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Les notes d'avril 2008

18 avril 2008

"La vie devant soi"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au prix Goncourt mais je suis allé voir la pièce "La vie devant soi", adaptée du roman de Romain Gary, lequel a donc gagné pour ce livre le prix Goncourt en 1975, avec entre autre Myriam Boyer qui n'est tout autre que la mère de Clovis Cornillac dans la vie, ça c'est pour la petite note people. Cela se passait au Théâtre Marigny à Paris où j'étais allé 2 jours auparavant pour voir "La tectonique des sentiments" sauf que cette fois-ci, la pièce se jouait dans le petit théâtre annexe. "La vie devant soi" raconte l'histoire de Madame Rosa (interprétée par Myriam Boyer), une vieille juive polonaise, ancienne prostituée, qui a survécu à Auschwitz et qui tient une pension un peu spéciale dans son petit appartement situé au 6ème étage sans ascenseur à Belleville puisqu'elle s'occupe justement, de façon temporaire, d'enfants de prostituées quand ces dernières ne peuvent pas s'en occuper à cause de leur travail (Madame Rosa a d'ailleurs une expression particulière pour désigner le plus vieux métier du monde : elle dit que les femmes qui le pratiquent vont se "défendre") et à cause de la loi française. Il faut dire que ces femmes sont souvent étrangères et en situation irrégulière et Madame Rosa cache les enfants en quelque sorte pour qu'ils ne soient pas repris par l'Assistance Publique. Elle est aidée pour cela du docteur Katz, un juif comme elle, qui vient soigner les enfants et fourni de faux certificats de santé pour qu'ils puissent aller à l'école. Madame Rosa n'a plus qu'un jeune garçon à s'occuper, le turbulent, naïf mais néanmoins hyper sensible et éveillé Mohammed, surnommé Momo pour faire original, un "enfant de pute" âgé d'environ 13 ans. Il faut dire que la pilule contraceptive étant arrivée sur le marché depuis quelques années, Madame Rosa est beaucoup moins sollicitée et de plus, il arrive que la mère trouve une situation plus respectable dans son pays d'origine et reprenne son enfant pour l'emmener avec elle. De toute façon, c'est mieux ainsi car Madame Rosa commence à être très fatiguée et malade. Pour en revenir à Momo, sa mère est morte et son père, qui a complètement disparu de la circulation depuis, a confié l'enfant alors âgé de 3-4 ans à Madame Rosa avec pour seule instruction qu'il soit élevé "dans un état musulman", ce qu'elle a respecté. En fait, l'histoire peut-être résumée en une véritable histoire d'amour maternel entre ce jeune musulman et cette vieille juive, amour qui durera jusqu'à la mort de cette dernière.

Au premier abord, on pourrait croire que l'histoire ne prête vraiment pas à sourire et qu'on risque de bien déprimer pendant les 2h15 sans entracte de la pièce. Et pourtant, cette histoire est bourrée d'humour et on rit plus d'une fois. Il faut dire que le narrateur est le jeune Momo et qu'il a une façon toute naïve de s'exprimer avec son vocabulaire approximatif, ce qui dédramatise certaines situations. La scène que j'ai trouvé la plus hilarante est quand le père de Momo vient rechercher son fils. On apprend en fait que c'est lui qui a tué sa femme dont il était le proxénète car elle faisait jusqu'à 20 passes par jour et qu'il était "devenu jaloux". Il a prôné la folie pour se dédouaner de son acte et a passé 11 ans enfermé dans un hôpital psychiatrique dont il a été libéré depuis peu. Bon, je vous rassure, c'est pas ça que j'ai trouvé drôle hein, j'établis juste le contexte. Donc il débarque chez Madame Rosa qui fait mine de ne pas le reconnaître et, pour le dissuader de reprendre son fils, elle lui fait croire qu'elle l'a appelé Moïse et l'a élevé dans la tradition juive par erreur car Momo est arrivé en même temps qu'un Moïse et qu'elle s'est trompée de nom et de religion entre les deux, la scène est vraiment énorme! D'ailleurs, "La vie devant soi" est une réflexion assez piquante et sans complaisance sur la religion mais aussi sur la notion de "race" qui n'a de réalité qu'au contact des autres puisque ce n'est qu'à partir du moment où il a commencé à fréquenter l'école que Momo a appris qu'il était "arabe" et que c'était une insulte dans la bouche de certains. En fait la pièce est une succession de scènes douces amères et de discussions sur des sujets lourds mais qui tournent vite au cocasse. Madame Rosa va peu à peu perdre la tête suite à différentes attaques cardiaques, sûrement dues en partie à sa peur de tout ce qui l'entoure (il lui arrive souvent de crier durant la nuit en cauchemardant sur les allemands qui viennent la chercher). Ainsi il y a quelques scènes où elle fait en quelque sorte des rêves éveillés au sujet de ses jeunes années dont une scène où elle s'habille comme au temps où elle se "défendait" sous le regard horrifié de Momo.

Venons-en aux acteurs, j'ai trouvé qu'ils jouaient tous très bien même si le gars qui interprète Momo n'était pas spécialement crédible dans un rôle de garçon de 15 ans (en fait Madame Rosa a menti sur l'âge de Momo pour le "freiner" et le garder plus longtemps) puisqu'il en avait largement une bonne vingtaine. Il a aussi tendance a beaucoup exagérer les expressions de son personnage mais je n'ai pas lu le bouquin et c'est peut-être fidèle à la vision de l'auteur et de toute façon c'est ce côté exubérant qui fait le charme du personnage et dédramatise l'histoire. En tout cas, les autres acteurs jouaient vraiment de façon authentique, ça m'a fait penser un peu à la façon de jouer de la troupe du Théâtre du Soleil mais j'y connais rien et je n'ai que ça comme référence. Pour ce qui est des décors, ils étaient simples et techniques à la fois puisqu'il y avait un système de rideaux qui étaient transparents selon la lumière et sur lesquels pouvaient être projetées des images animées. Ainsi on passait sans gros changements de décor de l'appartement de Madame Rosa à la cave, "le trou juif", où cette dernière va prier. La pièce n'était pas exempt d'éléments sonores puisque qu'il y avait quelques musiques et, entre les scènes, on entendait un enregistrement de la voix de Momo qui narre l'histoire, une façon de couvrir au maximum l'ensemble du livre en 2h15.

J'y connais toujours rien mais voila une pièce très poignante sans être indigeste et de laquelle on sort le sourire aux lèvres malgré le début un peu lent et la fin assez tragique.


16 avril 2008

"La tectonique des sentiments"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à la géologie mais hier soir je suis allé au Théâtre Marigny à Paris voir "La tectonique des sentiments", une pièce écrite et mise en scène par Eric-Emmanuel Schmitt avec entre autre Clémentine Célarié et Tchéky Karyo dans les rôles principaux. L'histoire est celle de Diane (interprétée par Clémentine Célarié), une députée qui consacre sa carrière politique à soutenir la cause des femmes et qui entretient une liaison avec Richard (interprété par Tchéky Karyo), un riche héritier qui a semble-t-il lutté 2 ans avant de la conquérir et à qui elle a refusé maintes fois ses demandes en mariage. Diane vit avec sa mère, un petit bout de femme pétulant, à qui elle fait part de sa crainte quant à sa relation avec Richard car elle l'aime mais elle a l'impression que la passion de ce dernier à son égard s'est effilochée et elle prend pour preuve quelques exemples comme le fait qu'il ne la serre plus aussi fort dans ses bras qu'avant, qu'il n'est plus aussi angoissé quand ils doivent se séparer quelques jours pour affaires, etc... Bref, c'est bien une gonzesse quoi! Sa mère lui suggère alors d'entamer une discussion avec Richard mais en reprenant les exemples qu'elle a cité à son propre compte (genre lui dire qu'elle s'est rendue compte que c'est elle qui ne le serre plus aussi fort qu'avant, que c'est elle qui angoisse moins lors des séparations, etc...), histoire de voir la réaction de son amant. Et la réponse de ce dernier va plonger Diane dans la stupeur car, contre toute attente, Richard la félicite de sa franchise et admet qu'il a les mêmes impressions qu'elle au sujet de leur couple et qu'il est temps qu'ils se séparent tout en continuant à se voir comme amis intimes. Par la suite, au cours d'une visite dans le milieu de la prostitution en tant qu'élue dans le cadre de son rapport pour aider les femmes dans le besoin, Diane fait la rencontre de deux prostituées roumaines, dont une jeune femme très belle et cultivée. Elle va les sortir de l'enfer de la rue en régularisant leurs papiers et en leur trouvant une chambre de bonne... mais tout ceci a un prix et le prix de Diane est très particulier. En effet, elle apprend aux deux filles que son ancien amant Richard a parfois des douleurs fulgurantes au dos qu'il pense êtres bénignes alors qu'en fait il a un cancer généralisé incurable et qu'il n'a plus que quelques mois à vivre mais ni les médecins ni Diane ne l'ont mis au courant. Et Diane aimant encore Richard, elle veut que celui-ci connaisse le bonheur pour les derniers temps qu'il lui reste. Elle demande donc à la plus jeune des prostituées de séduire Richard et que l'autre, quand-même plus âgée, se fasse passer pour sa mère et qu'elle mette en quelque sorte des bâtons dans les roues de cette relation naissante pour ne pas que tout cela aille trop vite non plus. Cependant, Richard est-il vraiment sur le point de mourir? Ce plan tordu monté par Diane n'est-il pas finalement une machination dans le but de se venger et de le faire souffrir à terme autant qu'elle souffre, voire plus?

Bon, c'est vrai que raconté comme ça le sujet semble assez lourd mais heureusement, la pièce n'est vraiment pas exempt d'humour notamment grâce à l'excellent personnage de la mère de Diane qui est vraiment drôle et spirituel et on se surprend à rire plusieurs fois au milieu de quelques scènes beaucoup plus dramatiques. De même, la mise en scène est assez dynamique grâce à un système de décors vraiment terrible : les décors bougent devant nos yeux et sont bien variés et souvent réalistes, notamment celui qui représente une rue sordide avec des murs taggés et la porte d'entrée d'un bar douteux. En plus, le jeu des lumières et l'ambiance sonore étaient également réussis, j'ai vraiment apprécié! Je ne connaissais pas trop Clémentine Célarié en tant qu'actrice mais j'avoue qu'elle m'a plutôt convaincu dans son rôle, par contre Tchéky Karyo... qu'est-ce qu'il joue mal! J'avoue que je ne me rappelais plus qu'il jouait dans la pièce et comme je ne suis pas physionomiste, je n'ai pas reconnu que c'était lui sur scène. J'en suis d'autant plus tombé des nues quand j'ai appris finalement que c'était bien lui, un acteur à la filmographie aussi impressionnante et à la carrière internationale... Peut-être qu'il est plus fait pour le cinéma que pour le théâtre. Mais bon cela ne m'a pas empêché de vraiment bien aimer cette pièce dont je n'ai pas vu passer les presque 2h de jeu.

J'y connais toujours rien mais voila une pièce de plutôt bonne qualité qui a le mérite d'être techniquement très bien réalisée.


14 avril 2008

"Abysses" et Grande Galerie de l'Évolution

Musées et expos 3/4

J'y connais rien à l'océanographie mais j'avais bien envie de voir l'exposition "Abysses" qui se déroulait dans une partie de la Galerie de Minéralogie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris (en plus c'est juste en bas de chez moi au Jardin des Plantes). L'exposition débute par un historique rapide de l'exploration des fonds marins depuis la théorie "azoïque" de Edward Forbes qui, en 1848, disait qu'en dessous de 600m de profondeur la vie animale était impossible. Les explorateurs suivants ont prouvé bien le contraire! Par exemple, l'expédition Challenger, qui a dragué les fonds marins sur 5200m de 1872 à 1876 avec un système de câbles, a remonté à la surface pas moins de 4000 espèces animales alors inconnues! Puis, à partir de 1948, c'est l'ère des bathyscaphes qui sont en gros des montgolfières sous-marines marchant selon le principe de la poussée d'Archimède : ils flottent sur l'eau grâce aux ballasts qui sont remplies d'essence plus légère que l'eau, ils descendent au fond de la mer en remplissant ces ballasts d'eau et enfin ils remontent à la surface en lâchant du lest sous forme de grenaille de fer. En 1960, le bathyscaphe du nom de Trieste, avec à son bord Jacques Piccard, le fils de l'illustre physicien Auguste Piccard qui a inventé entre autre les bathyscaphes, atteint le record de profondeur de presque 11km sous l'eau. Profondeur qui n'a jamais été atteinte depuis. Même s'ils ont été utilisés jusqu'au début des années 80, les bathyscaphes, qui étaient d'énormes engins devant résister aux pressions gigantesques qui s'exercent au fond de la mer (l'équivalent d'une vache sur un ongle de pouce) , ont été peu à peu remplacés par des sous-marins plus petits, plus maniables et autonomes (comme par exemple celui avec lequel on a retrouvé l'épave du Titanic en 1985).

Mais cet historique un peu technique n'est en quelque sorte qu'une brève introduction de l'exposition qui est en fait concentrée essentiellement sur les créatures qui peuplent les abysses. Et on peut vraiment parler de créatures tellement certains animaux pourraient provenir tout droit d'une autre planète comme les poulpes dumbo, les calmars vampires et autres poissons à tête de dragon! On a le droit à des aquariums remplis de formol avec quelques uns des spécimens (morts évidemment) les plus observables à l'oeil nu et les plus résistants puisqu'il y a quantité d'autres bestioles, comme des méduses, qui sont très fragiles et qu'il faudrait en plus observer au microscope. Pour ce genre de bébêtes on se contentera donc de nombreuses photos ou d'un film qui était diffusé au fond de la salle. Et puis c'est bien plus sympa de voir tout ça vivant puisque, l'eau absorbant la lumière, plus on s'enfonce dans les océans et plus l'espace devient complètement obscure, les animaux fabriquent alors leur propre lumière (on appelle ça la bioluminescence) pour communiquer ce qui donne de beaux spectacles. Le "carburant" de cette faune sous-marine n'est donc pas la lumière du soleil mais des composés chimiques synthétisés par des bactéries, on parle de chimiosynthèse en opposition à la photosynthèse qu'on nous a tous appris durant les interminables cours de sciences naturelles à l'école (ma bête noire!). Il est intéressant de noter aussi que l'aliment dont raffole ce peuple des fonds marins est la carcasse de baleine! Enfin tout ça est très bien expliqué dans l'exposition grâce à de nombreux textes assez clairs. Par contre, j'avoue qu'il y en avait un peu beaucoup pour moi, surtout un lendemain de mariage par définition bien arrosé, et du coup je suis loin d'avoir tout lu. Bref, une très bonne exposition qui prouve que nous avons encore tellement à découvrir au sujet de notre propre planète et faut se dépêcher avant qu'on ne la détruise complètement, y en n'aura pas pour tout le monde!

D'ailleurs, pour continuer sur cette note d'optimisme, je suis allé ensuite faire un tour à la Grande Galerie de l'Évolution et ce qui m'a marqué le plus particulièrement c'est la salle des espèces menacées et des espèces disparues, de quoi sortir avec la pêche et un amour particulier de l'espèce humaine. C'est bien triste de se dire qu'on ne pourra plus voir certains animaux que dans leur version empaillée dans cette salle où le truc le plus vivant c'était l'horloge de Marie-Antoinette confisquée à la Révolution, c'est dire! Je ne sais pas trop ce qu'elle faisait là d'ailleurs. Bref, ceci dit, c'est quand-même un très beau musée agréable à visiter et la mise en scène des animaux qui peuplent les différents étages est sympathique, d'autant plus qu'il y a pas mal de bornes interactives pour approfondir ses connaissances. La Grande Galerie de l'Évolution est répartie sur 3 niveaux. on est accueilli au rez-de-chaussée par des squelettes de baleines qui donnent une bonne idée de la taille gigantesque de ces bestiaux! Le rez-de-chaussée présente donc le milieu marin avec différents poissons que je sais pas trop comment on peut techniquement les empailler ou alors c'était plutôt des moulages en plâtre mais j'y connais rien. C'était aussi une bonne continuité de l'exposition "Abysses" puisque ça abordait un peu ce thème. Il y avait également quelques autres animaux à cet étage tels que des pingouins, éléphants de mer, tortues, etc... Mais je suis deg, j'ai loupé Wheke, le calmar géant! Le premier étage présente essentiellement des animaux de la savane africaine tandis que le deuxième étage présente des animaux plus communs, qu'on peut trouver en France, mais aussi des animaux de régions tropicales. Quant au dernier étage, il ne contient pas beaucoup d'animaux à part des papillons et quelques autres bêtes dont des petits dinosaures. Heureusement, il n'y a pas que des animaux empaillés dans ce musée, il y a des expositions permanentes et il y a surtout beaucoup de choses à lire. Ainsi on peut en apprendre un peu plus sur les naturalistes qui ont élaboré les théories de l'évolution ou encore ceux qui ont mis en évidence le patrimoine génétique. Il y a aussi une partie plus écolo qui nous montre comment l'Homme a modifié son environnement de façon souvent irréversible. A titre d'exemple, on a quelques animaux victimes des marées noires qui sont exposées ou encore un compteur qui nous montre comment on va être bien surpeuplé, ce qui me conforte dans l'idée que de faire des gosses c'est le mal! Il y a bien d'autres choses à apprendre mais je n'étais pas trop en état et des fois ça me rappelait trop mes cours de sciences-nat et ça aussi c'est le mal!

J'y connais toujours rien mais le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris est vraiment un lieu très intéressant à visiter pour peu qu'on n'est pas été traumatisé dans son enfance par une vieille prof de sciences et vie de la terre en Seconde B 12 classe jaune!


11 avril 2008

"Le tour du monde en 80 jours"

Théâtre 4/4

J'y connais rien aux adaptations de roman mais je suis allé voir la pièce "Le tour du monde en 80 jours", une comédie de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino librement inspirée du livre de Jules Verne, qui se jouait au Café de la Gare à Paris. Un théâtre d'ailleurs plutôt convivial avec ses poutres apparentes, ses bancs en bois (mais avec du rembourrage dessus contrairement au Théâtre du Soleil) et sa configuration qui fait que l'on voyait très bien la scène où que l'on se place, le placement étant libre. Il y avait en tout cas du monde car il faut dire que la pièce bénéficie d'excellentes critiques et a également reçu plusieurs prix amplement mérités comme nous allons le voir.

Comme je le disais, la pièce est une adaptation très libre du bouquin de Jules Verne mais en garde tout de même la trame et les personnages principaux. Pour ceux qui ne connaissent pas, ou mal, "Le tour du monde en 80 jours", cela raconte l'histoire de Phileas Fogg, un riche gentleman anglais très flegmatique et très porté sur la logique et les mathématiques, qui tient un pari avec un de ses collègues du Reform Club, un club de gentlemen où il va tous les jours pour lire le journal et jouer au whist. Ce pari tient sur un article dans un journal qui affirme qu'il est possible, en cette année 1872, de faire le tour du monde en 80 jours selon un itinéraire précis en paquebot et en train principalement (oubliez le ballon dirigeable, ce n'est que dans le dessin animé qu'il y en a un ou dans le livre "Cinq semaines en ballon" du même auteur). Phileas Fogg pari donc 20 000 livres sterling qu'il réussira à faire le tour du monde en 80 jours et il part d'ailleurs sur le champ, emmenant avec lui son tout nouveau valet, le français Passepartout (oubliez aussi "Fort Boyard"). Mais le voyage sera semé d'embûches (moins que dans le livre tout de même) d'autant plus que notre fine équipe sera poursuivie tout le long du périple par l'inspecteur Fix, un policier anglais qui croit que Phileas Fogg est l'auteur d'un vol de justement 20 000 livres sterling qui s'est déroulé à la Banque d'Angleterre et que ce dernier tente de s'échapper. Malgré ces embûches et sa maniaquerie du temps et de la logique, Phileas Fogg rencontrera l'amour au cours de son escale en Inde en la personne de Aouda, une jeune veuve qu'il sauvera de la Sâti, une coutume qui veut qu'une veuve soit brûlée vive.

Ainsi, si l'histoire de Jules Verne dans son ensemble est bien respectée, en tout cas autant que faire se peut en 1h30, cette adaptation théâtrale prend le contre-pied du sérieux et de la précision de l'auteur en truffant l'histoire de gags. Honnêtement, il n'y a quasiment pas une seconde de répit : les blagues totalement anachroniques, empruntant autant à la politique française actuelle qu'à la culture populaire, sont excellentes et on se marre sans arrêt! Les acteurs, certains jouant 5-6 rôles différents, sont vraiment au top, se tapant quelques fous rires au passage, ce qui rajoute un plus par rapport à la bonne humeur dégagée par la pièce. En tout cas, j'en suis ressorti avec la banane! Et avec très peu de moyens, on a quand-même l'impression de voyager que ce soit à Londres, Bombay, Calcutta, Hong-Kong, etc... en train, en paquebot ou même à dos d'éléphant! Une vraie réussite et du vrai théâtre comique contemporain de qualité!

J'y connais rien mais voilà une façon très ludique de se plonger ou se replonger dans l'univers de Jules Verne et surtout de passer un excellent moment au théâtre.


09 avril 2008

"Mais n'te promène donc pas toute nue!"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Georges Feydeau mais je suis allé voir la pièce "Mais n'te promène donc pas toute nue!" à la Comédie des 3 Bornes à Paris, un théâtre encore plus petit que le Café d'Edgar où j'étais allé voir "Mes meilleurs ennuis" il y a une semaine puisqu'on pouvait faire rentrer au mieux 40 personnes et on était d'ailleurs une petite dizaine de spectateurs présents dans la salle hier soir. Mais j'ai trouvé la Comédie des 3 Bornes beaucoup mieux agencée que le Café d'Edgar car déjà, la scène est bien plus grande du fait qu'elle fait toute la largeur de la salle et ensuite, la rue est très calme donc on n'entendait pas de bruits venant de dehors.

L'histoire de "Mais n'te promène donc pas toute nue!" est celle du député Ventroux qui reproche à sa femme de se balader trop souvent en tenue indécente dans la maison que ce soit devant leur fils ou devant leur domestique. En plus, la fenêtre principale de la demeure donne directement sur leur voisin qui n'est tout autre que Georges Clémenceau! Aujourd'hui, la femme de Monsieur Ventroux ne trouve rien d'autre de mieux à faire que de traîner en chemise de nuit blanche quasiment transparente avec son chapeau sur la tête mais plus par insouciance que volontairement, elle ne comprend d'ailleurs pas du tout ce qu'il y a de mal dans sa tenue ni pourquoi son mari est si exaspéré. Exaspération qui va s'amplifier quand ce dernier va recevoir la visite impromptue de Hochepaix, le maire de Moussillon-les-Indrets, qui vient solliciter quelques faveurs pour ses administrés. Ce Monsieur Hochepaix avait mené une campagne acharnée contre Monsieur Ventroux au moment de son élection, le traitant de plein de noms d'oiseaux alors qu'ils étaient du même bord politique et préférant son concurrent, le marquis de Berneville. Mais comme c'est un gros industriel qui a des centaines d'ouvriers, qui sont autant d'électeurs potentiels pour plus tard, il faut le ménager. Or l'entretien va prendre une toute autre tournure quand Madame Ventroux, qui ne s'est toujours pas changée, va se pointer avec sa tenue légère. Et pire encore quand celle-ci va s'asseoir sur une guêpe et demander qu'on lui suce la plaie, de peur que l'infection ne devienne grave.

Bref, vous l'aurez compris, on est face à un bon vieux vaudeville assez grivois et j'ai d'ailleurs été étonné qu'une pièce écrite dans les années 1910 soit aussi irrévérencieuse, ça a du choquer plus d'une personne à l'époque! Mais en tout cas, je trouve que la pièce n'a pas trop vieillie et reste très amusante. En plus, malgré le propos, on est loin de la vulgarité des vaudevilles contemporains. Par contre, la pièce était jouée par des jeunes acteurs et donc qu'un comédien qui a la vingtaine joue le rôle d'un député ce n'est pas très crédible mais bon, je les ai quand-même trouvé tous très bons dans leurs rôles. Celui qui joue le double rôle du domestique et du journaliste du Figaro à la fin ainsi que celui qui joue Hochepaix ont une bonne tête de l'emploi. J'ai quand-même était interloqué par la durée de la pièce qui s'est finie en même pas 45 minutes, c'est la première fois que je sortais d'un théâtre à 20h alors que c'est plutôt l'heure à laquelle j'y rentre d'habitude!

J'y connais toujours rien mais voila une pièce bien sympathique qui pourrait être une mise en bouche pas trop violente pour ceux qui veulent passer un bon moment au théâtre sans s'y éterniser.


Les notes d'avril 2008 sont réparties sur 4 pages :
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