https://ga.spou.net
https://ga.spou.net
 << note précédente : "Géronimo" "Théâtro" : note suivante >> 

23 octobre 2008

"Les deux canards"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux oiseaux aquatiques mais, mardi soir, je suis allé voir la pièce "Les deux canards" de Tristan Bernard et Alfred Athis avec entre autre Isabelle Nanty et Yvan Le Bolloc'h dans les rôles principaux. La pièce se jouait au Théâtre Antoine à Paris où j'avais vu "Le dieu du carnage" il y a 6 mois. "Les deux canards" raconte l'histoire de Lucien Gélidon (interprété par Yvan Le Bolloc'h), un écrivain charmant et charmeur qui a quitté la capitale pour obtenir un peu plus de notoriété avec sa plume en écrivant des textes très vindicatifs dans La Torche, un journal de province d'extrême gauche dirigé, rédigé et édité dans l'imprimerie de Monsieur Béjun qui lui ne dirige en fait pas grand chose car c'est plutôt sa femme, l'impétueuse Léontine Béjun (jouée par Isabelle Nanty), qui commande tout, poussant même son mari à se présenter contre son gré à l'investiture de la mairie du village contre le Baron Saint-Amour (joué par Gérard Chaillou, plus connu pour avoir été le comparse de Le Belloc'h dans la série télévisée "Caméra café" dans le rôle de Jean-Guy, le patron), un notable plutôt porté très à droite. Gélidon a pris une part importante dans la vie du journal et des Béjun puisqu'il loge dans leur imprimerie, rédige les articles les plus virulents et... est devenu l'amant de Léontine (qui n'avait jamais connu l'adultère puisqu'elle n'avait trompé son mari "que 3 fois"). Mais un jour, le Baron Saint-Amour se pointe dans les locaux de La Torche avec la ferme intention de racheter le journal dans le but de stopper toutes ces attaques contre lui et d'en faire un journal de droite. Il ne met pas longtemps à convaincre Monsieur Béjun avec un gros chèque ni même Honoré Flache, le rédacteur en chef du journal, qui veut garder son poste et ne voit pas trop le problème de passer d'un bord politique à l'autre. Évidemment, quand Léontine Béjun apprend la nouvelle cela ne se passe pas très bien et elle décide de fonder un autre journal d'extrême gauche, "Le Phare" car après tout, le Baron n'a pas racheté l'imprimerie! Tout cela devait donc se passer relativement le mieux du monde si ce n'est l'arrivée dans l'imprimerie de la fille du Baron, Madeleine, dont le séducteur Gélidon tombe sous le charme. Avec l'aide de son ami Larnois, un homme qu'il a connu quand il était à Paris et qui travaille désormais pour le compte du Baron, et afin de pouvoir entretenir une liaison avec Madeleine, il décide d'écrire des articles au château du Baron pour le journal de droite "La Torche" sous le pseudonyme de Maurillac tout en continuant à rédiger des articles dans l'imprimerie des Béjun sous son vrai nom dans le journal de gauche "Le Phare". Le voilà donc jonglant entre ces "deux canards" en faisant bien évidemment en sorte que personne, à part son ami, ne sache que Gélidon et Maurillac sont le même journaliste. Sauf que cette double vie, avec ces deux maîtresses et la peur constante de croiser Flache qui risque de dévoiler la supercherie, n'est pas bien facile à gérer surtout lorsqu'est organisé à "leur" insu un duel entre Gélidon et Maurillac!

Bien qu'elle ait été écrite en 1913 et qu'elle se déroule à cette époque, le comique de cette pièce n'a pas pris une ride! Et ceci contrairement à "Faisons un rêve" (pour prendre un exemple pas du tout au hasard) de Sacha Guitry que j'avais vu au théâtre quelques jours avant et qui a pourtant été écrite 3 ans plus tard que ces "Deux canards". De même, on est là aussi dans le vaudeville mais écrit d'une façon tellement moins bas du front que le sempiternel le mari, la femme, l'amant avec juste cet état de fait en intrigue..! La pièce dure 2h30, entracte compris, et pourtant on ne voit absolument pas le temps passer, le rythme est très soutenu (dans le thème de la double vie, ça m'a rappelé "Chat et souris" en moins fatiguant quand-même), l'actrice qui joue Madeleine se prenant même à un moment donné les pieds dans sa robe et se retrouvant par terre mais se relevant aussi vite fait et enchaînant sa scène, imperturbable. Les acteurs sont d'ailleurs tous très bons dans leur rôle avec quelques vraies "gueules". J'aime beaucoup Isabelle Nanty et elle excelle vraiment dans ce rôle de femme dirigiste, passionnée, très imaginative et à l'adultère totalement assumé. Quant à Le Bolloc'h, son rôle lui va sur mesure (je pense en plus que ça ne lui déplaît pas de jouer le rôle d'un journaliste d'extrême gauche, lui qui ne se cache pas d'être communiste). Quant aux décors, ils étaient tout aussi excellents et également réversibles : ainsi, sous nos yeux, on passe en quelques secondes du décor de l'imprimerie (avec des affiches de journaux de l'époque) à un décor totalement différent qu'est le château du Baron avec des éléments de décor peints à la main qui donnaient un côté conte de fée à tout cela, encore plus pour la scène qui se déroule dans le parc du château, vraiment très réussi!

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce que je recommande sans hésiter même à ceux qui sont réfractaires aux pitreries d'Yvan Le Belloc'h dans ses oeuvres télévisées.


Laisser un commentaire :

    nom : 
    Site perso :(facultatif)
    e-mail :(facultatif)
    Commentaire :
    Mesure anti-spam : quelle était la couleur du cheval blanc d'Henri IV?