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Les notes de la catégorie "Théâtre"

05 novembre 2008

"Noces de sable"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux roches sédimentaires mais hier soir je suis allé voir la pièce "Noces de sable" de Didier van Cauwelaert qui se jouait au Théâtre des Deux Rêves à Paris. L'histoire est celle de deux paumés : il y a Sylvie, écrivain, qui a perdu son inspiration depuis que son amant l'a quitté et qui prépare son suicide et il y a Bruno, un jardinier assez "simple", complètement obnubilé par sa femme qui le trompe avec son patron et qui du coup veut lui aussi en finir avec la vie. Mais finalement, ces deux personnes ne vont pas aller au bout de leur acte. Sylvie a encore l'espoir de retrouver l'inspiration qui ne peut se produire qu'avec un modèle vivant devant les yeux et elle passe alors une petite annonce dans le journal pour trouver un jardinier pour s'occuper du jardin de sa maison d'enfance située au bord de la mer pendant une période limitée. Bruno, qui cherche plus ou moins du travail et qui correspond tout à fait au profil de Sylvie (un gars paumé comme elle en gros), accepte l'emploi mais il se rend compte en arrivant sur place qu'il n'y a pas de jardin mais il accepte tout de même par défi de tenter de faire pousser quelque chose parmi le sable. Pas aussi bête qu'il n'y parait, il comprend vite qu'il est en quelque sorte le cobaye de Sylvie et que celle-ci fait exprès de déclencher certaines situations pour s'en inspirer dans son roman. Mais rapidement, les dominances vont s'inverser... Malgré un début un peu laborieux, j'ai vraiment bien apprécié cette comédie dramatique et sexy servie par deux bons jeunes acteurs. Il y a des moments tantôt drôles (avec un comique basé sur des instants assez pathétiques), tantôt émouvants et tantôt assez durs. On en ressort de là assez conquis même si j'ai trouvé la fin de l'histoire un peu bâclée et comme pour "Théatro", on ne savait pas si c'était vraiment fini et s'il était temps d'applaudir mais heureusement il n'y a pas eu de malaise et les comédiens sont rapidement venus saluer le public avec assez d'enthousiasme.

J'y connais toujours rien mais voila une pièce bien sympathique avec de beaux moments d'émotion et Emmanuelle Bodin, l'actrice qui joue Sylvie, est assez charmante. Par contre prévoyez les lampes de poche, le Théâtre des Deux Rêves est un tout petit théâtre où il faut se placer quasiment dans le noir complet et il y a quelques marches pernicieuses!


"Hors piste"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux sports d'hiver mais la semaine dernière je suis allé au Théâtre de la Renaissance à Paris pour voir la pièce "Hors piste" d'Eric Delcourt. "Hors piste" raconte l'histoire de Tom qui a fait fortune grâce à sa société qu'il a revendu à Microsoft et qui, pour fêter sa réussite, invite dans son chalet au coeur des Pyrénées trois de ses amis perdus de vue depuis 10 ans. Il y a tout d'abord Stan (joué par Eric Delcourt lui-même), le désabusé et dépareillé à l'humour cynique (et assez foireux); il y a ensuite Francis, le multi-marié qui s'improvise impresario de sa future (énième) épouse Blandine, un mélange entre Amy Winehouse et Forrest Gump, boulangère de profession, et qui s'essaye à la chanson avec son single composé par Francis qui fera d'elle, à n'en point douter, une superstar; et enfin il y a Cookie, la belle trentenaire qui a eu une liaison avec presque tout ce beau monde. Pour sceller ces retrouvailles et les rendre inoubliables, Tom propose à ses amis de monter au sommet d'une montagne en hélicoptère et d'y descendre en hors piste. Évidemment, l'idée n'enchante pas tout le monde, surtout pas Stan, mais Tom rassure tout ce monde en leur disant qu'ils seront accompagnés par un guide confirmé qui se trouve être un petit bonhomme bien porté sur la bouteille. Bref, entre hypocrisie ambiante et randonnée qui s'annonce dantesque, ces retrouvailles risquent effectivement d'être inoubliables...

...Inoubliables mais pas vraiment pour le public, du moins en ce qui me concerne et les gens qui étaient autour de moi et qui à l'entracte n'étaient pas des plus enthousiastes. En effet, la pièce peine à démarrer et d'ailleurs elle ne décolle jamais vraiment ce qui est d'autant plus dommageable qu'elle dure près de 2h30 avec l'entracte! Heureusement, il y a tout de même des moments assez drôles notamment avec le personnage de Blandine qui est too much mais plutôt amusant. Pour le reste, c'est une comédie assez convenue sur le thème de l'hypocrisie et des amitiés fragiles, un peu du même niveau que la pièce "J'aime beaucoup ce que vous faites" qui ne m'avait pas non plus emballée des masses malgré de bons moments tout de même.

J'y connais toujours rien mais peut-être aussi que c'est le fait d'être assez mal placé qui ne m'a pas aidé à rentrer complètement dans la pièce. En effet, j'étais au dernier balcon qui se trouve quand même au bout de 5 étages! Du coup quand les acteurs étaient au fond de la scène, on ne voyait pas leur tête et j'ai choppé un mal de dos monstre au bout de 2h. Bref, si vous allez au Théâtre de la Renaissance, n'hésitez pas à payer un peu plus cher la place pour éviter de vous retrouver en 5e catégorie. En même temps, pour Fabrice Luchini dans la même salle, je m'étais retrouvé pas trop mal placé en première catégorie pour quasiment le même prix, va comprendre!


24 octobre 2008

"Théâtro"

Théâtre 2/4

J'y connais rien aux élections présidentielles de 1981 mais, hier soir, je suis allé au Théâtre Essaïon à Paris pour voir la pièce "Théâtro" de et avec Stavros Bratsiotis. L'histoire se passe en 1980, le soir ou le lendemain de l'annonce de la candidature de Coluche aux prochaines élections présidentielles. Lors de la fête des fiançailles de sa fille, François de Mortange s'isole avec son futur gendre Michel pour une discussion entre hommes. Michel, un jeune homme à l'avenir politique visiblement prometteur, est très remonté contre cette candidature alors que Monsieur de Mortange, un vieux loup très cynique qui lui a bien connu le pouvoir, jubile. Cependant, la discussion ne s'attardera absolument pas sur cette candidature de Coluche et les deux hommes se lanceront dans une grande discussion de plus en plus vive sur des sujets philosophiques divers telle que la représentation théâtrale de la justice et de la politique de l'antiquité à nos jours. Et surtout, au fur et à mesure des débats, les masques tomberont et les faces les plus sombres de chacun se dévoileront.

Attention, pièce très noire en vue! Elle met un peu de temps à démarrer puis les discussions entre les deux personnages deviennent plus animées et l'atmosphère de plus en plus dérangeante. Les deux acteurs sont vraiment bons, les sujets abordés sont très actuels et certaines réflexions philosophiques très intéressantes, on peut dire à ce niveau que le texte est bien foutu. Mais j'ai trouvé ça un peu trop... pompeux par moment et les réactions des personnages trop exagérées, surtout celles de François de Mortange dont le cynisme est à son comble. Mais on a là une pièce de théâtre qui fait réfléchir et qui ne laisse pas indifférent. De toute façon, pour 3 euros l'entrée grâce à billetreduc je ne pouvais pas faire la fine bouche et je trouve cela plutôt enrichissant de passer d'un théâtre léger comme "Les deux canards" que j'ai vu deux jours auparavant et ce théâtre au complet opposé.

J'y connais toujours rien mais j'ai eu un peu mal pour les acteurs car on n'était que 7 ou 8 dans la salle et personne n'a osé applaudir quand les lumières se sont éteintes à la fin, y a juste un gars qui a commencé à applaudir timidement mais qui a coupé direct quand il s'est rendu compte qu'il était le seul, moi j'ai honte mais c'est parce que j'osais pas applaudir au mauvais moment et que je n'étais pas du tout sûr que la pièce était terminée. Bref, ça s'est fini dans ambiance vraiment très bizarre et froide, j'entendais même chuchoter les acteurs derrière la scène qui devaient se demander si ça valait le coup de venir saluer sur scène, ce qu'ils ont heureusement fait mais l'enthousiasme n'était pas là.


23 octobre 2008

"Les deux canards"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux oiseaux aquatiques mais, mardi soir, je suis allé voir la pièce "Les deux canards" de Tristan Bernard et Alfred Athis avec entre autre Isabelle Nanty et Yvan Le Bolloc'h dans les rôles principaux. La pièce se jouait au Théâtre Antoine à Paris où j'avais vu "Le dieu du carnage" il y a 6 mois. "Les deux canards" raconte l'histoire de Lucien Gélidon (interprété par Yvan Le Bolloc'h), un écrivain charmant et charmeur qui a quitté la capitale pour obtenir un peu plus de notoriété avec sa plume en écrivant des textes très vindicatifs dans La Torche, un journal de province d'extrême gauche dirigé, rédigé et édité dans l'imprimerie de Monsieur Béjun qui lui ne dirige en fait pas grand chose car c'est plutôt sa femme, l'impétueuse Léontine Béjun (jouée par Isabelle Nanty), qui commande tout, poussant même son mari à se présenter contre son gré à l'investiture de la mairie du village contre le Baron Saint-Amour (joué par Gérard Chaillou, plus connu pour avoir été le comparse de Le Belloc'h dans la série télévisée "Caméra café" dans le rôle de Jean-Guy, le patron), un notable plutôt porté très à droite. Gélidon a pris une part importante dans la vie du journal et des Béjun puisqu'il loge dans leur imprimerie, rédige les articles les plus virulents et... est devenu l'amant de Léontine (qui n'avait jamais connu l'adultère puisqu'elle n'avait trompé son mari "que 3 fois"). Mais un jour, le Baron Saint-Amour se pointe dans les locaux de La Torche avec la ferme intention de racheter le journal dans le but de stopper toutes ces attaques contre lui et d'en faire un journal de droite. Il ne met pas longtemps à convaincre Monsieur Béjun avec un gros chèque ni même Honoré Flache, le rédacteur en chef du journal, qui veut garder son poste et ne voit pas trop le problème de passer d'un bord politique à l'autre. Évidemment, quand Léontine Béjun apprend la nouvelle cela ne se passe pas très bien et elle décide de fonder un autre journal d'extrême gauche, "Le Phare" car après tout, le Baron n'a pas racheté l'imprimerie! Tout cela devait donc se passer relativement le mieux du monde si ce n'est l'arrivée dans l'imprimerie de la fille du Baron, Madeleine, dont le séducteur Gélidon tombe sous le charme. Avec l'aide de son ami Larnois, un homme qu'il a connu quand il était à Paris et qui travaille désormais pour le compte du Baron, et afin de pouvoir entretenir une liaison avec Madeleine, il décide d'écrire des articles au château du Baron pour le journal de droite "La Torche" sous le pseudonyme de Maurillac tout en continuant à rédiger des articles dans l'imprimerie des Béjun sous son vrai nom dans le journal de gauche "Le Phare". Le voilà donc jonglant entre ces "deux canards" en faisant bien évidemment en sorte que personne, à part son ami, ne sache que Gélidon et Maurillac sont le même journaliste. Sauf que cette double vie, avec ces deux maîtresses et la peur constante de croiser Flache qui risque de dévoiler la supercherie, n'est pas bien facile à gérer surtout lorsqu'est organisé à "leur" insu un duel entre Gélidon et Maurillac!

Bien qu'elle ait été écrite en 1913 et qu'elle se déroule à cette époque, le comique de cette pièce n'a pas pris une ride! Et ceci contrairement à "Faisons un rêve" (pour prendre un exemple pas du tout au hasard) de Sacha Guitry que j'avais vu au théâtre quelques jours avant et qui a pourtant été écrite 3 ans plus tard que ces "Deux canards". De même, on est là aussi dans le vaudeville mais écrit d'une façon tellement moins bas du front que le sempiternel le mari, la femme, l'amant avec juste cet état de fait en intrigue..! La pièce dure 2h30, entracte compris, et pourtant on ne voit absolument pas le temps passer, le rythme est très soutenu (dans le thème de la double vie, ça m'a rappelé "Chat et souris" en moins fatiguant quand-même), l'actrice qui joue Madeleine se prenant même à un moment donné les pieds dans sa robe et se retrouvant par terre mais se relevant aussi vite fait et enchaînant sa scène, imperturbable. Les acteurs sont d'ailleurs tous très bons dans leur rôle avec quelques vraies "gueules". J'aime beaucoup Isabelle Nanty et elle excelle vraiment dans ce rôle de femme dirigiste, passionnée, très imaginative et à l'adultère totalement assumé. Quant à Le Bolloc'h, son rôle lui va sur mesure (je pense en plus que ça ne lui déplaît pas de jouer le rôle d'un journaliste d'extrême gauche, lui qui ne se cache pas d'être communiste). Quant aux décors, ils étaient tout aussi excellents et également réversibles : ainsi, sous nos yeux, on passe en quelques secondes du décor de l'imprimerie (avec des affiches de journaux de l'époque) à un décor totalement différent qu'est le château du Baron avec des éléments de décor peints à la main qui donnaient un côté conte de fée à tout cela, encore plus pour la scène qui se déroule dans le parc du château, vraiment très réussi!

J'y connais toujours rien mais voilà donc une pièce que je recommande sans hésiter même à ceux qui sont réfractaires aux pitreries d'Yvan Le Belloc'h dans ses oeuvres télévisées.


19 octobre 2008

"Géronimo"

Théâtre 3/4

J'y connais rien aux Apaches mais je suis allé jeudi soir au Petit Théâtre de Paris pour voir la pièce "Géronimo" de David Decca avec Serge Hazanavicius (qui met également en scène la pièce) et Lionel Abelanski qui sont deux acteurs habitués du cinéma français, surtout Abelanski avec sa "gueule" facilement reconnaissable. L'histoire de "Géronimo" est celle de deux hommes, Antoine et Eric, qui se sont rencontrés dans le bureau d'une avocate car ils ont tous les deux un point commun : ils sont en procédure avec leur ex-femme (avec qui les relations sont très tendues) en ce qui concerne la garde de leurs enfants. La pièce commence dans l'appartement assez modeste et délabré d'Antoine, il est 5h du matin et les deux hommes ont apparemment scellés leur rencontre la veille en abusant un peu de la bouteille. Comme le soir même, c'est le soir de Noël et qu'ils se retrouvent tous les deux tous seuls chacun de leur côté, leurs enfants passant le réveillon chez leurs mères respectives, Eric propose à Antoine de passer Noël ensemble dans l'appartement de ce dernier. Eric ramène ses costumes de Père-Noël, ses guirlandes et son clavier Bontempi (un effet comique étant que sur la housse du clavier il y a des autocollants de groupes de heavy metal comme Megadeth ou Iron Maiden) tandis qu'Antoine s'occupe de la nourriture et des boissons (en quantités "légèrement" exagérées). Ils décident qu'ils appelleront leurs enfants à minuit pour leur souhaiter un joyeux Noël mais cela ne se passe pas tout à fait comme prévu : l'ex-femme d'Eric, au courant de l'idée de celui-ci, coupe le téléphone de la maison - mais son fils trouvera tout de même le moyen d'appeler son père en cachette en utilisant le portable du nouveau copain de sa mère - tandis que pour le fils d'Antoine, il annonce à nos compères qu'il est tout seul, sa mère et son petit-ami étant partis sans lui chez des amis. Les deux hommes décident alors de tenir compagnie à l'enfant toute la nuit, du moins au téléphone, et ils préparent à Géronimo - c'est le nom qu'a donné Antoine à son fils en douce à la maternité en protestation vis-à-vis de la mère qui voulait l'appeler Francis - une soirée de Noël à distance qui sera inoubliable!

Même si elle met un peu de temps à démarrer, j'ai trouvé cette pièce fort sympathique malgré les nombreuses critiques négatives que j'ai lu ça et là. Il faut dire que le sujet est assez "brûlant" et casse-gueule et que la pièce est largement complaisante envers les hommes qui sont ici les victimes d'un système judiciaire favorable aux mères alors que celles-ci sont irresponsables voire sans coeur. Mais les personnages sont vraiment touchants, surtout Antoine, car ils aiment sincèrement leurs gamins, souffrent d'être séparés d'eux et sont enlisés dans la tourmente des procédures judiciaires. Mais c'est aussi une histoire d'amitié, même si naissante, entre deux hommes qui sont restés eux-même des gamins et qui, pour faire plaisir à Géronimo, vont transformer cette nuit de Noël qui s'annonçait morose en une nuit bien loufoque. La scène où Eric joue au clavier "La mort du cygne" tout en racontant à distance à Géronimo comment son père danse sur la musique (en collant!) et très drôle voire poétique.

J'y connais toujours rien mais voilà une comédie douce-amer sans prétention (mais avec tout de même un parti pris qui pourra en agacer certain(e)s) sur un sujet grave et qui fait pourtant passer tout de même un bon moment.


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