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Les notes de la catégorie "Théâtre"

15 octobre 2008

"Faisons un rêve"

Théâtre 2/4

J'y connais rien à l'Onirocriticon mais, hier soir, je suis allé au Théâre Edouard VII à Paris pour voir la pièce "Faisons un rêve" de Sacha Guitry avec Pierre Arditi, Martin Lamotte et son Altesse royale, princesse de Savoie, de Venise et de Piémont, Clotilde Courau (j'aurais dû bosser dans Gala moi). J'avais déjà vu une pièce de Sacha Guitry dans ce même théâtre avec "Mon père avait raison" et d'ailleurs, le comédien qui jouait le majordome dans cette pièce était présent également sur scène ce soir là dans le même type de rôle... et avec exactement le même costume. Par contre, autant j'avais été exceptionnellement bien placé dans ce théâtre la dernière fois que j'étais venu, dans l'orchestre au 3e rang en face de la scène, autant cette fois-ci j'étais placé au balcon quasiment au siège le plus éloigné des planches! En même temps, avec une place "catégorie 5", si le théâtre est plein, il ne faut pas s'attendre à des miracles même si je voyais bien la scène quand-même.

Bref, "Faisons un rêve" était un bon gros vaudeville comme on s'en fait la caricature à part qu'à la fin ce n'était pas l'amant qui était caché dans le placard mais la maîtresse qui était cachée dans la salle de bain de l'amant pour échapper au mari. L'histoire tenait donc sur un timbre poste : la femme d'un couple marié se laisse séduire par un ami du couple, élégant et au bagou irrésistible (donc forcément joué par Pierre Arditi), et ils décident de se rejoindre chez lui une nuit où le mari de la femme sera absent (pour la tromper également d'ailleurs). Voilà, c'est résumé! Cette pièce a été écrite en 1916 et le metteur en scène l'a laissé située à l'époque puisqu'on a le droit aux bons gros bourgeois avec leurs bonnes et majordomes, aux numéros de téléphone à 4 chiffres, à la Gare d'Orsay pour aller à Orléans, etc... Et autant pour un autre vieux vaudeville que j'ai vu comme "Mais n'te promène donc pas toute nue!" de Feydeau, alors même qu'il y a également des références aux temps anciens, la pièce restait tout à fait d'actualité et pouvait être facilement transposée à notre époque, autant ici ce "Faisons un rêve" a pris un sérieux coup de vieux et faisait très désuet.

Alors, n'y avait-il donc rien à sauver dans cette pièce? Ah bah si quand-même, il y avait des moments drôles et ceci essentiellement grâce à monsieur Pierre Arditi toujours dans son éternel rôle de séducteur élégant à l'humour vif et aux coups de sang soudain (que j'avais déjà apprécié dans la pièce "Batailles" en mars dernier). Son monologue quand il attend la nuit sa future maîtresse et la scène où il essaye de joindre cette dernière par téléphone en luttant avec l'opératrice étaient des moments absolument hilarants! Mais pour le reste, il faut avouer que tout cela faisait vraiment "théâtre à papa". De plus, toute l'attention était portée sur Pierre Arditi, Clotilde Courau ayant un rôle sans intérêt et Martin Lamotte n'étant pas très crédible avec son accent forcé du midi (et jouer un mari cocu ça ne doit pas être le rôle le plus passionnant du monde).

J'y connais toujours rien mais donc, à part pour les inconditionnels de Pierre Arditi, ce n'est pas une pièce que je conseille vraiment même si elle n'est pas exempt de bons moments.


10 octobre 2008

"Fantasio"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à Spirou mais, après "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" et "Lorenzaccio", je suis allé voir hier soir une autre pièce de théâtre d'Alfred de Musset nommée "Fantasio", laquelle se jouait à la Comédie Française à Paris. "Fantasio" est un bourgeois de Munich, poète dans l'âme et à l'humour cynique, qui s'ennuie terriblement (malgré qu'il soit entouré de ses amis de biture) et qui est en plus criblé de dettes, ses créanciers devant bientôt venir le déposséder de ses meubles. Mais une occasion en or se présente pour lui pour sortir de cet état léthargique et pour échapper à ses créanciers avec la mort de Saint-Jean, le bouffon du roi, dont il est bien décidé à prendre la place quitte à se déguiser comme ce dernier. Cet évènement tombe pile-poil au moment où l'on prépare le mariage de la princesse Elsbeth, la fille du roi de Bavière, avec le Prince de Mantoue, un homme ridicule et imbus de lui-même qui a l'idée de se travestir en échangeant ses habits avec ceux de son aide de camp Marinoni afin d'approcher discrètement la princesse. Cette dernière est dans un état de profonde tristesse à cause de ce mariage forcé mais aussi du fait que, malgré ses difformités, Saint-Jean était un homme qu'elle aimait...

Même si j'ai trouvé le début assez laborieux avec les discussions entre Fantasio et ses amis qui étaient un peu ennuyeuses, la pièce devient très drôle dès l'arrivée sur scène du personnage du Prince de Mantoue absolument hilarant! Rien que pour toutes les scènes où il apparaît, cette comédie d'Alfred de Musset vaut le coup d'être vue. Parce que pour ce qui est du personnage de Fantasio, je ne l'ai pas trouvé spécialement réjouissant ni vraiment sympathique, voire même secondaire et j'ai trouvé que c'était une fausse bonne idée que de le faire jouer par une femme car, même si cette dernière avait une voix et un physique relativement masculins, il était difficile de faire fi de cela et de croire au personnage. Mais bon, encore une fois le personnage du Prince de Mantoue rend la pièce tout à fait réjouissante et je n'ai absolument pas vu les 1h50 de spectacle passer! Un petit mot sur le décor qui était composé essentiellement d'un système de rideaux et d'une sorte de manège au milieu de la scène avec des meubles disposés sur le plateau tournant et un chandelier au dessus, cela donnait un côté assez féerique.

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce classique que je recommande malgré ces quelques défauts, à mon sens, que j'ai énoncé.


08 octobre 2008

"Les trompettes de la mort"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux champignons mais je suis allé au théâtre le Petit Hébertot hier soir pour voir la pièce "Les trompettes de la mort" de Tilly. La pièce se déroule dans un appartement, un petit studio parisien pour être précis, vide et plongé dans le noir au tout début. Puis la locataire des lieux rentre et, dans un silence complet et pendant 10 bonnes minutes, on la voit allumer les lampes de l'appartement, ranger méticuleusement ses affaires, passer à la salle de bain (où trône un joli poster de Julio Eglesias), etc... Son téléphone sonne, c'est sa mère. Par la conversation avec cette dernière, on apprend que la femme en question, prénommée Annick, est secrétaire dans la vie et va recevoir Alexane, une ancienne camarade d'école de sa ville natale en Bretagne qui est devenue comédienne, pour lui remettre une lettre et un paquet. Annick met rapidement le téléphone sur haut-parleur pour ranger en même temps le reste de ses affaires de façon ultra-ordonnée. Très vite, on se rend compte que Annick est une femme extrêmement froide et maniaque, ayant des propos cinglants que ce soit au sujet de sa propre soeur que de son ancienne camarade de classe qui ne va pas tarder à arriver. Sa solitude, ses manies, ses aigreurs, sa raideur, son expression de visage impassible sont tellement d'éléments pathétiques qu'ils en deviennent comiques et en même temps absolument tristes. Elle met fin à la conversation avec sa mère et on la voit de nouveau ranger ses affaires et se préparer pour recevoir Alexane qui ne tarde d'ailleurs pas à arriver. Les deux femmes sont radicalement différentes puisque l'une est froidement classique, retourne tous les week-ends du vendredi soir au lundi matin dans sa ville natale et bosse la semaine dans une entreprise d'entretien tandis que l'autre est sophistiquée, rejette ses origines de "plouc" et aspire à la reconnaissance avec ses pièces de théâtre expérimentales en tournant en même temps dans des pubs pour Findus. Mais la soirée, qui s'annonçait sans saveur, va prendre une autre tournure quand va arriver le petit ami d'Alexane, journaliste culturel de son état. Celui-ci est sans gène, désinvolte et quelque peu imbus de lui-même. Annick va s'absenter un moment pour dépanner le couple en allant leur acheter des cigarettes. Les deux protagonistes restant vont en profiter pour mettre littéralement à sac l'appartement d'Annick en fouillant dans toutes ses affaires, en sniffant leur rail de coke sur la cuvette des toilettes, en se faisant une petite gâterie, etc... En rentrant et en voyant le désordre que le couple n'a même pas pris la peine de camoufler, la réaction d'Annick est froide et silencieuse. Les deux salopards partis, Annick retrouve sa solitude et l'issue de tout cela sera quelque peu glauque...

Bref, si vous avez eu le courage de tout lire, il n'y a qu'une chose à dire sur cette pièce : elle était très... spéciale! Elle ne dure qu'une heure et il ne doit y avoir pas plus d'une demi-heure de dialogues! Le reste n'est que le quotidien d'une vie de solitude et d'ordre. Et niveau solitude, j'en connais un rayon! Et il faut avouer que j'ai trouvé la pesanteur de la solitude d'Annick très bien retranscrite voire troublante car finalement on peut se poser la question de savoir si sa propre solitude est plus enviable. Maintenant, je ne peux pas dire que j'ai aimé cette pièce ni que je l'ai détesté. Il y avait de l'humour très grinçant, le décor était très bien foutu mais en même temps pas vraiment d'histoire ni de réel dénouement. Un OTNI en quelques sorte, un objet théâtral non identifié, entre la comédie noire et le drame, avec des personnages tous aussi pitoyables les uns que les autres.

J'y connais toujours rien mais je ne conseille absolument pas cette pièce aux gens en dépression ni à ceux qui veulent passer un moment agréable au théâtre. Cependant, pour les plus courageux, cette pièce n'est vraiment pas inintéressante et ne laissera pas insensible quoiqu'il en soit.


03 octobre 2008

"Le diable rouge"

Théâtre 3/4

J'y connais rien à la démonologie mais, hier soir, je suis allé voir la pièce "Le diable rouge" de Antoine Rault avec entre autre Claude Rich et mis en scène par Christophe Lidon, le même metteur en scène que la très bonne pièce "L'antichambre" que j'avais vu en avril dernier. Tout cela se jouait au Théâtre Montparnasse à Paris. Ce qui était sympathique c'est que cette pièce était en quelque sorte une suite logique de "La Journée des Dupes (ou le triomphe de Richelieu)" que j'avais vu deux jours auparavant. En effet, "Le diable rouge" tourne autour du cardinal Mazarin (interprété par Claude Rich) qui succéda à Richelieu dès le lendemain de la mort de ce dernier en 1642 et qui devint donc ministre principal (disons Premier Ministre) du roi Louis XIII. On retrouve d'ailleurs un personnage commun entre "La Journée des Dupes" et ce "Diable rouge", à savoir la femme de Louis XIII : Anne d'Autriche (jouée par Geneviève Casile). Cette pièce conte en quelque sorte les dernières semaines de la vie de Mazarin qui, à la mort de Louis XIII en 1643 (seulement quelques mois après Richelieu) et quasiment jusqu'à sa propre mort en 1661, a dirigé la France, le fils d'Anne d'Autriche et Louis XIII, le bien nommé Louis XIV, étant encore trop jeune à cette époque pour effectuer cette lourde tâche. La situation financière et politique de la France n'est en tout cas pas flamboyante en ces derniers jours de Mazarin : les caisses de l'Etat sont vides (contrairement à la fortune du cardinal) et, ceci expliquant en partie cela, le pays est enlisé avec l'impopulaire guerre contre l'Espagne qui dure depuis bientôt 30 ans, au désarroi d'Anne d'Autriche qui est elle-même espagnole. La solution pour terminer la guerre serait que Louis XIV, qui est d'ailleurs presque mûr pour prendre enfin le pouvoir, se marie avec l'infante d'Espagne. Mais Louis est amoureux de Marie, la nièce de Mazarin...

Comme je le disais et comme son nom l'indique d'ailleurs, "Le diable rouge" se concentre essentiellement sur le cardinal Mazarin entouré toutefois d'une galerie de personnages historiques comme donc Anne d'Autriche (on nous signifie clairement que les deux ont été amants) mais aussi l'inflexible, froid, ambitieux mais néanmoins remarquable gestionnaire Colbert ou encore le jeune et bouillonnant Louis XIV en personne dont l'éducation est parfaite par Mazarin. Même si la pièce respecte très bien les faits historiques, elle n'en est pas moins très drôle avec une flopée de réflexions acides sur la politique qui sont bougrement d'actualité! Le personnage du cardinal, interprété par Claude Rich, est en tout cas excellent : intelligent, habile et proche de ses sous mais aussi assez désinvolte, avec un grand sens de l'humour cynique, c'est vraiment un personnage très plaisant même si ses manoeuvres politiques ne sont pas toujours humainement glorieuses. L'interprétation de Claude Rich est vraiment classieuse et les autres comédiens ne sont pas en reste comme ceux qui interprètent Colbert ou la reine mère. Le décor est assez "sobre" avec quelques peintures et un système de miroirs qui rappelle d'ailleurs un peu "L'antichambre".

J'y connais toujours rien mais voila donc une pièce que je recommande plus que chaudement : on en sort ravi et pas plus idiot, que demander de mieux?


02 octobre 2008

"La Journée des Dupes (ou le triomphe de Richelieu)"

Théâtre 3/4

J'y connais rien au Cardinal de Richelieu mais, d'après le Conseil Général de Vendée (on ne rigole pas là-bas derrière), l'année 2008 serait l'année Richelieu! Pourtant il est né en 1585 et il est mort en 1642, alors quel anniversaire on fête au juste? Et bien tout simplement sa nomination en 1608, il y a 400 ans, comme évêque de la ville de Luçon qui se trouve en Vendée... ouais bon, passons. À l'occasion de cet anniversaire de la plus haute importance, le Conseil Général de Vendée a fait une commande auprès de l'auteur Jacques Rampal pour qu'il écrive une pièce tournant autour du Cardinal. Je suis donc allé mardi soir au Théâtre 14 à Paris (là où j'avais vu la pièce "Jules César" fin mai) pour voir le résultat du nom de "La Journée des Dupes (ou le triomphe de Richelieu)".

"La Journée des Dupes" est un vrai fait historique : dans la journée du 10 novembre 1630, Richelieu est violemment destitué de ses fonctions politiques par la Reine Mère Marie de Médicis mais, dans la nuit du 10 au 11 novembre, Louis XIII, contre toute attente et envers et contre tous (et surtout contre sa mère), renouvelle sa confiance au Cardinal. C'est cette journée et cette nuit particulières que l'on va vivre au cours de la pièce. Il faut savoir que peu après avoir été intronisé Cardinal en 1622, Richelieu a fait partie du Conseil du Roi dès 1624. On dit qu'il est certainement un des premiers Premiers Ministres de France, même si ce terme n'existait pas à l'époque, car il gouvernait quasiment le pays à la place de Louis XIII et il était intransigeant et fin négociateur. Il avait même réussit en 1619 à réconcilier le roi avec sa mère alors que les rapports entre les deux étaient très tendus (Marie de Médicis avait même levé une armée contre son fils, c'est pas banal, moi ma mère au pire si elle a quelque chose contre moi elle me prive de dessert). Alors pourquoi ce désamour soudain de Marie de Médicis pour le Cardinal de Richelieu qui était quand-même à une époque son favori? Et bien en grande partie à cause du fait que Richelieu voulait à tout prix contrer l'hégémonie de la maison catholique de la dynastie des Habsbourg quitte à faire des alliances avec les "hérétiques", en l'occurrence des états protestants (alors qu'il avait réduit le pouvoir politique des Huguenots, les protestants français). C'en était trop pour Marie de Médicis qui, dans son palais du Luxembourg, répudie Richelieu dans un flot d'insultes (en même temps c'était pas très malin de la part de Richelieu d'arriver soudainement par une porte de service que Marie avait oublié de fermer) et devant un Louis XIII silencieux. Ce dernier est d'ailleurs très malade et son frère, Gaston de Médicis, voit dans tous ces évènements une occasion en or de devenir Calif à la place du Calif et de se taper la reine, Anne d'Autriche, qui n'est d'ailleurs pas contre l'idée. Mais, coup de théâtre (en même temps ça tombe bien, on est au théâtre), Louis XIII demande le soir même à Richelieu de venir le voir dans son pavillon de chasse de Versailles pour lui annoncer, après une longue discussion qui dure toute la nuit, qu'il lui renouvelle sa confiance.

J'ai trouvé cette pièce franchement sympathique et servie par de bons acteurs. Celui qui jouait Louis XIII était très bon dans son rôle de roi malade, désabusé, plus intéressé par la chasse que par la littérature mais néanmoins juste et soucieux du bien-être de son peuple. Celui qui interprétait Richelieu avait une bonne prestance et passait bien du côté impertinent au côté sage propre au personnage. La Marie de Médicis était elle bien en voix! Les acteurs secondaires n'étaient pas en reste comme celui qui interprétait le Père Joseph, un moine capucin qui était le confident le plus proche de Richelieu, et qui avait la bonne tête de l'emploi! En plus, cette pièce passe comme une lettre à la poste car d'abord, elle ne dure qu'1h30 (ça change des dernières pièces que j'ai vu qui duraient plus de 2h), ensuite, elle est bien rythmée et enfin, elle était non déniée d'humour. Les décors étaient par contre assez sommaires, avec quelques meubles installés ça et là mais j'ai quand-même eu de grosses sueurs froides à un moment car l'acteur qui jouait Louis XIII s'approchait dangereusement d'un chandelier, je ne sais pas trop comment aurait réagi tout ce beau monde si leur roi s'enflammait au sens propre du terme! Pour finir, il est à noter que la pièce était écrite "à l'ancienne" en alexandrins mais avec un langage relativement moderne.

J'y connais toujours rien mais voilà une pièce de théâtre que je recommande que ce soit aux férus d'Histoire ou simplement à ceux qui veulent voir une pièce dans le style théâtre classique mais accessible par tous.


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