du côté impertinent au côté sage propre au personnage. La Marie de Médicis était elle bien en voix! Les acteurs secondaires n'étaient pas en reste comme celui qui interprétait le Père Joseph, un moine capucin qui était le confident le plus proche de Richelieu, et qui avait la bonne tête de l'emploi! En plus, cette pièce passe comme une lettre à la poste car d'abord, elle ne dure qu'1h30 (ça change des dernières pièces que j'ai vu qui duraient plus de 2h), ensuite, elle est bien rythmée et enfin, elle était non déniée d'humour. Les décors étaient par contre assez sommaires, avec quelques meubles installés ça et là mais j'ai quand-même eu de grosses sueurs froides à un moment car l'acteur qui jouait Louis XIII s'approchait dangereusement d'un chandelier, je ne sais pas trop comment aurait réagi tout ce beau monde si leur roi s'enflammait au sens propre du terme! Pour finir, il est à noter que la pièce était écrite "à l'ancienne" en alexandrins mais avec un langage relativement moderne.

J'y connais toujours rien mais voilà une pièce de théâtre que je recommande que ce soit aux férus d'Histoire ou simplement à ceux qui veulent voir une pièce dans le style théâtre classique mais accessible par tous.