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Les notes de mars 2008

21 mars 2008

"Les Éphémères", recueil 2

Théâtre 4/4

J'y connais rien au théâtre contemporain mais, sur les conseils d'une lectrice (ahahah comment ça fait trop classe de dire ça alors que j'ai 3 visites par mois), je suis allé voir ce que donnait la fameuse compagnie du Théâtre du Soleil à leur domicile, c'est-à-dire au Théâtre du Soleil lui-même puisqu'il faut savoir que cette troupe fait aussi des tournées dans toute la France mais encore mieux, dans le monde entier (Taïwan, Brésil, Argentine, Grèce, ...)! La pièce qu'ils jouent en ce moment se nomme "Les Éphémères", une création collective puisqu'il faut savoir aussi que, d'après ce que j'ai compris, la particularité de la troupe est de créer des spectacles dont la ou les histoires, la mise en scène et tout le reste sont réalisés en concertation par tous les comédiens qui travaillent au théâtre (j'ai lu qu'il pouvaient être au nombre de 70 chaque année!), le tout sous l'égide de la "patronne", Ariane Mnouchkine, qui a créé la compagnie dans les années 60 avec Philippe Léotard entre autre. Les pièces du Théâtre du Soleil peuvent durer jusqu'à 7 heures (entractes compris)! On peut voir les spectacles en intégral certains jours de la semaine mais il faut être très courageux et venir en début d'après-midi ou alors voir ces spectacles en deux jours différents, en deux "recueils" de 3h15 environ. Cocasserie de la chose, même si j'étais vaguement au courant de cette histoire de recueils au moment d'acheter mes billets il y a quelques semaines, ce n'est que le jour même, hier après-midi donc, que je me suis rendu compte que j'avais pris une entrée pour le jour où ils jouaient le recueil 2 alors que je n'ai évidemment pas vu le 1! En fait je n'ai pas tellement d'explication sur le pourquoi de la chose, comme je ne m'explique pas non plus comment ça se fait que je me retrouve avec trois décodeurs Canal+ chez moi non déballés parce que je n'ai pas osé dire "non" aux pauvres téléprospecteurs au téléphone qui me faisaient pitié (avoir pitié une fois, bon ok, mais la deuxième et surtout la troisième fois... pourquoi??? Je ne m'en rappelle même plus...). Mais la réponse est assez simple en fait : je suis quand-même un bon gros boulet!

Bref, je me suis décidé à aller voir la pièce tout de même après un long dialogue interne du genre "Pfff est-ce que je dois vraiment y aller..? C'est ptet le destin qui veut m'éviter un malheur, je sais même pas de quoi ça parle ce spectacle... en plus, ça a l'air d'être du théâtre expérimental, je vais mourir d'ennui, encore plus si fallait voir le premier recueil pour comprendre l'histoire... Quand-même, faut que t'y ailles, t'as payé ton billet, si on comptabilisait tout l'argent que t'as jeté par les fenêtres dans ta vie, tu pourrais déjà avoir une villa sur les collines d'Hollywood... À la limite je vais au ciné à la place... Nan mais oh! Tu tiens vraiment à ce que je te rappelles le coup de l'aller-retour en train non remboursable de 80€ que t'as pris pour Marseille pour te rendre compte trop tard que t'avais choisi pile poil la même date que le concert de Megadeth au Luxembourg pauvre tâche...? Ah ouais pas mal comme argument ça, bon bah j'y vais alors...". Ouahou, top intéressant le dialogue que je viens de pondre, je crois que j'ai perdu le peu de lecteur qu'il me restait. Je vais faire un autre paragraphe pour la peine.

Pour se rendre au théâtre du Soleil, il faut s'arrêter au Château de Vincennes puis prendre une navette gratuite qui emmène directement, en cinq minutes, aux portes de la Cartoucherie. La Cartoucherie est, comme son nom l'indique, une ancienne zone militaire située un peu au milieu de nulle part dans le bois de Vincennes (et pourtant c'est considéré comme faisant partie du 12ème arrondissement de Paris) où étaient fabriqués des balles et autres armements. Le lieu devait être rasé en 1970 au profit du Parc Floral de Paris mais Ariane Mnouchkine y a également installé, dans une partie du terrain, son Théâtre du Soleil et d'autres théâtres s'y sont implantés ensuite tels que le Théâtre de la Tempête, le Théâtre de l'Aquarium, le Théâtre de l'Épée de Bois, etc... Quand on rentre dans la Cartoucherie, on a l'impression de rentrer au cirque car ça sent fort les animaux, il y a des roulottes dehors, on y rencontre des gens pittoresques, ...Vu du dehors, les théâtres ne payent pas de mine étant donné que ce sont des bâtiments des années 70 qui ressemblent plus à de grandes salles des fêtes côte à côte qu'autre chose mais une fois rentré à l'intérieur, du moins au Théâtre du Soleil vu que je n'ai jamais mis les pieds dans les autres, la salle est vraiment sympathique et particulière! Déjà, il y a une petite porte d'entrée unique et il faut encore traverser un rideau pour être vraiment à l'intérieur. Il y a un restaurant sur la droite et on accède à la salle de théâtre elle-même par des escaliers sur la gauche. La salle est vraiment étonnante car c'est une sorte d'arène en ovale avec des gradins en bois où les spectateurs sont face à face. Au milieu il y a donc les planches et à chaque bout de l'ovale, des entrées, cachées par des rideaux, par lesquelles apparaîtront les comédiens et les décors qu'on devine amovibles. Avec une telle configuration, la scène est donc très longue, peu large et la proximité avec le public est assez forte, notamment ceux qui se placent au premier rang des gradins qui est légèrement enfoncé dans le sol. Rien que pour la particularité des lieus, je ne regrettais déjà pas d'être venu! Sinon, on peut se placer où on veut, il suffit de retirer un autocollant collé sur le dossier de sa place (ce sont des bancs en bois, il n'y a pas de siège à proprement parler) et donc les gens savent que quand il n'y a pas d'autocollant c'est que la place est réservée, ingénieux! Bon, ce n'est pas spécialement évident à décrire mais j'ai vraiment bien apprécié le lieu même si on a assez vite mal aux fesses (j'imagine pas pour un spectacle intégral de 7 heures!). Juste avant que la pièce commence, Ariane Mnouchkine elle-même vient nous souhaiter la bienvenue et nous dit donc les règles d'usage comme le fait d'éteindre son portable, etc... et elle prévient qu'il y a des courants d'air qui risquent d'arriver d'une des entrées qui était en attendant bloquée par une porte et que donc, pour les 3 premiers rangs, des couvertures allaient être distribuées! J'ai trouvé ce moment très drôle et hyper convivial et je commençais vraiment à me sentir à l'aise.

Mais bon, c'est bien gentil tout ça mais le spectacle, est-ce qu'il allait anéantir mon enthousiasme naissant et m'achever d'ennui? Et bien c'est simple : j'ai carrément adoré! Je suis sorti du théâtre totalement conquis, je ne m'y attendais absolument pas! Je ne sais pas si c'était l'effet de surprise mais j'ai été complètement scotché par la mise en scène, je n'avais jamais vu ça avant! Le spectacle était constitué de différentes saynètes avec pour chacune d'elle un décor propre qui était disposé sur un ou plusieurs plateaux, ronds le plus souvent mais parfois rectangulaires, le tout sur roulettes. Ces plateaux étaient poussés par une ou plusieurs personnes, selon l'importance des décors, qui les faisaient également tourner sur eux-mêmes. Ainsi on pouvait voir jouées les scènes sous des tas d'angles différents puisqu'évidemment, les comédiens vaguaient dans ces décors en mouvement! Et les décors parlons-en, ce n'était pas juste une table et une chaise, parfois le niveau de détail frisait la perfection comme cette scène dans une chambre d'enfants avec des lits superposés, des jouets éparpillés sur le sol, des cartables sous les lits, etc... Parfois, il y avait même un système électrique et donc les comédiens pouvaient allumer des lumières ou utiliser des petits appareils électriques divers. Sans oublier certaines scènes qui se passaient dans la nature comme ces saynètes qui se déroulaient au bord de la mer avec donc un plateau ensablé avec des algues dessus, des coquillages et des tas d'autres détails bougrement authentiques ça et là, du grand art! Je ne compte même pas le nombre de saynètes et donc de décors différents qu'il y avait, une vingtaine voire une trentaine! C'est d'ailleurs à peu près le nombre de comédiens qu'il y avait sur "scène" (pas tous en même temps évidemment), des comédiens de tout âge puisqu'il y avait même des enfants. La scène qui m'a le plus impressionné est celle où des pompiers tentent de réanimer une femme, suite à un accident de voiture. C'était super bien fait, on était complètement plongé dans l'ambiance grâce aux décors évidemment mais aussi en grande partie par le jeu des lumières et l'ambiance sonore. Car en plus, il y avait continuellement des musiques et des sons d'ambiance, il y avait même un gars, sur une sorte de balcon au dessus d'une des entrées, qui jouait un tas d'instruments et faisait même des sifflements d'oiseaux pour les scènes qui étaient censées se dérouler dans la nature. Ça pouvait prêter à rire parfois et les musiques n'étaient pas toujours très judicieuses à mon goût mais ça rajoutait un cachet indéniable au spectacle. Bref, il serait impossible de tout décrire, c'est vraiment quelque chose à voir plus qu'à raconter!

Pour parler tout de même un peu des histoires contées par le spectacle, on peut dire qu'Il y avait une histoire centrale qui était celle d'une femme qui cherchait à retrouver l'histoire de ses grands-parents déportés à Auschwitz dont elle ne possédait qu'une photo. Elle se rend aux Archives Nationales et à partir de là, elle obtient des indices qui lui permettront de reconstituer peu à peu les derniers moments de ses grands-parents avant leur déportation que nous verrons sous forme de flashs back. Au milieu des saynètes en rapport à cette histoire, s'intercalaient une multitude d'autres histoires différentes dans le temps et dans l'espace. J'étais tellement enthousiaste par l'aspect technique de la chose que j'ai été emballé par chacune de ces histoires alors que certaines devaient être compréhensibles uniquement si on avait vu le recueil 1. Pourtant, à aucun moment je ne me suis senti largué et les 3h15 de spectacle sont passées comme une lettre à la poste! Il faut dire qu'on se laisse porter facilement par les scènes car c'étaient souvent des scènes du quotidien, dramatiques ou drôles, et en plus les comédiens jouaient vraiment naturellement, je les ai trouvé tous excellents! Même certains enfants se débrouillaient plutôt très bien! Bref, je pourrais encore en parler longtemps mais je crois qu'il est temps de mettre fin à cette grosse tartine que j'ai pondu. À noter tout de même que pendant l'entracte, certains comédiens sont venus sur scène apporter des plateaux avec des verres, de l'eau et des petits gâteaux, vraiment sympa! Car il faut dire aussi que les comédiens participent à la vie du théâtre comme par exemple aider les spectateurs à se placer au début, apporter des couvertures, etc...

J'y connais toujours rien mais une chose est sûre, c'est que j'ai déjà commandé ma place pour le recueil 1 qui se jouera dans une dizaine de jours!


19 mars 2008

"Toc toc"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux noms savants pour décrire les névroses et les phobies mais je suis allé voir hier soir la pièce "Toc toc", écrite par Laurent Baffie, au Théâtre du Palais Royal à Paris. Laurent Baffie, qui a eu ses heures de gloire à la télévision aux côtés de Thierry Ardisson mais aussi quelques bonnes heures d'inexistence à l'émission "Nulle Part Ailleurs" où on avait presque mal pour lui (mais il avait ensuite présenté l'émission "Farce attaque" - complètement oubliée aujourd'hui mais qui était pourtant excellente - et grâce à laquelle il avait repris du poil de la bête), semble aujourd'hui connaître un certain succès avec les pièces de théâtre qu'il a écrit telles que "Sexe, magouilles et culture générale" et donc, ce qui nous intéresse ici, ce "Toc toc" où, contrairement à la pièce précédente, il ne fait aucune apparition. Pour la première fois, je suis passé par le site billetreduc pour acheter ma place (12€ au lieu de plus de 40€ sur le site fnacspectacles par lequel je passe habituellement!). Je pensais du coup que j'aurais une place complètement pourrie où je ne verrais rien et en fait j'ai été placé quasiment en face de la scène sur le premier balcon qui n'était pas bien surélevé, nickel! Bon il faut dire aussi que le théâtre était loin d'être complet mais bon, ça faisait bien plaisir quand-même! Seul inconvénient : se pointer au moins une demi heure avant le début du spectacle au guichet, un moindre mal donc!

Pour en revenir à la pièce, comme on peut s'en douter avec son titre, "Toc toc" est une comédie qui traite des troubles obsessionnels compulsifs, les "tocs". La pièce se déroule dans ce qu'on devine tout de suite être la salle d'attente bien décorée d'un médecin. Là, un homme d'un certain âge lit des papiers assis à une table autour de laquelle sont disposés 5 autres chaises. Quelques secondes après que le rideau se soit ouvert il fait un doigt d'honneur au public en s'exclamant "allez tous vous faire enculer!" ou un truc du genre (j'en profite au passage pour saluer les internautes qui, grâce à ce genre de réplique, arrivent sur mon site en faisant des recherches avec des mots-clés tordus sur Google). On devine qu'il est atteint d'un toc qui lui fait proférer des injures et faire des gestes obscènes de façon impulsive et incontrôlée. Il manque d'ailleurs de peu de se fritter avec un autre patient qui arrive dans le cabinet du Docteur Stern, c'est le nom du médecin que nos protagonistes viennent consulter, car il a proféré une injure sur sa mère que je n'ai pas besoin de retranscrire ici. Une fois le malentendu dissipé, les deux hommes se présentent plus en détail. Fred, le monsieur âgé, vient consulter le Docteur Stern en dernier recours pour son problème, le syndrome Gilles de la Tourette, qu'il traîne depuis plus de 60 ans. En effet, Stern est apparemment un médecin internationalement réputé et d'une efficacité incroyable puisque, d'après ce qu'on dit, il n'a pas besoin de voir le même patient deux fois. Quant à Vincent, le monsieur qui vient d'arriver, il a été envoyé ici par sa femme qui ne supporte plus l'arithmomanie de son mari, c'est-à-dire son obsession des chiffres qui le mène à compter tout ce qu'il peut compter ainsi que sa manie de collectionner les objets inutiles. D'autres patients arrivent dans le cabinet au fur et à mesure : il y a Blanche, une femme atteinte d'une sorte d'hypocondrie et de nosophobie qui la pousse à se laver les mains tout le temps et désinfecter tous les objets qu'elle est amenée à toucher par peur des microbes et des maladies, il y a aussi Marie, une vieille bigote qui dit être là pour une amie qui n'a pas pu se déplacer et qui est atteinte de troubles de vérification qui l'amène a fouiller constamment dans son sac pour vérifier si ses clés sont bien présentent et à se demander si elle a bien fermée le gaz ou la lumière avant de partir de chez elle (sans compter sa phobie de rater son train, la sidérodromophobie), il y a également Bob, un jeune homme qui a la phobie de marcher sur les lignes par terre et qui veut que tout soit symétrique comme son prénom et sa raie des cheveux et enfin, il y a Lili, une jeune femme qui ne peut s'empêcher de répéter toutes ses phrases deux fois de suite ainsi que certaines dernières syllabes que prononcent les autres gens. L'assistante du Docteur Stern prévient tout ce beau monde que le docteur risque d'avoir une heure de retard car il y a eu des problèmes avec son vol et elle ne sait pas s'il est encore dans l'avion ou s'il est déjà arrivé à l'aéroport. Les patients décident à contre-coeur de patienter (c'est presque logique tout ça, sinon on les nommeraient pas des patients) et sont amenés à discuter entre eux pour tuer le temps.

Pour cette pièce, j'aurais bien aimé voir sur scène les acteurs Daniel Russo (un fidèle des films et pièces de Baffie), Sophie Mounicot (que j'appréciais bien dans son rôle d'infirmière en chef sadique dans la série "H") ou encore Marilou Berry (la fille de Josianne Balasko) qui a même obtenue un Molière de la révélation 2006 pour son rôle dans cette pièce. Mais cette saison, "Toc toc" est jouée que par des comédiens qui m'étaient inconnus ou que je n'ai peut-être tout simplement pas reconnu. Cependant, cela n'empêche pas qu'ils étaient quand même assez bons  dans leur rôle et qu'on s'attachait beaucoup à leur personnage notamment celui de la jeune Lili, mimi à souhait. Ces compliments mis à part, je dois avouer que je n'ai pas été spécialement convaincu par cette pièce de Laurent Baffie. Certes, il y avait pas mal de moments drôles mais je trouve que tout ça tournait vite en rond, notamment cette longue scène où les patients jouent au Monopoly et que n'importe qui aurait pu écrire puisque ce n'était guère qu'une partie classique de Monopoly où les joueurs s'envoient quelques vannes. Ça faisait plus scène pour meubler qu'autre chose et ça aurait largement pu être écourté. Heureusement, cela devient plus dynamique vers la fin de la pièce même si la chute de l'histoire était ultra prévisible. Bref, je trouve que Laurent Baffie ne s'est pas trop foulé pour cette pièce même si on passe tout de même un bon moment mais je m'attendais à quelque chose peut-être d'un peu plus caustique et hilarant de sa part.

J'y connais toujours rien mais ça m'a donné envie de chercher les noms savants de tous les tocs que moi aussi je me trimballe!


17 mars 2008

"Le misanthrope"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux grandes institutions françaises mais, hier après-midi, je suis allé à la prestigieuse Comédie-Française à Paris voir "Le misanthrope" de Molière. J'avais un peu peur de ne pas tenir le coup avec 3h de théâtre classique dans les dents, surtout avec mon cerveau qui pataugeait encore un peu dans la vodka de la veille, mais finalement j'ai vraiment bien aimé! Je n'ai jamais lu "Le misanthrope" et je n'en connaissais même pas l'histoire si ce n'est le nom d'Alceste, le protagoniste principal de la pièce, mais ça c'est parce que j'aime bien le groupe de heavy metal Misanthrope dont les paroles tournent souvent autour de ce personnage. Eh oui, on a la culture qu'on mérite!

Alceste c'est un mec qui aime personne, du coup, on devine que c'est lui "Le misanthrope" de la pièce. Enfin quand je dis qu'il aime personne, il a quand-même un pote, Philinte, mais il est en pétard contre ce dernier qui a montré des marques d'amitié à un gars qu'il connaissait à peine, juste parce que c'est d'usage. Or Alceste, il trouve que la politesse ce n'est pas moins que de l'hypocrisie, qu'il faut au contraire toujours dire la vérité au risque de blesser et que de toute façon le genre humain c'est tout pourri, bref on sent quand même le mec super excessif et en plus, il est vachement pleurnicheur, genre artiste maudit qui a mal à la vie. D'ailleurs, il est bien gentil de cracher sur l'humanité mais, comme lui fait remarquer Philinte, il est quand même super amoureux de Célimène, une nénette de 20 ans qui aime faire la teuf avec des aristos et médire sur les gens derrière leur dos. Ouais donc il aime pas vraiment personne en fait. De toute façon, sa franchise va vite le perdre puisque Oronte, un marquis un peu abrutis, vient lui demander son amitié et son avis sur un sonnet qu'il a écrit pour une femme qu'il veut conquérir. Forcément, en essayant tout de même de tourner autour du pot quelques temps, Alceste craque au bout d'un moment et avoue à Oronte que ce qu'il a écrit, c'est vraiment nase! Oronte est offensé et lui colle un procès! Et puis après y aura des embrouilles qui amèneront Alceste à prendre la décision de se retirer du monde des Hommes et de larguer Célimène parce que c'est vraiment une vilaine fille cynique et volage.

Comme je le disais, j'ai vraiment bien aimé cette pièce et pourtant je m'attendais à être en face d'une des pièces les moins accessibles et les moins drôles de Molière. Bon, certes, le personnage d'Alceste et ses longues tirades toutes en pleurs sur l'insupportable genre humain ne prêtent pas à la base à la joie de vivre mais il y a pourtant de nombreux passages très marrants. Ça va être très cliché ce que je vais dire mais le propos de "Le misanthrope", qui est une pièce qui a presque 350 ans, est encore aujourd'hui bougrement d'actualité! Les faux-semblants pour plaire en société et les mesquineries derrière le dos des autres sont toujours de rigueur. En plus, j'ai trouvé que les dialogues étaient vraiment beaucoup plus simples à comprendre que ceux de "Bérénice" de Racine pour prendre un exemple de pièce de théâtre classique que j'ai vu récemment donc finalement je n'ai pas vu les 3h passer (ni mes deux voisines qui se sont enfuies à l'entracte pour ne plus jamais revenir). En plus, la mise en scène était assez dynamique pour certaines scènes comme celle de la fête chez Célimène ou encore le combat d'épées (de fleurets peut-être? Mais j'y connais rien à l'escrime) entre Acaste et Clitandre, deux petits marquis suffisants qui se battent pour les beaux yeux de Célimène. Ajouter à cela que les costumes étaient vraiment très beaux, par contre je n'étais pas super fan du décor assez épuré mais bon...

J'y connais toujours rien mais preuve est que théâtre classique ne rime pas forcément avec ennui ni avec désuétude.


15 mars 2008

"Bienvenue chez les Ch'tis"

Cinéma 2/4

J'y connais rien à la gélothérapie mais ce vendredi soir, vu que comme d'hab je déprimais un peu tout seul enfermé chez moi, je me suis décidé à me bouger au ciné pour engraisser le box-office déjà conséquent du film de Dany Boon "Bienvenue chez les Ch'tis". D'habitude, je ne me déplace jamais pour ce genre de film mais vu que tout le monde en dit du bien, même dans mon entourage, je me suis laissé tenter. De toute façon c'était ça ou alors je passais ma soirée à recompiler VMware-player pour faire tourner sous mon Linux une machine virtuelle avec Windows XP Familial dessus... ceci dit je me serais peut-être carrément éclaté et j'aurais peut-être passé la meilleure soirée de ma vie, qui sait hein? Bref, par contre, je savais qu'un vendredi soir, avec un film de ce style, il y avait de fortes chances qu'il y ait de gros relous dans la salle ce qui n'a pas loupé évidemment avec quelques racailles à la con (pléonasme) qui heureusement étaient tout devant pendant que moi j'étais tout derrière, ce qui fait que je ne les ai pas trop entendues faire les marioles mais je plains les gens qui étaient à proximité. Enfin bon passons, c'est vrai qu'avec la baisse du pouvoir d'achat il est difficile de se payer une greffe du cerveau de nos jours.

Alors, "Bienvenue chez les Ch'tis" qu'est-ce que ça raconte? En fait tout le monde le sait mais pour gagner des mots-clés dans l'index de Google je vais résumer le film quand-même : Philippe Abrahams (interprété par Kad Merad), directeur de la poste de Salon-de-Provence, cherche à se faire muter sur la Côte-d'Azur pour faire plaisir à sa femme dépressive mais à chaque fois ce sont des personnes handicapées qui obtiennent les postes qu'il convoite. Il décide donc un jour de frauder et de se faire passer pour un handicapé moteur pour obtenir une autre mutation. Malheureusement, il se fait épingler en beauté et comme "punition", il se voit muter à Bergues, un village dans le Nord-Pas-De-Calais, pour deux ans minimum. Pour lui et son entourage, le Nord c'est l'horreur absolue : des gens rustres à la langue incompréhensible (le "cheuteumi") et des températures polaires. Il décide de partir seul là-bas et de revenir les week-ends auprès de sa femme et de son fils. Cependant, malgré des débuts un peu difficiles, il tombe rapidement sous le charme de cette région et de ses habitants chaleureux dont Antoine (interprété par Dany Boon), un de ses employés, qui à 35 ans vit encore chez sa mère possessive (interprétée par Line Renaud, impeccable). Mais la femme de Philippe ne le croit pourtant pas quand ce dernier lui raconte que tout se passe très bien à Bergues et, parce que son couple fonctionne mieux dans cette perspective qu'il vit un calvaire dans le Nord, Philippe se laisse aller à un gros mensonge.

Bon, c'est clair que j'aurais largement pu attendre la sortie télé de ce film car, contrairement aux commentaires dithyrambiques que j'ai lu et entendu ça et là, j'ai trouvé ce film sympathique mais pas spécialement hilarant pour autant. Il y a bien-sûr beaucoup de scènes drôles mais un peu noyées dans un sentimentalisme "il-ne-faut-pas-se-fier-aux-préjugés" qui casse le rythme de la comédie à mon goût. Mais bon, on passe un bon moment tout de même et la dernière partie du film est particulièrement drôle quand la femme du personnage interprété par Kad Merad monte finalement à Bergues et que celui-ci, à l'aide de la complicité des habitants, reconstitue une ville horrible à l'image des clichés que se faisait sa femme. Assez amusante et limite improvisée aussi cette scène où le sudiste apprend à parler le chtimi au cours d'un repas.

J'y connais toujours rien mais à vous de voir si vous voulez claquer 9€ dans une comédie bon enfant avec de nombreux passages drôles mais sans plus (j'aurais pu attendre de déprimer à partir de dimanche pour le Printemps du Cinéma avec les séances à 3.50€ quand même).


12 mars 2008

"Le temps des cerises"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à Eddy Mitchell à part à la rigueur en tant que présentateur de l'émission "La dernière séance" qu'on regardait parfois le soir avec mes parents. Mais sinon j'y connais presque que dalle à ses chansons et encore moins à ses films mais j'étais quand même bien motivé pour voir ce qu'il donnait en tant qu'acteur au théâtre vu que j'apprécie pas mal la prestance du bonhomme. C'est donc chose faite avec "Le temps des cerises", une pièce de Niels Arestrup qui se jouait au Théâtre de la Madeleine à Paris. C'était l'occasion de voir ce que donnait également Cécile de France qui donnait la réplique à Monsieur Eddy.

L'histoire peut se résumer assez rapidement : nous sommes fin mars, Jane (interprétée par Cécile de France) a été embauchée par la femme de Julien pour s'occuper de ce dernier pendant qu'elle part en congés chez sa mère comme chaque année. Enfin disons qu'elle devra faire le ménage le matin, préparer la bouffe et les médicaments de Julien le midi en s'en aller fissa. En effet, Julien (interprété par Eddy Mitchell) est un peintre, jadis célèbre, ancien alcoolique et surtout complètement misanthrope et limite hypocondriaque (non dénué pour autant d'un l'humour bien caustique) qui passe son temps enfermé dans son atelier et qui ne veut voir personne au point d'avoir viré la dernière employée et mangé des boites pour chat pendant un mois. Mais Jane a du caractère et quand les deux personnages vont être amenés a se parler, cela ne se fera pas sans étincelles. Il faut dire aussi que Jane n'a pas postulé par hasard puisqu'elle voulait devenir peintre sans en avoir le talent et qu'une peinture de Julien dans une galerie a bouleversé sa vie. Comme dans les films américains, les deux protagonistes vont finir par s'apprécier et Julien va aider Jane à "apprendre" à peindre en réalisant un tableau sur le thème des cerisiers.

J'ai bien aimé cette pièce dans son ensemble mais j'en suis sorti quand même un peu mitigé, la faute a une grosse baisse de rythme au milieu de la pièce. En effet, le début est très drôle avec l'humour caustique du personnage bourru mais néanmoins attachant qu'interprète Eddy Mitchell ainsi que grâce au côté volontaire du personnage interprété par Cécile de France qui n'est pas avare en répliques bien placées. Mais quand Julien aide Jane à apprendre à peindre dans son atelier on en vient assez brusquement au pathos et ça devient un peu ennuyeux. Heureusement, l'humour revient un petit peu par la suite mais on ne retrouve pas le rythme du début, dommage. Mais bon, c'était bien sympa quand même et franchement j'ai beaucoup aimé la prestation d'Eddy Mitchell. Cécile de France se débrouille pas mal aussi même si j'ai un peu de mal avec sa voix de petit garçon (et puis elle est mieux avec les cheveux longs aussi, c'est quand même un élément indispensable à noter). Encore une fois, les décors étaient très réussis! Au début on est dans la salle à manger où s'affaire Jane pendant que Julien travaille dans son atelier dont on voit la porte d'entrée et les baies vitrées opaques. Ces baies faisaient aussi office d'écran où étaient projetés quelques séquences filmées. Ce décor s'ouvrait en deux pour faire apparaître un autre décor caché derrière, à savoir l'atelier de Julien. La cuisine était complètement fonctionnelle, les robinets de l'évier laissant couler de l'eau, le frigo  étant branché ainsi que le reste. Pour ce qui est de l'atelier il était également plus vrai que nature, vraiment du bon boulot! Il y avait un beau travail sur les lumières également par exemple quand Julien ouvre les rideaux de son atelier. Non franchement, niveau mise en scène et jeu des acteurs il n'y avait rien à redire, juste ce problème de "trou" dans la pièce en fait.

Bref, j'y connais toujours rien mais malgré ses quelques défauts, cette pièce est à voir ne serait-ce pour les acteurs et la réalisation.


Les notes de mars 2008 sont réparties sur 3 pages :
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