https://ga.spou.net
https://ga.spou.net
Les notes de la catégorie "Théâtre"

03 avril 2008

"Les Éphémères", recueil 1

Théâtre 3/4

J'y connais rien au roi mérovingien Dagobert Ier mais après avoir vu le recueil 2 du spectacle "Les Éphémères", me voila revenu au Théâtre du Soleil pour y voir cette fois-ci le recueil 1 de ce même spectacle. Pour rappel, "Les Éphémères" est une pièce qui se découpe en deux recueils, c'est-à-dire en deux parties et, il y a un peu plus de deux semaines, j'avais pris par erreur un billet pour le second recueil alors que je n'avais même pas vu le premier! Mais ça ne m'avait finalement pas empêché d'être sorti du théâtre totalement conquis par ce que j'avais vu et d'avoir envie de revenir au plus vite pour voir la partie que j'avais manqué. J'ai parlé un peu avec la fille qui m'a aidé a me placer (une des comédiennes, car je rappelle qu'au Théâtre du Soleil les comédiens s'occupent aussi de l'intendance) et elle m'a dit que généralement, le recueil 2 "guérissait" du premier recueil. J'imaginais donc que ce dernier contiendrait beaucoup plus de scènes dramatiques et émotionnellement difficiles par rapport au second recueil dont on sortait finalement avec la patate malgré tout de même quelques saynètes un peu dures. Sinon, cette fois-ci ce n'est pas Ariane Mnouchkine, la fondatrice du Théâtre du Soleil, qui est venue nous accueillir en nous prodiguant les règles d'usage (il y a encore eu distribution de couvertures pour les trois premiers rangs à cause des courants d'air) mais un gars qui nous a fait un petit laïus sur les Jeux Olympiques de Pékin en proposant de boycotter la cérémonie d'ouverture et de fournir, à ceux qui voulaient, des autocollants à distribuer aux coureurs du Marathon de Paris, qui se déroulera dimanche prochain, avec le slogan "Je cours mais sans piétiner les droits de l'Homme". Je ne suis pas spécialement convaincu par la portée et l'efficacité des boycotts et des slogans mais j'ai trouvé l'idée sympathique tout de même.

Bref, pour en venir au spectacle, je savais que je ne serais pas aussi conquis par rapport à la dernière fois où je suis venu car il est évident que je ne bénéficierais plus de l'effet de surprise que m'avait procuré la découverte de l'excellente mise en scène originale du spectacle avec la série de plateaux amovibles. Mais, même si ça s'est avéré être effectivement le cas, ça reste toujours un plaisir de voir arriver sur la scène les excellents décors. D'ailleurs, comme la dernière fois, le spectacle débute avec le montage devant nos yeux d'un des décors sur un plateau et fini avec le démontage de ce même décor. Au final j'ai quand-même largement préféré le recueil 2 par rapport à ce premier recueil pour plusieurs raisons. Déjà, dans le recueil 2 il y avait un fil conducteur avec une histoire qui se composait de plusieurs saynètes qui s'étendaient sur toute la durée du spectacle et au milieu desquelles s'intercalaient d'autres histoires plus courtes alors que dans le recueil 1, il n'y avait pas d'histoire principale et c'était plutôt des saynètes éparpillées (une femme qui revend la maison de sa mère suite au décès de celle-ci, un jeune drogué qui vient demander dans la nuit de l'argent à ses grands-parents, la rencontre entre une petite fille et une femme qui était encore un homme quatre années plus tôt, ...). Il y a aussi le fait qu'effectivement, les histoires étaient plutôt dramatiques dans l'ensemble, il y avait bien-sûr quelques scènes drôles et tendres mais peu par rapport au recueil 2. Pour finir, je pensais retrouver dans le recueil 1 tous les personnages attachants du second recueil et d'en apprendre un peu plus sur eux et au final, même si on retrouve quelques uns de ces personnages, les scènes correspondantes ne nous apprennent rien de bien nouveau, les saynètes du recueil 2 se suffisaient à elles-mêmes en fait. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, malgré mes remarques j'ai beaucoup aimé ce premier recueil! Les décors, bien que moins nombreux et moins fournis que le second recueil, sont toujours admirables et les acteurs jouent vraiment très bien, on est souvent complètement pris dans le jeu et on a vraiment l'impression d'assister à du cinéma du réel, on en oublie presque qu'on est au théâtre. Franchement, il n'y a que la dureté des gradins en bois qui m'ont rappelé que la pièce durait presque 3h15 car à part ça, j'ai rarement vu le temps passer.

Encore une fois, j'y connais toujours rien mais je recommande plus que chaudement ce spectacle si jamais la troupe du Théâtre du Soleil passe par chez vous. Si vous ne vous sentez pas d'attaque pour vous payer l'intégralité de la pièce (soit 7 heures avec les entractes), même en plusieurs fois, je vous conseille de vous jeter sur le recueil 2. En y réfléchissant, je ne sais pas si je serais sorti aussi enthousiaste du théâtre la première fois si j'avais commencé par le recueil 1 mais qui est tout de même bien bon quoi qu'il en soit! D'ailleurs, chose amusante, le théâtre était blindé pour ce premier recueil alors que pour le recueil 2, il était bien rempli mais loin d'être complet, c'est peut-être une coïncidence par rapport au jour de la semaine où j'étais venu ou alors signe que le recueil 1 ne donne peut-être pas forcément envie à tous les spectateurs de voir la suite. En tout cas moi je trouve que le spectacle vaut le coup d'être vu dans son intégralité!


02 avril 2008

"Mes meilleurs ennuis"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à l'Édit de Roussillon, toujours est-il que ce 1er avril je suis allé voir une comédie, "Mes meilleurs ennuis" de Guillaume Mélanie, au Café d'Edgar qui, comme son nom l'indique, était un véritable café-théâtre situé sur le boulevard Edgar Quinet à Paris. Dans la salle où se jouait la pièce (il y a 2 salles et en fait la petite s'appelle donc le Café d'Edgar et la grande le Théâtre d'Edgar), on pouvait caser une cinquantaine de personnes au mieux et, au final, on devait être... 10 spectateurs! La scène était également minuscule et le rideau ressemblait plus à un rideau de douche qu'autre chose. Sans compter le fait que pendant la pièce on entendait ce qui se passait dans la rue derrière, voila de quoi être un peu dépaysé par rapport aux autres théâtres que j'ai eu l'occasion de fréquenter! Quand je suis arrivé devant la salle, une bonne demi-heure en avance, j'ai vu que la porte était entrouverte donc je suis rentré timidement et je suis tombé sur les acteurs en train de s'échauffer en quelque sorte et on m'a dit de revenir plus tard, c'était assez cocasse!

Pour ce qui est de la pièce, l'histoire est celle de deux frères habitant le même appartement et qui se réveillent un matin après une nuit bien arrosée. Ils doivent se préparer pour aller au mariage de leur soeur, laquelle doit se marier avec un militaire, ce qui n'est pas trop du goût des frangins. Or leur départ va être quelque peu retardé suite à une série de galères : entre la copine de l'un qui vient annoncer qu'elle pense être enceinte, entre leur ami dépressif au téléphone, entre leur soeur qui ne veut plus se marier, entre un autre de leurs amis recherché pour trafic de drogue et pour meurtre qui vient se cacher chez eux, entre une commissaire de police incorruptible qui vient alors faire une perquisition à leur domicile, entre les huissiers qui doivent passer incessamment sous peu saisir les meubles pour amendes impayées à la RATP, etc, etc... la matinée des deux compères risque d'être bien longue!

Nous voila donc face à une grosse comédie aux personnages caricaturaux à souhait (à noter que certains acteurs jouent plusieurs personnages dans la pièce), aux situations rocambolesques à l'extrême avec cris et gesticulations frénétiques de rigueur et aux dialogues pas toujours très fins. Je dirais : il faut aimer le genre! Personnellement, je ne suis pas spécialement fan mais j'ai quand même passé un moment sympathique au final car ça me changeait un peu de mes autres sorties, ne serait-ce que pour l'aspect "club" de la salle. Il faut dire aussi qu'il y avait quelques scènes assez surréalistes dans la pièce et quelques bons délires du genre numéros de danse ou passages à la "Benny Hill" où les acteurs sont même sortis dehors, j'imagine pas la tête des passants qui ont vu une bande de malades sortir dans la rue en criant et se courant après! Mais bon sinon rien de bien inoubliable non plus, ça faisait tout de même assez théâtre amateur avec la configuration de la salle, le peu de moyens évident et les nombreux fous rire des acteurs qui improvisaient quelques fois, ce qui n'est pas une remarque forcément péjorative de ma part d'ailleurs!

J'y connais toujours rien mais si vous n'êtes pas allergiques aux grosses farces un peu bruyantes et que vous aimez les vraies salles de café-théâtre alors cette pièce est susceptible de vous plaire.


28 mars 2008

"J'aime beaucoup ce que vous faites"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux risques sanitaires réels liés à l'utilisation de la téléphonie mobile, toujours est-il que je suis allé à la Comédie Caumartin à Paris voir la pièce "J'aime beaucoup ce que vous faites" de Carole Greep. L'histoire est simple : Carole et Charles, un jeune couple qui s'est retiré à la campagne depuis quelques mois, attendent la visite pour le week-end d'un couple d'amis parisiens, Marie et Pierre. Charles écrit des thrillers erotico-gores a priori assez minables tandis que Carole travaille on ne sait pas trop dans quoi et est plutôt de style bohème avec un sens de la décoration et de la cuisine particuliers. Quant à Marie et Pierre, l'une est une bimbo écervelée adepte de chirurgie esthétique qui travaille en tant que secrétaire de direction tandis que l'autre, assez imbus de lui-même, travaille dans la pub. Charles attend un coup de fil d'une éditrice avec qui son ami Pierre, qui doit donc arriver sous peu, l'a mis en contact. Pour mettre un peu de distance au cas où la réponse serait négative, il préfère laisser son répondeur allumé et ne pas répondre si le téléphone sonne, ce qui finit d'ailleurs par arriver. Sauf que ce n'est pas l'éditrice au bout du répondeur mais Pierre et Marie qui galèrent visiblement sur la route. Carole et Charles comprennent vite que, suite à un faux mouvement et parce qu'il était mal verrouillé, le téléphone portable de Pierre a composé leur numéro par inadvertance comme ça arrive parfois. Et si la conversation entre Marie et Pierre, qui ne se sont rendus compte de rien, est amusante au départ, comme toute engueulade quand un couple est perdu sur la route, elle devient beaucoup moins drôle au fur et à mesure pour Carole et Charles puisque leurs hôtes se lâchent méchamment sur eux! Le malheureux couple connaît ainsi tout le mal que pensent ce qu'ils croyaient être leurs amis à leur sujet. Au lieu d'annuler le week-end, ils décident de faire comme si de rien n'était et de s'"amuser" avec ces langues de vipère histoire d'étudier jusqu'où peut aller leur hypocrisie.

L'idée était donc plutôt bonne : traiter de l'hypocrisie quotidienne (telles que les fameuses expressions "je rigole" à la fin d'une vacherie qui est plutôt synonyme de "je le pense vraiment" ou encore les "j'aime beaucoup ce que vous faites mais..." avant de balancer une critique assassine) et avoir une bonne occasion de se venger et de se défouler sur des soi-disant amis adeptes de cette hypocrisie. Sauf qu'on dirait que l'auteur de la pièce n'a pas trop osé égratigner ses personnages. Au lieu que Carole et Charles en mettent plein la gueule à leurs hôtes de façon cruelle mais néanmoins subtile, on a l'impression que ce sont eux qui se font dominer et encore plus massacrer au final! Il faut attendre la fin de la pièce pour que leur vengeance, basée à nouveau sur les téléphones portables, éclate vraiment. Cependant on passe quand même un moment sympathique car il y a quelques bonnes répliques efficaces et de bonnes pointes d'humour cynique mais qui proviennent encore une fois souvent plus du couple hypocrite que du couple qui devrait jouer de façon sadique avec eux.

Bref, j'y connais toujours rien et j'aime beaucoup ce que vous faites mais n'ayez pas peur d'être plus incisifs messieurs dames les auteurs de comédies!


26 mars 2008

"Mon père avait raison"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à la famille Brasseur mais hier soir, je suis allé voir "Mon père avait raison", une pièce de Sacha Guitry qui se jouait au Théâtre Edouard VII à Paris, avec donc Claude Brasseur et son fils Alexandre Brasseur dans les rôles principaux. Pour la deuxième fois de ma vie, je suis passé par le biais du site billetreduc pour avoir une place pas chère mais du coup c'était en "5ème catégorie". Je me demandais d'ailleurs ce que pouvait bien être une place en 5ème catégorie et si on n'allait pas m'installer dans les cuisines ou dans la cave du théâtre. Et en fait le caissier a transformé ma réservation en une place de 1ère catégorie! Ce qui fait que je me suis retrouvé avec les riches dans l'orchestre au 3ème rang pile poile en face de la scène! Je n'ai jamais été aussi bien placé!

La pièce se déroule dans un grand bureau où Charles, un homme de 30 ans, interprété par Alexandre Brasseur, s'affaire dans ses papiers. Son fils de 10 ans, Maurice, vient un peu lui traîner dans les pattes et on sent qu'il n'est pas très à l'aise et assez distant avec le gamin. En attendant le retour de sa femme, Charles reçoit la visite de son père, interprété par Claude Brasseur, un homme de 72 ans, mais néanmoins plein de vie, à l'humour assez cynique et misogyne. Au cours de la discussion entre les deux hommes, qui finissent fatalement par aborder le sujet des femmes, Charles fait part à son père de son inquiétude au sujet de sa propre femme en laquelle il n'a plus trop confiance. Crainte qui s'avèrera légitime puisqu'il recevra par la suite un coup de téléphone de celle-ci lui annonçant qu'elle part dès l'instant même pour un autre homme. Il décide alors de prendre en main l'éducation de son fils Maurice à qui il inculquera, un peu malgré lui, sa méfiance vis-à-vis des femmes. Nous faisons ensuite un bon dans le temps de 20 ans, nous retrouvons Charles, qui a donc maintenant 50 ans et qui est interprété cette fois-ci par Claude Brasseur, et Maurice, qui lui a 30 ans et qui est interprété par Alexandre Brasseur, vous suivez? Même bureau, mêmes meubles, seul le téléphone a un peu évolué. Charles fait part à son fils de son intention d'arrêter son métier, qu'il lui a d'ailleurs également inculqué, et de prendre du temps pour lui. Au cours de la discussion, Maurice lui dit qu'il a une nouvelle petite amie, Loulou, mais avec laquelle il n'a visiblement pas envie de s'engager, tout traumatisé qu'il est depuis l'enfance par le passé de son père. Soudain le téléphone sonne, c'est la femme de Charles qui, après 20 ans de silence radio, veut venir s'entretenir avec son ex-mari, enfin pas tout à fait "ex" puisque, pour protéger son fils, Charles n'a jamais fait prononcer le divorce...

Bref, pour résumer, nous avons là une pièce qui traite du rapport père-fils et surtout de la transmission à nos enfants de nos valeurs mais peut-être aussi de nos défauts et nos névroses en voulant trop les protéger du monde. La pièce est à voir pour les dialogues entre les pères et les fils souvent assez savoureux. Pour le reste, nous avons là une comédie sympathique mais sans plus et qui est disons plutôt l'occasion de voir Claude Brasseur sur scène, lequel porte la majeure partie de la pièce sur ses épaules. Je n'ai pas été spécialement convaincu par son fils Alexandre même si le fait d'avoir un vrai couple père-fils sur scène est un atout indéniable. Les autres personnages de la pièce sont très secondaires mais les acteurs étaient plutôt bons dans leur rôle. Je n'ai pas tellement grand chose à dire de plus, malgré les 2h30 de spectacle on passe un plutôt agréable moment sans toutefois avoir l'impression d'assister à la pièce du siècle.

J'y connais toujours rien mais les places de riche au tarif de pauvre c'est quand-même la mega classe!


21 mars 2008

"Les Éphémères", recueil 2

Théâtre 4/4

J'y connais rien au théâtre contemporain mais, sur les conseils d'une lectrice (ahahah comment ça fait trop classe de dire ça alors que j'ai 3 visites par mois), je suis allé voir ce que donnait la fameuse compagnie du Théâtre du Soleil à leur domicile, c'est-à-dire au Théâtre du Soleil lui-même puisqu'il faut savoir que cette troupe fait aussi des tournées dans toute la France mais encore mieux, dans le monde entier (Taïwan, Brésil, Argentine, Grèce, ...)! La pièce qu'ils jouent en ce moment se nomme "Les Éphémères", une création collective puisqu'il faut savoir aussi que, d'après ce que j'ai compris, la particularité de la troupe est de créer des spectacles dont la ou les histoires, la mise en scène et tout le reste sont réalisés en concertation par tous les comédiens qui travaillent au théâtre (j'ai lu qu'il pouvaient être au nombre de 70 chaque année!), le tout sous l'égide de la "patronne", Ariane Mnouchkine, qui a créé la compagnie dans les années 60 avec Philippe Léotard entre autre. Les pièces du Théâtre du Soleil peuvent durer jusqu'à 7 heures (entractes compris)! On peut voir les spectacles en intégral certains jours de la semaine mais il faut être très courageux et venir en début d'après-midi ou alors voir ces spectacles en deux jours différents, en deux "recueils" de 3h15 environ. Cocasserie de la chose, même si j'étais vaguement au courant de cette histoire de recueils au moment d'acheter mes billets il y a quelques semaines, ce n'est que le jour même, hier après-midi donc, que je me suis rendu compte que j'avais pris une entrée pour le jour où ils jouaient le recueil 2 alors que je n'ai évidemment pas vu le 1! En fait je n'ai pas tellement d'explication sur le pourquoi de la chose, comme je ne m'explique pas non plus comment ça se fait que je me retrouve avec trois décodeurs Canal+ chez moi non déballés parce que je n'ai pas osé dire "non" aux pauvres téléprospecteurs au téléphone qui me faisaient pitié (avoir pitié une fois, bon ok, mais la deuxième et surtout la troisième fois... pourquoi??? Je ne m'en rappelle même plus...). Mais la réponse est assez simple en fait : je suis quand-même un bon gros boulet!

Bref, je me suis décidé à aller voir la pièce tout de même après un long dialogue interne du genre "Pfff est-ce que je dois vraiment y aller..? C'est ptet le destin qui veut m'éviter un malheur, je sais même pas de quoi ça parle ce spectacle... en plus, ça a l'air d'être du théâtre expérimental, je vais mourir d'ennui, encore plus si fallait voir le premier recueil pour comprendre l'histoire... Quand-même, faut que t'y ailles, t'as payé ton billet, si on comptabilisait tout l'argent que t'as jeté par les fenêtres dans ta vie, tu pourrais déjà avoir une villa sur les collines d'Hollywood... À la limite je vais au ciné à la place... Nan mais oh! Tu tiens vraiment à ce que je te rappelles le coup de l'aller-retour en train non remboursable de 80€ que t'as pris pour Marseille pour te rendre compte trop tard que t'avais choisi pile poil la même date que le concert de Megadeth au Luxembourg pauvre tâche...? Ah ouais pas mal comme argument ça, bon bah j'y vais alors...". Ouahou, top intéressant le dialogue que je viens de pondre, je crois que j'ai perdu le peu de lecteur qu'il me restait. Je vais faire un autre paragraphe pour la peine.

Pour se rendre au théâtre du Soleil, il faut s'arrêter au Château de Vincennes puis prendre une navette gratuite qui emmène directement, en cinq minutes, aux portes de la Cartoucherie. La Cartoucherie est, comme son nom l'indique, une ancienne zone militaire située un peu au milieu de nulle part dans le bois de Vincennes (et pourtant c'est considéré comme faisant partie du 12ème arrondissement de Paris) où étaient fabriqués des balles et autres armements. Le lieu devait être rasé en 1970 au profit du Parc Floral de Paris mais Ariane Mnouchkine y a également installé, dans une partie du terrain, son Théâtre du Soleil et d'autres théâtres s'y sont implantés ensuite tels que le Théâtre de la Tempête, le Théâtre de l'Aquarium, le Théâtre de l'Épée de Bois, etc... Quand on rentre dans la Cartoucherie, on a l'impression de rentrer au cirque car ça sent fort les animaux, il y a des roulottes dehors, on y rencontre des gens pittoresques, ...Vu du dehors, les théâtres ne payent pas de mine étant donné que ce sont des bâtiments des années 70 qui ressemblent plus à de grandes salles des fêtes côte à côte qu'autre chose mais une fois rentré à l'intérieur, du moins au Théâtre du Soleil vu que je n'ai jamais mis les pieds dans les autres, la salle est vraiment sympathique et particulière! Déjà, il y a une petite porte d'entrée unique et il faut encore traverser un rideau pour être vraiment à l'intérieur. Il y a un restaurant sur la droite et on accède à la salle de théâtre elle-même par des escaliers sur la gauche. La salle est vraiment étonnante car c'est une sorte d'arène en ovale avec des gradins en bois où les spectateurs sont face à face. Au milieu il y a donc les planches et à chaque bout de l'ovale, des entrées, cachées par des rideaux, par lesquelles apparaîtront les comédiens et les décors qu'on devine amovibles. Avec une telle configuration, la scène est donc très longue, peu large et la proximité avec le public est assez forte, notamment ceux qui se placent au premier rang des gradins qui est légèrement enfoncé dans le sol. Rien que pour la particularité des lieus, je ne regrettais déjà pas d'être venu! Sinon, on peut se placer où on veut, il suffit de retirer un autocollant collé sur le dossier de sa place (ce sont des bancs en bois, il n'y a pas de siège à proprement parler) et donc les gens savent que quand il n'y a pas d'autocollant c'est que la place est réservée, ingénieux! Bon, ce n'est pas spécialement évident à décrire mais j'ai vraiment bien apprécié le lieu même si on a assez vite mal aux fesses (j'imagine pas pour un spectacle intégral de 7 heures!). Juste avant que la pièce commence, Ariane Mnouchkine elle-même vient nous souhaiter la bienvenue et nous dit donc les règles d'usage comme le fait d'éteindre son portable, etc... et elle prévient qu'il y a des courants d'air qui risquent d'arriver d'une des entrées qui était en attendant bloquée par une porte et que donc, pour les 3 premiers rangs, des couvertures allaient être distribuées! J'ai trouvé ce moment très drôle et hyper convivial et je commençais vraiment à me sentir à l'aise.

Mais bon, c'est bien gentil tout ça mais le spectacle, est-ce qu'il allait anéantir mon enthousiasme naissant et m'achever d'ennui? Et bien c'est simple : j'ai carrément adoré! Je suis sorti du théâtre totalement conquis, je ne m'y attendais absolument pas! Je ne sais pas si c'était l'effet de surprise mais j'ai été complètement scotché par la mise en scène, je n'avais jamais vu ça avant! Le spectacle était constitué de différentes saynètes avec pour chacune d'elle un décor propre qui était disposé sur un ou plusieurs plateaux, ronds le plus souvent mais parfois rectangulaires, le tout sur roulettes. Ces plateaux étaient poussés par une ou plusieurs personnes, selon l'importance des décors, qui les faisaient également tourner sur eux-mêmes. Ainsi on pouvait voir jouées les scènes sous des tas d'angles différents puisqu'évidemment, les comédiens vaguaient dans ces décors en mouvement! Et les décors parlons-en, ce n'était pas juste une table et une chaise, parfois le niveau de détail frisait la perfection comme cette scène dans une chambre d'enfants avec des lits superposés, des jouets éparpillés sur le sol, des cartables sous les lits, etc... Parfois, il y avait même un système électrique et donc les comédiens pouvaient allumer des lumières ou utiliser des petits appareils électriques divers. Sans oublier certaines scènes qui se passaient dans la nature comme ces saynètes qui se déroulaient au bord de la mer avec donc un plateau ensablé avec des algues dessus, des coquillages et des tas d'autres détails bougrement authentiques ça et là, du grand art! Je ne compte même pas le nombre de saynètes et donc de décors différents qu'il y avait, une vingtaine voire une trentaine! C'est d'ailleurs à peu près le nombre de comédiens qu'il y avait sur "scène" (pas tous en même temps évidemment), des comédiens de tout âge puisqu'il y avait même des enfants. La scène qui m'a le plus impressionné est celle où des pompiers tentent de réanimer une femme, suite à un accident de voiture. C'était super bien fait, on était complètement plongé dans l'ambiance grâce aux décors évidemment mais aussi en grande partie par le jeu des lumières et l'ambiance sonore. Car en plus, il y avait continuellement des musiques et des sons d'ambiance, il y avait même un gars, sur une sorte de balcon au dessus d'une des entrées, qui jouait un tas d'instruments et faisait même des sifflements d'oiseaux pour les scènes qui étaient censées se dérouler dans la nature. Ça pouvait prêter à rire parfois et les musiques n'étaient pas toujours très judicieuses à mon goût mais ça rajoutait un cachet indéniable au spectacle. Bref, il serait impossible de tout décrire, c'est vraiment quelque chose à voir plus qu'à raconter!

Pour parler tout de même un peu des histoires contées par le spectacle, on peut dire qu'Il y avait une histoire centrale qui était celle d'une femme qui cherchait à retrouver l'histoire de ses grands-parents déportés à Auschwitz dont elle ne possédait qu'une photo. Elle se rend aux Archives Nationales et à partir de là, elle obtient des indices qui lui permettront de reconstituer peu à peu les derniers moments de ses grands-parents avant leur déportation que nous verrons sous forme de flashs back. Au milieu des saynètes en rapport à cette histoire, s'intercalaient une multitude d'autres histoires différentes dans le temps et dans l'espace. J'étais tellement enthousiaste par l'aspect technique de la chose que j'ai été emballé par chacune de ces histoires alors que certaines devaient être compréhensibles uniquement si on avait vu le recueil 1. Pourtant, à aucun moment je ne me suis senti largué et les 3h15 de spectacle sont passées comme une lettre à la poste! Il faut dire qu'on se laisse porter facilement par les scènes car c'étaient souvent des scènes du quotidien, dramatiques ou drôles, et en plus les comédiens jouaient vraiment naturellement, je les ai trouvé tous excellents! Même certains enfants se débrouillaient plutôt très bien! Bref, je pourrais encore en parler longtemps mais je crois qu'il est temps de mettre fin à cette grosse tartine que j'ai pondu. À noter tout de même que pendant l'entracte, certains comédiens sont venus sur scène apporter des plateaux avec des verres, de l'eau et des petits gâteaux, vraiment sympa! Car il faut dire aussi que les comédiens participent à la vie du théâtre comme par exemple aider les spectateurs à se placer au début, apporter des couvertures, etc...

J'y connais toujours rien mais une chose est sûre, c'est que j'ai déjà commandé ma place pour le recueil 1 qui se jouera dans une dizaine de jours!


Les notes dans la catégorie "Théâtre" sont réparties sur 15 pages :
[1] - [2] - [3] - [4] - [5] - [6] - [7] - [8] - [9] - [10] - [11] - [12] - [13] - [14] - [15]